Pragmatisme
Si dans de nombreux pays européens, à l’instar de la France ou encore de l’Allemagne, des alliances avec les partis nationalistes et anti-immigration sont encore taboues et peuvent même ruiner des carrières, l’ex-président des Républicains français ayant ainsi dû quitter son poste après avoir fait alliance avec le Rassemblement National lors des dernières élections législatives, […]
Si dans de nombreux pays européens, à l’instar de la France ou encore de l’Allemagne, des alliances avec les partis nationalistes et anti-immigration sont encore taboues et peuvent même ruiner des carrières, l’ex-président des Républicains français ayant ainsi dû quitter son poste après avoir fait alliance avec le Rassemblement National lors des dernières élections législatives, en Autriche, cela fait quelques années déjà que le pragmatisme a pris le pas sur les anciennes aversions. Sebastian Kurz, président du Parti populaire autrichien (ÖVP), parti conservateur, a été chancelier à deux reprises avec à chaque fois des coalitions gouvernementales réunissant de multiples partis, allant de la droite nationaliste à l’extrême-gauche. Aujourd’hui, les conservateurs autrichiens ont déclaré être prêts à entamer des négociations avec la droite nationaliste afin de former un nouveau gouvernement, une volte-face politique après l’échec des discussions de coalition avec les libéraux et les sociaux-démocrates. Le pays alpin, membre de l’UE, a plongé dans l’incertitude politique samedi lorsque le chancelier conservateur Karl Nehammer a mis fin aux pourparlers visant à former un gouvernement centriste excluant la droite anti-immigration, qui était arrivée en tête aux élections législatives fin septembre. Dans la foulée, Nehammer a annoncé qu’il démissionnerait «dans les prochains jours» de son poste de chancelier et de la présidence du Parti populaire autrichien (ÖVP, conservateurs), promettant «une transition ordonnée». Il occupait les deux fonctions depuis fin 2021. Lors d’une réunion des leaders de l’ÖVP dimanche, le secrétaire général du mouvement, Christian Stocker, a été désigné chef du parti par intérim. Stocker a déclaré avoir été autorisé par son parti à entamer des négociations de coalition avec l’extrême droite. «Ce pays a besoin d’un gouvernement stable aujourd’hui, et nous ne pouvons continuer de perdre un temps que nous n’avons pas dans des campagnes électorales ou des élections», a-t-il ajouté. Peu avant, le président autrichien Alexander Van der Bellen avait indiqué qu’il allait rencontrer le chef du parti anti-immigration, le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), Herbert Kickl, pour «discuter de la nouvelle situation». «Les voix au sein de l’ÖVP qui excluaient de travailler avec (…) Kickl se sont fait beaucoup plus discrètes», a dit le président à la presse. «Cela signifie qu’une nouvelle voie qui n’existait pas auparavant s’est ouverte». Lors d’une conférence de presse, Stocker s’est réjoui de la décision du président de discuter avec le leader d’extrême droite, dont le parti avait rassemblé presque 29 % des voix aux législatives mais qui jusque-là n’avait pas trouvé de partenaires pour former un gouvernement. Les observateurs se demandaient dimanche si Van der Bellen allait demander à la droite nationaliste de tenter de former un gouvernement. Le président autrichien avait initialement demandé aux conservateurs de former un gouvernement stable qui respecte les «fondations de notre démocratie libérale». Par le passé, il a émis plusieurs fois des réserves à l’égard de Kickl, dont le parti est donné à 35 % dans les derniers sondages. Ainsi, pour échapper à de nouvelles élections législatives anticipées, très probables en cas d’incapacité à former un nouveau gouvernement solide, le chancelier change son fusil d’épaule et choisit de travailler avec ceux qu’il conspuait il y a encore quelques jours. Préférant ainsi la stabilité que n’ont pas réussi à obtenir ses voisins Allemands et Français.
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