Assemblées BAD : les tarifs douaniers américains affecteront une trentaine de pays africains
ABIDJAN (Côte d'Ivoire) - La décision américaine d'augmenter leurs droits de douane, combinée à une réduction de leur aide au développement, aura des répercussions "importantes" sur les exportations d'environ 30 pays africains, a alerté mercredi à Abidjan une responsable de la Banque africaine de développement (BAD). Prenant la parole lors d'une réunion du Groupe de travail africain de haut niveau sur l'architecture financière mondiale, en marge des Assemblées annuelles de la BAD, Hanan Morsy, directrice du département des politiques macroéconomiques, prévisions et recherche, a mis en garde contre les effets des nouvelles mesures commerciales américaines. Les Etats-Unis d'Amérique ont décidé une hausse de 10% des droits de douane existants, initialement prévue pour le 1er avril 2025, et applicable à 60 pays, dont 30 africains. Bien que repoussée de 90 jours, cette mesure aura des "effets directs sur les volumes d'échanges", a souligné Mme Morsy. Elle a indiqué que le niveau de protectionnisme américain à l'égard de l'Afrique reste nettement supérieur aux barrières imposées par les pays africains aux produits américains. "Si les droits réciproques sont maintenus, la moyenne pondérée atteindra 15,8%, soit 2,5 fois plus qu'auparavant", a-t-elle précisé. Mme Morsy a rappelé que les Etats-Unis avaient historiquement accordé un accès en franchise de droits à plusieurs pays africains pour favoriser leurs exportations. "Aujourd'hui, cette ouverture est remise en question, notamment pour les producteurs de matières premières et agricoles. Des pays comme l'Afrique du Sud ou le Kenya verront leurs exportations à forte valeur ajoutée particulièrement affectées", a-t-elle averti. Les produits énergétiques et les hydrocarbures africains sont, pour l'heure, épargnés par ces hausses tarifaires. Mais globalement, la BAD prévoit un recul de 21% des exportations concernées, avec un impact direct sur la croissance économique de plusieurs pays africains. - Accès aux financements : un autre défi des pays africains- Les discussions ont également porté sur les difficultés persistantes d'accès au financement pour les économies africaines. Admassu Tadesse, président-directeur général de la Trade and Development Bank (TDB), a dénoncé des conditions de prêt jugées "très contraignantes", avec des taux d'intérêt plus élevés que ceux appliqués aux institutions européennes. Selon lui, de nouvelles régulations financières ont encore durci l'accès aux capitaux. Il a aussi relevé le retrait progressif des grandes banques internationales du continent, conséquence des évolutions des politiques mondiales et de certaines réglementations perçues comme discriminatoires. "L'Afrique se retrouve de plus en plus isolée du système financier mondial, alors même que son poids démographique en fait un acteur clé de l'avenir économique", a-t-il affirmé. Tadesse a appelé à une intégration accrue de l'Afrique au sein du G20 afin de contribuer à une réforme équitable de l'architecture financière mondiale. Les Assemblées annuelles de la BAD, qui se poursuivent jusqu'au 30 mai, rassemblent chefs d'Etat, ministres des Finances, gouverneurs de banques centrales, investisseurs et experts internationaux.

ABIDJAN (Côte d'Ivoire) - La décision américaine d'augmenter leurs droits de douane, combinée à une réduction de leur aide au développement, aura des répercussions "importantes" sur les exportations d'environ 30 pays africains, a alerté mercredi à Abidjan une responsable de la Banque africaine de développement (BAD).
Prenant la parole lors d'une réunion du Groupe de travail africain de haut niveau sur l'architecture financière mondiale, en marge des Assemblées annuelles de la BAD, Hanan Morsy, directrice du département des politiques macroéconomiques, prévisions et recherche, a mis en garde contre les effets des nouvelles mesures commerciales américaines.
Les Etats-Unis d'Amérique ont décidé une hausse de 10% des droits de douane existants, initialement prévue pour le 1er avril 2025, et applicable à 60 pays, dont 30 africains. Bien que repoussée de 90 jours, cette mesure aura des "effets directs sur les volumes d'échanges", a souligné Mme Morsy.
Elle a indiqué que le niveau de protectionnisme américain à l'égard de l'Afrique reste nettement supérieur aux barrières imposées par les pays africains aux produits américains.
"Si les droits réciproques sont maintenus, la moyenne pondérée atteindra 15,8%, soit 2,5 fois plus qu'auparavant", a-t-elle précisé.
Mme Morsy a rappelé que les Etats-Unis avaient historiquement accordé un accès en franchise de droits à plusieurs pays africains pour favoriser leurs exportations.
"Aujourd'hui, cette ouverture est remise en question, notamment pour les producteurs de matières premières et agricoles. Des pays comme l'Afrique du Sud ou le Kenya verront leurs exportations à forte valeur ajoutée particulièrement affectées", a-t-elle averti.
Les produits énergétiques et les hydrocarbures africains sont, pour l'heure, épargnés par ces hausses tarifaires. Mais globalement, la BAD prévoit un recul de 21% des exportations concernées, avec un impact direct sur la croissance économique de plusieurs pays africains.
- Accès aux financements : un autre défi des pays africains-
Les discussions ont également porté sur les difficultés persistantes d'accès au financement pour les économies africaines.
Admassu Tadesse, président-directeur général de la Trade and Development Bank (TDB), a dénoncé des conditions de prêt jugées "très contraignantes", avec des taux d'intérêt plus élevés que ceux appliqués aux institutions européennes. Selon lui, de nouvelles régulations financières ont encore durci l'accès aux capitaux.
Il a aussi relevé le retrait progressif des grandes banques internationales du continent, conséquence des évolutions des politiques mondiales et de certaines réglementations perçues comme discriminatoires.
"L'Afrique se retrouve de plus en plus isolée du système financier mondial, alors même que son poids démographique en fait un acteur clé de l'avenir économique", a-t-il affirmé.
Tadesse a appelé à une intégration accrue de l'Afrique au sein du G20 afin de contribuer à une réforme équitable de l'architecture financière mondiale.
Les Assemblées annuelles de la BAD, qui se poursuivent jusqu'au 30 mai, rassemblent chefs d'Etat, ministres des Finances, gouverneurs de banques centrales, investisseurs et experts internationaux.