Renfort
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le rapprochement stratégique entre Pyongyang et Moscou inquiète énormément, que ce soit leurs voisins, à Kiev ou à Séoul, mais aussi Washington qui voit d’un très mauvais œil la relation renforcée entre deux de ses puissants «ennemis». Le développement de la coopération militaire est par ailleurs ce […]
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le rapprochement stratégique entre Pyongyang et Moscou inquiète énormément, que ce soit leurs voisins, à Kiev ou à Séoul, mais aussi Washington qui voit d’un très mauvais œil la relation renforcée entre deux de ses puissants «ennemis». Le développement de la coopération militaire est par ailleurs ce qui préoccupe le plus les Américains. La Corée du Nord a envoyé environ 10 000 soldats pour s’entraîner en Russie, a ainsi affirmé le Pentagone lundi, révisant une précédente estimation de 3 000 militaires. «Nous pensons que la République démocratique populaire de Corée a envoyé environ 10 000 soldats pour s’entraîner dans l’est de la Russie, ce qui aura probablement pour conséquence un renforcement des forces russes près de l’Ukraine dans les prochaines semaines», a déclaré la porte-parole adjointe du Pentagone, Sabrina Singh, utilisant le nom officiel de la Corée du Nord. «Une partie de ces troupes s’est déjà rapprochée de l’Ukraine», a-t-elle ajouté. Le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, a réagi aux estimations du Pentagone, dénonçant hier une «coopération militaire illégale entre la Russie et la Corée du Nord» qui représente «une menace importante pour la sécurité mondiale». De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit s’attendre, sur la foi de ses services de renseignement, à ce que les troupes nord-coréennes déployées en Russie soient «bientôt 12 000», craignant de les voir ensuite sur le champ de bataille en Ukraine. Le président américain Joe Biden a, lui, qualifié ce déploiement de «très dangereux». Moscou et Pyongyang ont renforcé leur coopération militaire depuis le début de l’invasion russe en Ukraine en février 2022, mais l’implication de troupes nord-coréennes dans les combats marquerait une étape de taille. Ce sont les renseignements sud-coréens qui ont alerté, à la mi-octobre, sur un envoi présumé de soldats nord-coréens pour aider la Russie dans sa guerre contre Kiev. Selon cette même source, des généraux de Corée du Nord pourraient également se rendre sur le front ukrainien. Quelques heures avant les déclarations du Pentagone, le nouveau secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a lui aussi lancé une mise en garde depuis le siège de l’Alliance à Bruxelles. «Je peux confirmer que des troupes nord-coréennes ont été envoyées en Russie et que des unités militaires nord-coréennes ont été déployées dans la région de Koursk», a-t-il dit, évoquant une «escalade significative». Ce recours à des militaires nord-coréens «est également un signe du désarroi croissant de Vladimir Poutine», a souligné Mark Rutte. «Plus de 600 000 soldats russes ont été tués ou blessés dans la guerre» déclenchée par le président russe, «incapable de poursuivre son assaut contre l’Ukraine sans soutien étranger». À l’issue d’un échange téléphonique avec Yoon Suk-yeol, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a elle aussi insisté sur le tournant que représente l’envoi, «pour la première fois», de soldats nord-coréens «en soutien de la guerre d’agression de la Russie». La Corée du Nord a assuré de son côté que tout déploiement de soldats en Russie serait «conforme» au droit international, sans confirmer ou infirmer leur présence. Ainsi, si une coopération Moscou et Pékin semble préoccuper Washington au début de la guerre en 2022, c’est aujourd’hui le front entre Pyongyang et le Kremlin qui inquiète l’état-major américain. Peut-être que ces derniers craignent-ils de voir le conflit durer encore plusieurs années avec l’obligation, en cas de victoire de Kamala Harris en novembre prochain à l’élection présidentielle, de devoir continuer à envoyer des centaines de milliards de dollars d’aides pour soutenir l’Ukraine. Après les Tchétchènes, Vladimir Poutine aurait ainsi trouvé une nouvelle source de renfort humain, démontrant surtout qu’il semble bien décidé à mettre fin à la guerre lorsque ses exigences seront acceptées par ses adversaires.
Quelle est votre réaction ?