La démonstration de force du Hamas

Avant-hier dimanche, c’était jour de fête tant à Ghaza qu’en Cisjordanie et même en Israël, en raison de l’échange de prisonniers, ce n’était cependant pas une joie sans mélange, bien au contraire. Il ne pouvait en être autrement côté palestinien, au vu du champ de ruines que sont devenus les quartiers de Ghaza, du prix […]

Jan 20, 2025 - 20:51
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La démonstration de force du Hamas

Avant-hier dimanche, c’était jour de fête tant à Ghaza qu’en Cisjordanie et même en Israël, en raison de l’échange de prisonniers, ce n’était cependant pas une joie sans mélange, bien au contraire. Il ne pouvait en être autrement côté palestinien, au vu du champ de ruines que sont devenus les quartiers de Ghaza, du prix humain très élevé qu’il a fallu payer pour obtenir ce qui n’est encore qu’une trêve, d’autant plus sûrement d’ailleurs que les officiels israéliens et américains ont tenu à souligner dans leurs interventions marquant l’événement que les libérations d’otages n’étaient qu’un des buts de la guerre, et que tant que les autres ne sont pas atteints, celle-ci n’est ni gagnée ni terminée. Dans une semaine très exactement, un deuxième échange de prisonniers aura lieu, qui vraisemblablement lui aussi sera scandé de réjouissances, mais qui n’en sera pas moins empreint de tristesse. Tristesse pour ceux qu’on ne reverra plus jamais, et douleur pour ceux dont on reverra peut-être les cadavres après les avoir cherchés sous les décombres, où pour certains ils sont enfouis depuis des mois. Lorsque la première étape de l’accord aura pris fin, il n’est pas certain qu’elle sera suivie d’une autre, de façon à ce que le cessez-le-feu se prolonge, même s’il est probable qu’il en soit ainsi au bout du compte, Israël ayant intérêt à récupérer tous ses captifs.

Mais quand ils le seront tous, la situation sera différente. Le seul ministre israélien à avoir démissionné, Itamar Ben-Gvir, du fait de son opposition au principe même d’un accord avec le Hamas, a cependant fait savoir qu’il réintégrerait le gouvernement si la guerre reprenait dès la fin de l’épisode ayant débuté ce dimanche. Quant à l’autre, Belazel Smotrich, qui lui a choisi de rester, il s’est engagé à démissionner si la guerre ne reprenait pas dans les meilleurs délais. Pour lui, ceci devrait arriver au bout de la première étape stipulée par l’accord, c’est-à-dire dans six semaines. Mais il semble acquis que l’échange de prisonniers prendrait en fait plus de temps. En principe, il y a une deuxième étape, puis une troisième étape, d’une égale durée que la première, c’est-à-dire six semaines. Les premières libérations de captives israéliennes ont été une occasion pour le Hamas de montrer qu’il
n’était pas mort, qu’il faudrait encore compter avec lui. Nul doute que cette démonstration de force est restée en travers de la gorge des responsables israéliens et américains, et d’une façon générale de tous ceux qui dans le monde sont des alliés ou des amis inconditionnels d’Israël. Elle a eu le même effet chez certains des dirigeants du Moyen-Orient ayant parié sur l’écrasement du Hamas sous le rouleau compresseur israélien à l’œuvre sans interruption depuis plus d’une année. Eux aussi ont tablé sur une défaite sans remède non seulement du Hamas, mais de tout l’axe de la résistance contre l’occupant israélien. Et voilà que c’est un autre tableau qui s’offre à eux, dès le premier jour du cessez-le-feu. Ils auraient pourtant dû revenir de leur erreur, ou de leur espérance, bien avant, en voyant que la résistance à Ghaza n’a pas été moins active et pugnace dans les derniers jours précédant le cessez-le-feu qu’au début de la guerre.