Motion

Les années passent, mais la stratégie politique de La France Insoumise reste la même, celle du chaos. Et lorsque celui-ci n’est pas social, il est évidemment politique avec une volonté perpétuelle de perturber le fonctionnement de l’exécutif en espérant encore et toujours réussir à censurer les gouvernements en place. La seule réussite de cette stratégie en soixante ans, celle de décembre dernier, qui a fait tomber le gouvernement de Michel Barnier, devient une nouvelle obsession des Insoumis qui pensent désormais être capables de réitérer leur exploit. Jean-Luc Mélenchon et plusieurs responsables LFI ont ainsi appelé samedi à censurer le Premier ministre, François Bayrou, et apporté leur soutien à l’appel à «tout bloquer» le 10 septembre lancé par des internautes, dans un texte paru dans La Tribune Dimanche. «Nous appelons à une offensive déterminée pour faire tomber ce gouvernement. Sur le terrain par la mobilisation populaire tous azimuts et au Parlement par une motion de censure immédiate», écrit Jean-Luc Mélenchon, en estimant que «les deux doivent aller de pair, car faire l’un sans l’autre est vain ou bien incertain». «Nous ne laisserons pas faire», insiste le leader des Insoumis, qui demande que «l’Assemblée Nationale soit réunie au plus vite en session extraordinaire». «L’actualité l’exige. Nous déposerons immédiatement une motion de censure pour faire tomber le gouvernement», préviennent les signataires de la tribune, dont la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, et le coordinateur du parti, Manuel Bompard, selon qui «ce gouvernement est incapable d’entendre raison» et «prépare la rentrée avec un projet de budget dévastateur». «Il faut renvoyer François Bayrou et son gouvernement, tout de suite», écrivent-ils. Les responsables de La France Insoumise ont par ailleurs «décidé de soutenir l’initiative populaire du 10 septembre». Venus d’horizons divers, des appels à «tout bloquer» dans le pays à cette date se multiplient sur les réseaux sociaux, en se cristallisant autour des coupes budgétaires voulues par François Bayrou. Leur possible concrétisation dans la rue reste une inconnue. Sur de nombreux comptes déjà établis ou spécialement créés, les messages de ce mouvement à l’état gazeux peuvent mentionner le référendum d’initiative citoyenne, réclamer des hausses de salaires et des retraites ou appeler à la «résistance», au confinement volontaire ou la grève générale. «Nous demandons à tous ceux qui partagent nos principes et notre volonté d’action pour en finir avec le gouvernement Bayrou de se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et à tout faire pour sa réussite», encouragent les Insoumis. Toutefois, jusqu’à aujourd’hui, la stratégie de LFI n’a pas été un succès, ne pouvant se vanter que de la dernière chute du gouvernement de décembre dernier, qui n’a été possible que grâce au poids à l’Assemblée Nationale des députés du Rassemblement National. Une victoire que les Insoumis se sont pourtant pleinement attribuée et qui au vu de la politique actuelle du gouvernement n’a pas vraiment fait bouger le curseur. Faire tomber un autre gouvernement en moins d’un an semble également très peu pragmatique, sachant que les deux dernières motions de censure de gouvernement réussies ont soixante ans d’écart. LFI semble croire que cette stratégie est la bonne plutôt que de miser sur la structuration d’un véritable programme crédible pour la prochaine élection présidentielle. Toutefois, tant qu’ils auront des électeurs prêts à voter pour eux quoi qu’il arrive, le parti continuera à user des mêmes méthodes plutôt qu’à se crédibiliser, comme l’a fait par exemple le Rassemblement National ces quinze dernières années.