La faille sécuritaire du siècle est américaine

L’inclusion du rédacteur en chef d’un magazine réputé pour son hostilité à l’égard du président américain, Jeffrey Goldberg de son nom, dans un groupe de discussion formé de responsables de premier plan de l’administration actuelle, en charge de mettre la dernière main aux frappes contre les Houthis du 15 mars dernier, est un scandale qui […]

Mars 26, 2025 - 18:21
 0
La faille sécuritaire du siècle est américaine

L’inclusion du rédacteur en chef d’un magazine réputé pour son hostilité à l’égard du président américain, Jeffrey Goldberg de son nom, dans un groupe de discussion formé de responsables de premier plan de l’administration actuelle, en charge de mettre la dernière main aux frappes contre les Houthis du 15 mars dernier, est un scandale qui n’est pas près de s’estomper. C’est qu’il y a de quoi. Ce n’est pas tous les jours qu’un journaliste trouve dans sa boîte électronique le détail du plan d’une attaque de l’armée de son pays contre des cibles à l’étranger. Le confrère en question a raconté qu’il était resté sceptique quant à la véracité des messages reçus jusqu’à ce que l’attaque annoncée se produise réellement. Il a été informé de sa date, de ses cibles, et des armes employées dans son exécution. Autrement dit, de tout ce qui la concernait. Le groupe de discussion dans lequel il a été inclus compterait une vingtaine de personnes, dont Michael Walz, le conseiller de Trump à la sécurité, le vice-président J.D Vance, Marco Rubio le secrétaire d’Etat, et Pete Hegseth, le ministre de la Défense, mais, à ce qu’il semble, en l’absence de la directrice du renseignement national, et du patron de la CIA.

On le sait, parce que ces deux-là ont déjà témoigné devant un comité de sénateurs constitué en un rien de temps pour enquêter sur une faille sécuritaire probablement sans précédent dans l’histoire non seulement des Etats-Unis mais de celle du monde. Comment a-t-elle pu se produire ? Comment un journaliste, qui plus est hostile, a pu se trouver associé à un conseil de guerre regroupant les pontes de la sécurité des Etats-Unis, à la veille d’une opération militaire à l’étranger ? Personne ne se l’explique encore. Le conseiller de la sécurité pas plus qu’un autre n’en a encore la moindre idée, lui qui pourtant était à l’initiative de la discussion. Ne connaissant ni de loin ni de près Jeffrey Goldberg, il n’a pu lui-même l’inviter au chat. Mais alors qui si ce n’est pas lui ? Seul Trump, qui au départ, notons-le, n’était au courant de rien, qui en a pris connaissance lors d’une question de journaliste, a suggéré une piste : le coupable serait un collaborateur de Waltz qui dans le dos de ce dernier aurait ajouté l’adresse du journaliste sur la liste des personnes à contacter. Trump n’a manqué aucune occasion depuis son retour au pouvoir de fustiger Joe Biden pour son incompétence dans tout. Les démocrates ne pouvaient pas même dans le rêve espérer un tel faux pas, un amateurisme et une négligence aussi coupables de la part de leurs adversaires. Un cadeau du ciel que ce qui vient de se produire là. On peut compter sur eux pour en tirer la meilleure revanche, eux qui depuis des semaines ont subi sarcasmes et insultes de la part de Trump et de son administration. Trump, disons-nous, a suggéré une piste. En voici une autre, de suggestion. Si ce n’est pas là une erreur, si l’administration Trump a été en l’occurrence victime d’un acte de malveillance, ou bien d’un collaborateur de Waltz, comme le dit Trump, ou bien de quelqu’un d’autre, alors il serait logique de penser que sa motivation est politique. Et si elle est politique, alors son ou ses auteurs sont des adversaires politiques. Ce qui en revanche est certain, c’est que les Russes n’y sont pour rien.

 

Par Mohamed Habili