Passeports diplomatiques: Alger signe l’acte de décès de l’accord de 2013

L’Algérie a décidé de mettre fin à l’accord signé avec la France en décembre 2013, qui permettait aux détenteurs de passeports diplomatiques ou de service de voyager sans visa entre les deux pays. La décision, notifiée officiellement à l’ambassade de France et publiée au Journal officiel le 17 septembre, impose désormais aux diplomates français de […] The post Passeports diplomatiques: Alger signe l’acte de décès de l’accord de 2013 appeared first on Le Jeune Indépendant.

Sep 22, 2025 - 17:42
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Passeports diplomatiques: Alger signe l’acte de décès de l’accord de 2013

L’Algérie a décidé de mettre fin à l’accord signé avec la France en décembre 2013, qui permettait aux détenteurs de passeports diplomatiques ou de service de voyager sans visa entre les deux pays. La décision, notifiée officiellement à l’ambassade de France et publiée au Journal officiel le 17 septembre, impose désormais aux diplomates français de solliciter un visa pour entrer en Algérie.

« En date du 7 août 2025, une notification écrite a été transmise à l’ambassade de la République française en Algérie, l’informant de la décision du Gouvernement algérien de dénoncer l’accord conclu à Alger le 16 décembre 2013 », précise la même note. Cette décision fait suite à la suspension de l’accord par la partie française. En réaction, Alger a informé Paris, le même jour, « de sa décision de soumettre, avec effet immédiat, les ressortissants français titulaires de passeports diplomatiques ou de service, à l’obligation de l’obtention d’un visa », a indiqué la même source.

Cette dénonciation est la conséquence directe d’un enchaînement de provocations venues de Paris. Le 13 et le 26 février 2025, plusieurs responsables algériens détenteurs de passeports diplomatiques ont été refoulés à leur arrivée en France, en violation flagrante de l’accord de 2013. Au lieu d’assumer ces manquements, le président français Emmanuel Macron a choisi, dans une lettre adressée à son Premier ministre le 6 août, d’ordonner la suspension unilatérale de l’accord, arguant de la nécessité de faire preuve de « fermeté » envers Alger.

Face à cette attitude jugée méprisante et unilatérale, Alger a répliqué en dénonçant purement et simplement l’accord. « L’Algérie ne cède pas à la pression, à la menace et au chantage, quels qu’ils soient », avait affirmé, le mois dernier, le ministère des Affaires étrangères, rappelant que Alger n’a été historiquement à l’origine d’aucune demande de conclusion d’un accord bilatéral d’exemption de visas au profit des titulaires de passeports diplomatiques et de service.

« A maintes reprises, c’est la France, et elle seule, qui a été à l’origine d’une telle demande. En décidant la suspension de cet accord, la France offre à l’Algérie l’opportunité idoine d’annoncer, quant à elle, la dénonciation pure et simple de ce même accord. Conformément aux dispositions de l’article 08 dudit accord, le Gouvernement algérien notifiera incessamment au Gouvernement français cette dénonciation par la voie diplomatique », avait précisé le ministère des AE.

Dans le même temps, les autorités algériennes dénoncent une dérive plus large de la politique française. Le refus systématique d’octroi de visas de type D aux étudiants algériens et aux familles en regroupement est perçu comme une mesure discriminatoire, en contradiction avec la Convention européenne des droits de l’homme de 1950 et avec l’accord bilatéral de 1968 sur la circulation et le séjour des Algériens en France. Une restriction qui menace directement des dizaines de milliers d’étudiants et pèse sur la diaspora algérienne, mais aussi sur les entreprises françaises installées en Algérie et leurs cadres expatriés.

Pour Alger, la France a choisi de piétiner ses propres engagements internationaux. La liste est longue : l’accord de 1968 sur la circulation et l’emploi, la convention consulaire de 1974, et l’accord de 2013 sur les passeports spéciaux. Paris, en revanche, brandit avec insistance l’accord de 1994 sur la réadmission des migrants en situation irrégulière, devenu l’obsession des courants politiques français, en particulier ceux proches de l’extrême droite. Alger dénonce la dénaturation de ce texte, utilisé comme instrument de chantage et non comme cadre de coopération équilibrée.

La lettre de Macron à son Premier ministre illustre cette dérive. Elle présente la France comme respectueuse de ses obligations, tout en désignant l’Algérie comme fautive. « Rien n’est plus éloigné de la réalité », a rétorqué le département d’Ahmed Attaf.

En réalité, souligne-t-il, c’est la France qui viole ses propres lois et qui refuse depuis plus de deux ans d’accréditer plusieurs diplomates algériens, dont trois consuls généraux. Sur ce dossier comme sur d’autres, Alger rappelle qu’il ne fait qu’appliquer le principe de réciprocité.

Or la crise des visas, l’Elysée laisse planer la menace d’une révision de l’accord de 1968, présenté comme une arme politique à usage interne. Une stratégie qui fait écho aux discours électoralistes de l’extrême droite et aux lobbies hostiles à l’Algérie, mais qui, selon Alger, ne peut aboutir qu’à un durcissement supplémentaire des relations.

L’Algérie estime que les véritables contentieux bilatéraux demeurent ailleurs : mémoire coloniale, restitution des archives, biens confisqués, indemnisations liées aux essais nucléaires… autant de dossiers que Paris évite d’aborder de front.

 

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