«L’Algérie cherche à humilier la France»: Les élucubrations de Bruno Retailleau

Le ministre de l’Intérieur français est une nouvelle fois revenu à la charge dans le cadre de la campagne algérophobe dont il est un des principaux leaders. Hier, vendredi, à partir de la ville de Nantes, il a accusé l’Algérie de vouloir «humilier la France». «Je veux dire ma stupéfaction et je pense qu’on a […]

Jan 10, 2025 - 20:01
 0
«L’Algérie cherche à humilier la France»: Les élucubrations de Bruno Retailleau

Le ministre de l’Intérieur français est une nouvelle fois revenu à la charge dans le cadre de la campagne algérophobe dont il est un des principaux leaders. Hier, vendredi, à partir de la ville de Nantes, il a accusé l’Algérie de vouloir «humilier la France». «Je veux dire ma stupéfaction et je pense qu’on a atteint avec l’Algérie un seuil extrêmement inquiétant».

Par Mehdi Mourad

«On voit bien que l’Algérie cherche à humilier la France», a précisé Bruneau Retailleau en évoquant la tentative d’expulsion ratée d’un influenceur surnommé «Doualemn». Selon lui, les autorités algériennes ont refusé l’entrer sur le territoire national de ce ressortissant algérien. «Ce que je veux dire sur le cas spécifique de cet influenceur qui répond au nom de ‘’Doualemn’’, c’est qu’il avait un passeport biométrique à jour, il a donc été reconduit. J’ai pris un arrêté d’expulsion et les autorités algériennes n’ont pas voulu le laisser débarquer sur le sol algérien en contradiction totale avec les règles, avec la Convention de Chicago de 1948, qui rappelle que les pays sont comptables de leurs propres ressortissants. Or là, il n’avait pas besoin d’avoir un laisser-passer consulaire puisque la preuve qu’il est un ressortissant algérien était établie au moins d’un passeport biométrique qui était valide. Protocole d’accord de 1993 entre l’Algérie et la France qui dispose qu’un passeport suffit pour une réadmission. Donc c’est absolument inacceptable, inacceptable», a-t-il insisté. Ce que ne dit pas le ministre c’est que cette procédure d’expulsion est entachée d’irrégularités. Selon l’avocat de cet influenceur, Me Jean-Baptiste Mousset, «le gouvernement (français) a précipité son expulsion pour empêcher que son expulsion ne puisse être examinée par un juge». «Il est mis en place des moyens exceptionnels pour bâillonner mon client», a dénoncé l’avocat. En clair, Bruneau Retailleau a voulu accélérer l’expulsion de cet individu en prenant un arrêté ministériel sans laisser à la justice la possibilité de statuer sur son cas. L’argument avancé par le ministre de l’Intérieur pour justifier son expulsion du territoire français est que cet influenceur a «proféré des menaces de mort» contre une personne de confession juive. Sauf qu’aucune preuve ne confirme qu’il ait prononcé des menaces dans des vidéos. Un fait rappelé par le procureur de la République de Montpellier, Fabrice Belargent. «Les traductions de cette vidéo réalisées par deux interprètes expertes (…) établissaient que les mots ‘’tuez-le’’ n’avaient pas été prononcés et que la vidéo ne contenait pas davantage un appel à tuer une personne nommée ’’Cohen’’. Le mis en cause appelait en revanche à donner une sévère correction à un homme semblant résider en Algérie», a indiqué le procureur de la République.

Injures et menaces
Lors de ce point de presse d’hier, Bruneau Retailleau ne s’est pas limité à évoquer le cas des influenceurs puisqu’il s’est montré particulièrement injurieux envers l’Algérie en revenant sur le cas de Boualem Sansal. «L’Algérie détient actuellement un grand écrivain Boualem Sansal qui est non seulement algérien mais qui est aussi français. Il a 80 ans et il est malade. Est-ce qu’un grand pays, est-ce qu’un grand peuple peut s’honorer de détenir en détention, pour de mauvaises raisons, quelqu’un qui est malade et âgé», a-t-il dit en revenant une nouvelle fois sur la notion «d’honneur», une valeur qui, en réalité, manque cruellement à la classe dirigeante française actuelle. Preuve en est cette volonté du ministre de l’Intérieur qui ose menacer un Etat souverain. «Je parle en mon nom personnel et en tant que ministre de l’Intérieur, je pense que la France ne peut pas supporter cette situation. Et je pense que nous devons garder notre sang-froid et notre détermination à défendre nos intérêts, que nous devons désormais évaluer tous les moyens qui sont en notre disposition, je dis bien tous les moyens, vis-à-vis de l’Algérie». Une journaliste lui demande si la France envisage des sanctions ? Réponse de Retailleau : «Il y a un éventail de possibilités que je ne détaillerai pas ici, qui doivent être étudiées au plus haut niveau, bien sûr gouvernement et président de la République. Je pense que l’Algérie est en train de franchir un cap». Représentant zélé de l’extrême droite au sein de l’actuel gouvernement, Retailleau a proféré des menaces contre l’Algérie qui engagent le Premier ministre François Bayrou et, surtout, le président français Emanuel Macron. Il ne faut pas perdre de vue le contexte actuel marqué par la mort du tortionnaire Jean-Marie Le Pen, auquel Retailleau a rendu hommage. Ce déchaînement de haine de Retailleau est avant tout l’expression d’une haine viscérale envers l’Algérie. Sansal et Doualemn ne sont que des prétextes fallacieux.
M. M.

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow