Pâle copie
Par Mohamed El-Maadi – Nous assistons à un spectacle désolant : celui d'un cinéma algérien qui se contente d'être une pâle copie des productions impérialistes, sans âme, sans message, sans identité. L’article Pâle copie est apparu en premier sur Algérie Patriotique.
Par Mohamed El-Maadi – L’heure est venue de parler sans détour de notre cinéma algérien, qui traverse une crise d’identité profonde et douloureuse. Cette industrie culturelle, qui avait su par le passé produire quelques œuvres remarquables et porter des messages forts, s’est progressivement égarée. Notre cinéma avait réussi à construire une voix distincte, proposant une vision singulière du monde, une lecture sans concession des rapports de force internationaux. Il osait démasquer l’hypocrisie des puissants et dénoncer la duplicité des valeurs occidentales avec une authenticité qui lui était propre.
Aujourd’hui, nous assistons trop souvent à un spectacle désolant : celui d’un cinéma qui se contente d’être une pâle copie des productions impérialistes, sans âme, sans message, sans identité. Cette dérive est d’autant plus impardonnable que notre pays regorge d’histoires à raconter, de combats à mener, de vérités à révéler.
Il est impératif que notre septième art retrouve sa vocation première de cinéma de combat et de propositions. Nous ne pouvons plus nous permettre d’être de vulgaires imitateurs d’un système que nous dénonçons par ailleurs. Notre caméra doit redevenir une arme de conscientisation massive, nos scénarios des manifestes pour la justice, nos images des témoignages de résistance culturelle. Le peuple algérien mérite un cinéma qui l’éveille, le questionne, le bouscule et le pousse à s’engager. Car un peuple nourri de culture véritable devient naturellement imperméable aux manipulations et se transforme en rempart inébranlable contre toute atteinte aux symboles de notre nation.
Cette renaissance cinématographique que nous appelons de nos vœux ne signifie nullement l’abandon des films traitant de l’intime. Au contraire, explorons aussi la complexité des relations humaines, les mystères de l’amour, les rêves et les aspirations profondes de notre société. Mais faisons-le avec notre sensibilité, notre regard, nos valeurs, loin des clichés occidentaux qui dénaturent nos réalités.
L’Algérie mérite infiniment mieux que ces productions insipides qui infantilisent le public et coûtent si peu en matière d’inspiration. Notre cinéma doit impérativement se réveiller de sa torpeur et rugir sa colère contre un ordre mondial profondément injuste. Il doit redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un outil d’émancipation intellectuelle, un vecteur de fierté nationale, un espace de création authentique.
Pour que cette renaissance soit possible, il est impératif que les censeurs et autres inquisiteurs auto-proclamés cessent leur travail de sape. La créativité de nos artistes ne peut plus être étouffée par des considérations bureaucratiques ou moralisatrices dépassées. Notre cinéma a besoin d’oxygène, de liberté, d’audace pour retrouver sa place d’antan dans les grands festivals internationaux et porter haut la voix de l’Algérie.
Le moment est venu de réinvestir massivement dans notre industrie cinématographique, non seulement en termes financiers, mais surtout en termes de formation, de soutien aux jeunes talents, de modernisation des infrastructures. C’est à ce prix que nous pourrons reconstruire un cinéma digne de notre histoire, de nos ambitions et de nos rêves.
Avec la plus haute considération pour l’avenir de notre culture nationale.
M. E.-M.
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