Commerce du cabas : « un flux marchand annuel de 2 à 3 milliards de dollars »

Lors de la réunion du Conseil des ministres qu’il a présidée ce dimanche 18 mai, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné l’« a régularisation totale et définitive de la situation des jeunes exerçant dans le cadre de la micro-importation individuelle (dit commerce du ‘cabas’, ndlr), tout en les protégeant à travers leur intégration […] The post Commerce du cabas : « un flux marchand annuel de 2 à 3 milliards de dollars » appeared first on Algerie Eco.

Mai 24, 2025 - 16:28
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Commerce du cabas : « un flux marchand annuel de 2 à 3 milliards de dollars »

Lors de la réunion du Conseil des ministres qu’il a présidée ce dimanche 18 mai, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné l’« a régularisation totale et définitive de la situation des jeunes exerçant dans le cadre de la micro-importation individuelle (dit commerce du ‘cabas’, ndlr), tout en les protégeant à travers leur intégration dans le circuit formel du commerce extérieur pour leur permettre de tirer profit des avantages prévus par la loi relative à l’auto-entrepreneur ».

Il a également ordonné « de leur attribuer le statut d’agents économiques pour leur permettre de profiter d’avantages sociaux et commerciaux en alternative à leur situation actuelle illégale vis-à-vis des opérations de micro-importation via les ports et aéroports, une situation qui a engendré la saisie des marchandises, de certains parmi eux, outre leur déséquilibre social dû à la perte de leurs modestes capitaux. »

Le chef de l’Etat a enjoint au Premier ministre, « de créer en urgence, une commission chargée de définir les mécanismes d’activité de ces jeunes qui investissent leurs modestes capitaux pour satisfaire des besoins élémentaires, ayant leur impact sur le marché et en quantités limitées. » Il a aussi instruit « à ce que cette commission, présidée par le Premier ministre, définisse la liste des produits que ces jeunes seront autorisés à importer, en vue de garantir la pérennité de leur activité, dans le respect des règlementations légales et fiscales en vigueur. »

Le Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (CARE) a publié vendredi 23 mai une note d’analyse au sujet de ce commerce dit « cabas ». Selon le think tank algérien : « Le commerce du « cabas » en Algérie désigne l’importation informelle de marchandises à travers les bagages des voyageurs, souvent pour les revendre sur le marché local, en contournant les restrictions légales d’importation. Cette pratique, également appelée « trabendo », répond à des pénuries de produits sur le marché algérien. »

« Le Président de la République a récemment annoncé sa volonté de régulariser le commerce informel transfrontalier, connu sous le nom de « commerce du cabas ». Cette décision, inattendue pour beaucoup, rompt avec une logique répressive qui, jusqu’ici, dominait les discours officiels », explique le CARE et d’ajouter : « En refusant la criminalisation de cette pratique, l’État prend acte -tardivement- d’une réalité socio-économique qui concerne des centaines de milliers de citoyens insérés dans des logiques de survie plus que dans une quelconque stratégie de fraude. »

Selon le think tank, « (…) cette prise de position nous oblige à reposer les termes du débat : elle interroge, en creux, l’ensemble de notre politique commerciale, la manière dont nous gérons l’informel, mais surtout notre relation aux réformes économiques, fiscales et monétaires qui n’ont que trop tardé ».

Soulignant que ce commerce est « une pratique de survie plus qu’un acte de fraude », pour le CARE : « La bonne question n’est pas de savoir comment contrôler le commerce du cabas. La bonne question est de comprendre pourquoi il existe. Car ce phénomène, bien qu’on le retrouve sous d’autres formes ailleurs, a pris en Algérie une ampleur tout à fait singulière. Il est devenu une modalité de subsistance institutionnalisée, à défaut d’être reconnue. »

« Un flux marchand annuel de 2 à 3 milliards de dollars »

Selon le CARE, le commerce du cabas : « (…) C’est à peine un épiphénomène. Et pourtant, il mérite qu’on s’y attarde, précisément parce qu’il met en lumière toutes nos incohérences. » « Ce commerce, loin d’être un parasite, remplit plusieurs fonctions sociales et économiques vitales. Il agit comme une soupape pour les ménages modestes, un filet de sécurité pour les sans-emploi, un révélateur de la demande populaire », explique le Cercle de réflexion.

« Il reflète les usages, les goûts, les carences du marché local. Il donne aux producteurs nationaux un accès, certes informel, mais précieux, à un laboratoire à ciel ouvert sur les tendances de consommation. En cela, il constitue un levier de montée en gamme et d’identification d’opportunités, bien plus utile que nombre de salons institutionnels ou d’études subventionnées », indique la même source.

Et de préciser : « Selon plusieurs sources, ce commerce concernerait, sans confirmation aucune, quelques centaines de milliers de personnes, et représenterait un flux marchand annuel de 2 à 3 milliards de dollars. Des chiffres à prendre avec tout autant de précautions. Il porte sur des produits de première nécessité, des articles introuvables localement ou inaccessibles à des prix raisonnables, et des biens recherchés pour leur qualité perçue. »

« Il ne concerne ni des volumes industriels ni des réseaux organisés de fraude. Il ne menace pas la production nationale, et les marges qu’il génère pour ses acteurs relèvent de la survie, non de l’optimisation fiscale », souligne le CARE.

Et d’ajouter : « Les critiques, souvent formulées par des acteurs économiques installés, dénoncent un manque à gagner fiscal ou une forme de concurrence déloyale. Mais ces griefs ignorent la réalité du terrain. Ce commerce informel ne disqualifie pas l’offre nationale, il la stimule indirectement en lui révélant ses faiblesses. »

Selon le CARE : « Cela ne signifie pas pour autant qu’il soit sans risque », indique le CARE. « L’absence de traçabilité des produits introduits par ce canal soulève de vraies préoccupations. Risques sanitaires liés à des denrées mal conservées ou falsifiées, dangers de médicaments contrefaits ou transportés sans contrôle, cosmétiques non conformes, pièces mécaniques usées ou dangereuses. Ces menaces, si elles ne sont pas anticipées, peuvent nuire à la santé publique, mais aussi à l’image du pays« , précise la même source.

« Des pistes existent pour y remédier, sans casser l’activité : contrôles aléatoires a posteriori, formation ciblée des micro-opérateurs, normes d’étiquetage simplifiées pour les produits sensibles, collaboration avec les associations de consommateurs. Ce sont des mesures de bon sens, peu coûteuses, qui visent à sécuriser sans stigmatiser », préconise le think tank.

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