L’autorisation de Biden à Kiev de tirer dans la profondeur russe

A la veille du G20 de Rio de Janeiro, qui s’est ouvert hier, le président américain sortant Joe Biden a autorisé l’utilisation de missiles américains à longue portée par l’Ukraine pour des frappes dans la profondeur du territoire russe, justifiant une décision longtemps réclamée par Kiev par la présence de milliers de soldats nord-coréens à […]

Nov 19, 2024 - 02:58
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L’autorisation de Biden à Kiev de tirer dans la profondeur russe

A la veille du G20 de Rio de Janeiro, qui s’est ouvert hier, le président américain sortant Joe Biden a autorisé l’utilisation de missiles américains à longue portée par l’Ukraine pour des frappes dans la profondeur du territoire russe, justifiant une décision longtemps réclamée par Kiev par la présence de milliers de soldats nord-coréens à Koursk, en Russie, où déjà ils prendraient part aux côtés des forces russes aux combats qui s’y déroulent. Bien qu’elle ait constitué une surprise dans la conjoncture actuelle, cette décision n’est cependant pas la première de son genre. Il y a de cela cinq mois en effet, les Américains ont permis aux Ukrainiens, à une période où les combats se concentraient autour de Kharkiv, non loin de la frontière avec la Russie, de se servir des HIMARS, eux-mêmes des missiles à longue portée, toutefois d’une portée moindre que celle des ATACMS dont il est question aujourd’hui. Il est tout à fait probable que les autres alliés occidentaux, la France et la Grande-Bretagne en particulier, en fassent de même, si ce n’est déjà fait, d’autant qu’eux aussi avaient déjà approuvé l’emploi de ceux de leurs missiles comparables aux HIMARS américains.

Pas plus que ces derniers, cependant, les missiles de longue portée ne renverseraient le cours de la guerre, pour l’heure à l’avantage de la Russie. Régulièrement, qui plus est à intervalles de plus en plus courts, Moscou annonce la prise d’une nouvelle localité de la ligne du front, de même que le rétrécissement de la présence ukrainienne dans Koursk, à ce rythme bientôt un souvenir. On se demande si Biden n’a pas justement attendu la fin de son mandat pour prendre une décision effectivement de nature à relancer la guerre en Ukraine, mais sans pour autant rééquilibrer les forces en présence, encore moins donner l’avantage à l’Ukraine. L’impression domine néanmoins que probablement il ne l’aurait pas prise si les Russes n’avaient pas fait appel aux forces nord-coréennes. Les Russes de leur côté n’ont pas recouru aux Nord-Coréens comme à une force de renfort, étant donné qu’ils étaient déjà en train de reprendre la main à Koursk, et que leur offensive se poursuivait ailleurs, mais pour agir à l’imitation de l’Otan qui prenait une part directe aux combats, et sous de formes de moins en moins voilées. Les alliés de Kiev ne se sont jamais contentés de fournir des armes, ils livrent du renseignement, et assistent les militaires ukrainiens dans l’utilisation de certaines de leurs armes, dont en premier les missiles de longue portée, dont l’emploi nécessite un savoir-faire et une logistique dont ne dispose pas encore l’Ukraine. Voyant cela, les Russes ont à vrai dire fait plus que se renforcer par des alliés, ils ont apporté d’importantes modifications à leur doctrine nucléaire. Désormais ils estiment se trouver en conflit avec une puissance nucléaire non pas nécessairement parce que l’ennemi est doté de l’arme nucléaire, mais dès lors qu’il se fait soutenir par une puissance qui elle-même la possède. L’Otan est partie prenante à la guerre en Ukraine. Et si cette dernière n’est pas une puissance nucléaire, la première quant à elle compte dans ses rangs des Etats qui le sont. Or ce n’est pas tout, il convient également de prendre en compte la menace russe de livrer des missiles à longue portée aux ennemis de l’Otan dans le monde, à titre de mesure de réciprocité.

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