L’inflation retombe, mais cinq ans de hausse ont érodé le pouvoir d’achat
Bonne nouvelle : l’inflation est redescendue à 3,6 %. Mais en cinq ans, les prix ont bondi de près de 40 %, les salaires stagnent… et malgré la progression du PIB (3ᵉéconomie du continent), le pouvoir d’achat recule. Pour la première fois depuis quatre ans, l’inflation annuelle des prix à la consommation est redescendue sous la barre […]

Bonne nouvelle : l’inflation est redescendue à 3,6 %. Mais en cinq ans, les prix ont bondi de près de 40 %, les salaires stagnent… et malgré la progression du PIB (3ᵉéconomie du continent), le pouvoir d’achat recule.
Pour la première fois depuis quatre ans, l’inflation annuelle des prix à la consommation est redescendue sous la barre des 4 %.
Selon le dernier bulletin de l’Indice des prix à la consommation (IPC) de l’Office national des statistiques (ONS), le rythme annuel de l’inflation (juillet 2024 à juin 2025 comparé à juillet 2023 à juin 2024) s’est établi à 3,6 %, contre 6,4 % un an auparavant. Ce niveau rejoint quasiment les prévisions du FMI (3,7 %) et les objectifs du gouvernement (moins de 4 %).
La détente reste cependant fragile: les produits agricoles frais continuent d’exercer une forte pression, avec «des augmentations plus ou moins importantes de la viande de poulet (+12,4 %), des fruits (+23,2 %) et des légumes (+3 %)», indique l’ONS.
D’autres produits ont en revanche reculé : la viande et les abats de mouton (-4,5 %), le poisson (-11,4 %) ou encore les œufs (-2,1 %). Les biens manufacturés affichent eux une hausse moyenne de 7 % sur un an.
Cette décélération a été soutenue par la stabilité relative de certains produits subventionnés ou administrés et, plus récemment, par les importations de viande rouge fraîche, qui ont permis une baisse du prix de l’agneau et une stabilité de la viande bovine.
PIB en hausse mais pouvoir d’achat en recul
Sur cinq ans (juin 2020 – juin 2025), l’inflation cumulée atteint 39,84 %. Durant la même période, le SNMG n’a été relevé que de 11 % (de 18 000 à 20 000 DZD) et les salaires moyens nets n’ont pratiquement pas bougé, passant de 42 271 DZD en 2020 à 43 467 DZD en 2022, selon les données CEIC issues des statistiques officielles.
Dans le même temps, le PIB nominal est passé d’environ 245 milliards USD en 2020 à 263,6 milliards USD en 2024, selon la Banque mondiale.
La progression du PIB contraste avec l’érosion du pouvoir d’achat : l’évolution des revenus n’a pas suivi celle des prix, laissant un décalage qui se creuse d’année en année.
Ce décrochage se reflète aussi dans le comportement des demandeurs d’allocation touristique depuis l’entrée en vigueur des nouveaux montants, le 20 juillet 2025.
Après un engouement les trois premiers jours, la demande est vite retombée: peu de familles peuvent mobiliser les 120 000 DZD nécessaires pour 750 € ou 336 000 DZD pour un foyer de quatre personnes.
Ce pouvoir d’achat contraint laisse le marché parallèle intact. Les cambistes, alimentés par la forte demande de l’économie informelle, continuent de dominer les échanges: le taux de l’euro est resté autour de 260 DZD, contre 150 DZD au cours bancaire.
L’effet régulateur espéré n’a donc pas encore eu lieu; la faiblesse des revenus limite la saignée des réserves de change, tant redoutée par les pouvoirs publics.
Des réserves dont la tendance est à la baisse: au premier trimestre 2025, la Banque d’Algérie a révélé que le solde global de la balance des paiements avait basculé dans le rouge (-2,77 milliards USD) sous l’effet conjugué du recul des prix des hydrocarbures et de la hausse des importations.
Par Larbi Ghazala