Expulsion

Plusieurs raisons ont contribué à la victoire en novembre dernier de Donald Trump face à son adversaire démocrate Kamala Harris. Mais l’immigration illégale et incontrôlée aura sans conteste été cruciale dans le choix des Américains. Les premières décisions du président fraîchement arrivé à la Maison-Blanche en janvier auront d’ailleurs été de mettre en place de […]

Mars 17, 2025 - 20:07
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Expulsion

Plusieurs raisons ont contribué à la victoire en novembre dernier de Donald Trump face à son adversaire démocrate Kamala Harris. Mais l’immigration illégale et incontrôlée aura sans conteste été cruciale dans le choix des Américains. Les premières décisions du président fraîchement arrivé à la Maison-Blanche en janvier auront d’ailleurs été de mettre en place de nouveau mécanismes pour faciliter l’expulsion de milliers de gens. L’objectif étant de renvoyer les millions de migrants sans papiers qui se trouvent actuellement aux États-Unis. Six semaines après son investiture, Trump continue d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour accélérer le processus. Une loi sur les étrangers et la sédition de 1798, ayant été utilisée pour la dernière fois pendant la Seconde Guerre mondiale pour interner des Japonais ou Américains d’origine japonaise a été ressortie des placards. Le président américain a invoqué samedi cette législation pour expulser plus de 200 membres présumés du gang vénézuélien Tren de Aragua vers le Salvador. Saisi par des défenseurs des droits humains, un juge fédéral américain a ordonné samedi une suspension de 14 jours de toute expulsion. La Maison-Blanche a assuré dimanche 16 mars que les trois avions transportant les membres du gang, classé «organisation terroriste» par Washington, avaient déjà décollé quand la décision de justice a été rendue. «Le gouvernement n’a pas ‘’refusé de respecter’’ une décision de justice. Cette décision, qui n’a pas de fondement légal, a été rendue après que les terroristes étrangers du TdA ont été éloignés du territoire», a réagi la Maison-Blanche dans un communiqué. «Un seul juge dans une seule ville ne peut pas décider de la trajectoire d’un avion plein de terroristes étrangers qui ont été physiquement renvoyés du territoire américain», a-t-elle ajouté. Pour des groupes de défense des droits civils, si l’invocation par Donald Trump de la loi sur les étrangers et la sédition de 1798 était confirmée par les tribunaux, elle pourrait permettre l’expulsion d’un très grand nombre de migrants adultes sans justification, ni audience. Donald Trump a signé l’arrêté d’expulsion vendredi, qui n’a été rendu public que samedi. La loi de 1798, qui permet au président américain en temps de guerre d’arrêter ou expulser des citoyens d’une nation ennemie, n’avait été utilisée qu’à trois reprises : pendant la guerre anglo-américaine de 1812 pour expulser des ressortissants britanniques ; la Première Guerre mondiale contre des ressortissants de pays ennemis et la Seconde Guerre mondiale pour interner plus de
100 000 citoyens japonais et Américains d’origine japonaise. Dans son ordre d’expulsion, Donald Trump affirme que Tren de Aragua «menait une guerre irrégulière contre le territoire des États-Unis, à la fois directement et sous la direction, clandestine ou non, du régime de Maduro». Cette décision rend tous les membres du gang Tren de Aragua «passibles d’une interpellation, détention et expulsion immédiates». En réaction, Caracas a dénoncé une décision du gouvernement américain qui «criminalise de façon infâme et injuste la migration vénézuélienne». L’organisation de défense des droits humains ACLU ainsi que Democracy Forward avaient demandé à un tribunal de district de Washington d’interdire les expulsions, faisant valoir que la loi de 1798 n’était pas destinée à être utilisée en temps de paix. Tren de Aragua s’est formé en 2014 dans la prison vénézuélienne de Tocoron, dans l’État d’Aragua. Il est impliqué dans des meurtres, des enlèvements, des vols, du trafic de drogue, de la prostitution, des extorsions et la traite d’êtres humains. Ses activités se sont étendues à plusieurs pays du continent américain, dont les États-Unis, la Colombie, le Chili et le Pérou, selon divers rapports des services de renseignement. L’administration Trump prouve ainsi qu’elle est prête à utiliser tous les moyens à sa disposition, même les plus improbables, pour régler le problème de l’immigration illégale, qui fait partie des dossiers inquiétant le plus une majorité d’Américains.