Débat

Durant son mandat à l’Élysée, François Hollande, qui a dû gérer de nombreux attentats islamistes perpétrés en 2013 et en 2015, avait proposé la déchéance de la nationalité aux terroristes condamnés par la justice. Une proposition qui avait été soutenue par la droite, mais rejetée par une partie de sa majorité, le forçant à faire […]

Fév 19, 2025 - 20:26
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Débat

Durant son mandat à l’Élysée, François Hollande, qui a dû gérer de nombreux attentats islamistes perpétrés en 2013 et en 2015, avait proposé la déchéance de la nationalité aux terroristes condamnés par la justice. Une proposition qui avait été soutenue par la droite, mais rejetée par une partie de sa majorité, le forçant à faire rapidement machine arrière. Aujourd’hui, alors qu’en France le sujet du droit du sol est débattu, l’ex-président socialiste, dont certains assurent qu’il aurait des vues sur la présidentielle de 2027, intervient dans le débat. Alors que l’Assemblée Nationale a restreint cette semaine le droit du sol à Mayotte pour tenter d’endiguer l’immigration qui arrive des Comores sur l’île de l’océan Indien, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui dissimule lui-même à peine ses ambitions pour la présidentielle de 2027, a appelé à un grand «débat» sur l’accès automatique à la nationalité française des nouveau-nés sur le territoire ultramarin. Une remise en cause pour laquelle plaide également son collègue de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Toutefois, plusieurs ministres du gouvernement Bayrou, comme Élisabeth Borne, se sont distancés de cette proposition. Le Premier ministre lui-même a considéré que les termes posés par le garde des Sceaux étaient «trop étroits», préférant un dialogue «plus large» sur «“qu’est-ce que c’est qu’être Français”». Des divisions étalées au grand jour qui ont sans surprise fait les choux gras des oppositions, et notamment de la gauche. Ainsi, l’ancien chef de l’État, François Hollande, a tout simplement qualifié ce débat d’«inutile», avant de développer sa pensée sur un ton très solennel. «Il y a des règles qui existent dans notre pays qui sont des règles républicaines, qui ont permis à des générations de s’intégrer dans notre pays, à notre République
d’être confortée», a-t-il martelé, vilipendant la volonté de l’«extrême droite» de «revenir au droit du sang». «Pour lutter contre elle, il ne faut pas aller sur son terrain, il faut essayer de répondre aux difficultés qu’ont les Français», a insisté l’ex-locataire de l’Élysée, selon qui «le droit du sol fait partie des principes fondamentaux de la République». Dans un contexte «politique, économique, et financier» qu’il juge «délicat», François Hollande a enfin sommé François Bayrou d’«agir» et de «prendre des décisions» plutôt que d’«ouvrir des débats». «Un grand débat sur quoi ? Sur l’identité nationale ? Il y a déjà eu un grand débat sur l’identité nationale», a rappelé l’ancien président de la République, en référence à l’initiative prise par son prédécesseur Nicolas Sarkozy en 2009. «Est-ce que ça a produit quelque chose ?», a fait mine de s’interroger le socialiste, ajoutant que «les Français n’ont pas besoin de grand débat en ce moment». Et de conclure : «Est-ce que le pays a besoin de cacophonie ou de confusion ? Ou est-ce qu’il a besoin de stabilité et d’action ?» Cependant, il n’est pas certain que s’insinuer dans ce débat soit la meilleure stratégie pour Hollande s’il souhaite réellement briguer la prochaine présidence. En effet, un récent sondage indiquait que 65 % des Français étaient favorables à la fin du droit du sol, non seulement à Mayotte, mais également sur l’ensemble du territoire hexagonal. Hollande, qui avait battu de nombreux records d’impopularité durant sa présidence, est visiblement toujours incapable de distinguer les thématiques qui intéressent la gauche modérée qui, si elle est en grande majorité opposée à la fin du droit du sol, s’inquiète surtout des questions économiques, de sortir le pays de la récession et de faire baisser l’inflation. Réalistiquement, même si Hollande arrive à convaincre le Parti socialiste à le désigner comme candidat, ses chances auprès des Français seraient des plus médiocres et son parcours ne serait probablement pas très différent de celui d’Anne Hidalgo en 2022.