Confiance

L’Allemagne, qui s’était distinguée internationalament durant les années Merkel, et qui était devenue le phare de l’Europe avec une économie florissante, pourrait-elle désormais devenir ingouvernable, alors que son Premier ministre actuel, Olaf Scholz, plus d’un mois après l’effondrement de sa coalition gouvernementale, affronte cette semaine le vote des députés, ultime étape pour mener au scrutin […]

Déc 16, 2024 - 20:16
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Confiance

L’Allemagne, qui s’était distinguée internationalament durant les années Merkel, et qui était devenue le phare de l’Europe avec une économie florissante, pourrait-elle désormais devenir ingouvernable, alors que son Premier ministre actuel, Olaf Scholz, plus d’un mois après l’effondrement de sa coalition gouvernementale, affronte cette semaine le vote des députés, ultime étape pour mener au scrutin législatif de février qui mobilise déjà le pays ? Ce sabordage planifié de la part du dirigeant de 66 ans, au pouvoir depuis fin 2021, s’inscrit dans la grave crise que traverse la première économie européenne, autrefois modèle de stabilité politique, au moment même où son partenaire privilégié dans l’UE, la France, est également lourdement affaibli. La coalition gouvernementale hétéroclite avait implosé le 6 novembre, après le limogeage du ministre des Finances libéral en raison de différends insurmontables sur la politique économique et budgétaire. Scholz dirige depuis un gouvernement minoritaire entre son parti social-démocrate et les Verts, dont l’action législative est paralysée. Pour obtenir la dissolution du Parlement, permettant la tenue de législatives anticipées, le chancelier pose la question de confiance au Bundestag, un vote qu’il devrait perdre compte tenu des équilibres au sein de la chambre basse du Parlement. La route sera ainsi dégagée vers le scrutin du 23 février, date sur laquelle les partis se sont préalablement entendus. Depuis l’après-guerre, quatre chanceliers seulement ont posé la question de confiance au Bundestag, souvent pour provoquer des élections. Malgré son impopularité chronique et l’échec de sa coalition, l’imperturbable dirigeant social-démocrate veut croire en ses chances d’un second mandat. A ce stade, les sondages lui accordent peu d’espoir et l’Allemagne se dirige vers une alternance politique avec le camp conservateur CDU/CSU mené par Friedrich Merz, donné nettement gagnant, fort de 30 à 33 % des intentions de vote. Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) est crédité de 17 à 19,5 %, mais les autres formations excluent toute coopération avec lui. Le SPD engrangerait 15 % à 17 % des voix, les Verts de 11,5 % à 14 %. Mais le chancelier a déjà prouvé sa capacité à déjouer les pronostics en remportant les élections en 2021, contre toute attente. Les sociaux-démocrates ne perdent d’ailleurs pas une occasion de souligner l’inexpérience de Friedrich Merz, mis sur la touche autrefois par l’ancienne chancelière Angela Merkel (2005-2021) et qui n’a jamais occupé de poste de ministre ou de maire. Menacée d’une deuxième récession annuelle d’affilée, l’Allemagne est aux prises avec une grave crise industrielle et s’inquiète des répercussions pour ses exportations de l’élection de Donald Trump. Friedrich Merz, ancien avocat d’affaires, mise, lui, sur un programme typiquement conservateur visant à renforcer la sécurité intérieure, durcir les procédures d’asile, soutenir familles et entreprises par des allègements fiscaux. Certains élus de son camp ont commencé, après la chute de Bachar al-Assad, à réclamer le retour en Syrie des nombreux réfugiés de ce pays accueillis par l’Allemagne. Reste à voir ce que décideront les députés d’abord cette semaine, puis les électeurs allemands dans deux mois et quel sera le sort réservé à Scholz qui a hérité d’une Allemagne qui commençait déjà à se dégrader sous le long règne d’Angela Merkel. Car si Berlin a brillé durant ses premiers mandats, le déclin du pays avait déjà commencé avant son départ et c’est une Allemagne sur une pente descendante qu’elle avait alors léguée à Scholz. Durant ses trois ans et demi au pouvoir, ce dernier n’aura toutefois pas réussi à redresser la barre ni à rassurer, que ce soit ses partenaires politiques ou ses compatriotes. F. M.

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