Mohamed Boudiaf : Si Tayeb El Watani, le patriote au cœur vaillant
Chaque 29 juin, l’occasion nous est donnée pour ressusciter la mémoire de l’emblématique, le géant et l’icône de la lutte de libération nationale, Mohamed Boudiaf connu également sous son nom de guerre, Si Tayeb El Watani, assassiné ce jour de l’année 1992 à Annaba. Chaque 29 juin nous offre l’opportunité de vider une partie d’un […] The post Mohamed Boudiaf : Si Tayeb El Watani, le patriote au cœur vaillant first appeared on L'Est Républicain.

Chaque 29 juin, l’occasion nous est donnée pour ressusciter la mémoire de l’emblématique, le géant et l’icône de la lutte de libération nationale, Mohamed Boudiaf connu également sous son nom de guerre, Si Tayeb El Watani, assassiné ce jour de l’année 1992 à Annaba. Chaque 29 juin nous offre l’opportunité de vider une partie d’un deuil éternel, dont nous supportons le poids au-delà de nos capacités humaines. Chaque 29 juin arrive pour nous soustraire à une amnésie, qui a fini par tout « bouffer », sauf ces instants fatidiques situés entre 12 heures 30 et 13 heures, lorsque le palais de la culture à Annaba fût secoué d’abord par l’explosion d’une grenade dans le but d’empêcher une salle pleine à craquer de discerner ce qui allait se passer, et ensuite par une rafale meurtrière, dont l’origine est restée mystérieuse, malgré les aveux d’un certain Boumarafi Lembarek et les conclusions aboutissant à l’acte isolé. Des conclusions, qui n’ont jamais fait l’unanimité jusqu’à présent et qu’aucune partie n’a pu confirmer avec exactitude. Peu importe le profil de celui qui a appuyé sur la gâchette et cette multitude de versions tissées ça et là afin d’enchaîner l’opinion publique nationale et internationale dans une diversion d’où il serait très difficile d’en revenir. Il y’a eu conspiration, et la majorité des Algériens en sont convaincus. Une conspiration contre un authentique héros, qui, en six mois seulement, avait réussi à redonner l’espoir à tout un peuple. Un peuple, qui a dû, par la suite, affronter avec un courage phénoménal hérité d’une insurrection anticoloniale historique, l’épreuve des années 1990. Mohamed Boudiaf, qui avait saisi, malgré le black-out total dans lequel on l’avait mis, tous les dangers menaçant le pays, grâce à son instinct révolutionnaire et patriotique toujours intact, a démontré des capacités réelles de sauver l’Algérie des ténèbres promises par ses ennemis. Des ennemis qu’il a déjà identifiés dans son livre Où va l’Algérie, publié en 1964, interdit puis republié après son retour d’exil, 28 ans plus tard. Dans son projet de réforme de l’Etat, la remise au « musée » du FLN, propriété de tous les Algériens et non d’un clan, lui tenait particulièrement à cœur. Et il en avait seul la légitimité de le faire en tant que fondateur. « Que l’on ne croit pas surtout pas que le 1er novembre 1954 soit soudain tombé du ciel, alors qu’en réalité, il ne fut que le lent mûrissement de plusieurs années, voire de décades, d’un travail intense d’agitation, d’explication et d’organisation », disait-il, en évoquant les conditions historiques dans lesquelles est né le FLN historique, rassembleur de tous les courants politiques et idéologiques existant à l’époque. Il aspirait à une Algérie unie dans sa diversité ethnique et culturelle ; et il avait prouvé qu’il possédait les moyens intellectuels lui permettant d’atteindre son objectif. Son diagnostic de la situation ne datait pas de janvier 1992, mais des années postindépendance, lorsque le pays avait failli entrer dans une guerre civile fratricide et meurtrière. Il savait que l’ennemi d’hier était encore l’ennemi d’aujourd’hui. Son statut en tant que chef de l’Etat l’empêchait de dire les choses crûment ; mais les Algériens ont appris à le lire entre les lignes. C’est cette symbiose miraculeuse, que ses assassins ont voulu interrompre.
Mohamed Mebarki
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