Au Liban Israël ne peut ni avancer ni reculer
Dans la journée d’avant-hier lundi, l’armée israélienne a reconnu avoir perdu 4 soldats au nord de Ghaza, dont un officier, auxquels il faut ajouter 26 blessés, 11 à Ghaza et 16 au Sud-Liban, où l’armée israélienne est toujours tenue en respect par le Hezbollah. Et s’il arrive qu’elle avance un peu, de quelques centaines de […]
Dans la journée d’avant-hier lundi, l’armée israélienne a reconnu avoir perdu 4 soldats au nord de Ghaza, dont un officier, auxquels il faut ajouter 26 blessés, 11 à Ghaza et 16 au Sud-Liban, où l’armée israélienne est toujours tenue en respect par le Hezbollah. Et s’il arrive qu’elle avance un peu, de quelques centaines de mètres tout au plus, ce n’est pas pour y camper, en faire un nouveau point de départ, mais pour se voir aussitôt repousser à l’arrière par des Libanais toujours maîtres des lieux. Au Liban le moins que l’on puisse dire est qu’Israël n’a pas innové au plan tactique par rapport à la guerre qu’il fait à Ghaza depuis maintenant plus d’une année. Il commence par faire bombarder par son aviation des quartiers à forte densité de population, soit à Beyrouth soit ailleurs, dans l’intention évidente de massacrer un maximum de civils libanais. Ensuite, il exige la reddition du Hezbollah, par la bouche d’un de ses ministres, ou bien, ce qui au fond revient au même, par l’intermédiaire de l’envoyé américain, Amos Hochstein, qui à point nommé atterrit à Beyrouth, prétendument porteur d’une nouvelle offre de paix, mais qui en fait est venu en reconnaissance.
La vérité, c’est que depuis le début de cette guerre sur deux fronts, les combattants de la libération perdent surtout des compatriotes civils, et les Israéliens des soldats. Si bien qu’ils en ont de moins en moins, eux qui théoriquement en ont à suffisance. N’ayant obtenu du Hezbollah que la promesse de rester ferme sur ses positions, Israël parle maintenant d’intensifier sa campagne au Liban, à croire que c’est parce qu’il l’avait voulu qu’il n’était pas entré plus avant à l’intérieur du territoire libanais. L’opération terrestre israélienne au Sud-Liban a débuté le 1er octobre. Elle dure donc depuis près d’un mois demi. Dans le passé, Israël, et quel que soit son ennemi du moment, a déjà réalisé ses objectifs dans ce laps de temps, et commencé à rappeler ses troupes si elles ont passé la frontière. Le temps dont il avait besoin autrefois pour mener à son terme un conflit ne lui suffit pas aujourd’hui à terminer la première phase d’une opération. Jamais on n’aurait pensé avant le 7-Octobre qu’Israël puisse rester enlisé dans une guerre aussi longtemps, qui plus est sans perspective qu’à tout le moins elle finisse bientôt. Comme à sa frontière nord il a affaire à plus forte partie qu’à sa frontière sud, à la fois en termes d’effectifs, d’armement, et de terrain, ce dernier étant peut-être le point le plus fort du Hezbollah, autant dire l’équivalent au sol de l’aviation israélienne, et sans préjuger aucunement du professionnalisme allié à la bravoure de la résistance palestinienne, qui déjà lui a infligé une défaite retentissante, on peut dire qu’en mettant un pied sur le sol libanais, il l’a en réalité mis dans un engrenage infernal dont il aura le plus grand mal à le retirer. Il lui faut pénétrer plus avant sur le sol libanais, obtenir en particulier que le Hezbollah se replie derrière le Litani, s’il ne veut pas que soit inscrite à son passif une nouvelle défaite, non moins humiliante pour lui que la première. Israël a lancé son opération terrestre au Liban soi-disant pour permettre à ses colons de revenir en toute sécurité chez eux. Dès le début, il a été dit ici qu’en fait c’était pour empêcher une incursion du Hezbollah à l’imitation de celle effectuée l’année dernière par la résistance palestinienne. Rien de ce qui s’est passé jusqu’à présent ne réfute ce point de vue, encore qu’à cet égard la question soit dépassée, Israël n’ayant plus le choix entre avancer et reculer, mais uniquement celui d’avancer.
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