Premier contact officiel entre Américains et le nouveau pouvoir à Damas

La première rencontre entre des officiels américains, de haut rang comme disent les médias, et le premier personnage du nouveau pouvoir à Damas, Ahmed Achar, dont l’un des premiers soins avait été de diminuer le volume de sa barbe d’ancien djihadiste, a tout l’air de s’être bien passée, mais sans qu’on puisse affirmer pour autant […]

Déc 21, 2024 - 20:00
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Premier contact officiel entre Américains et le nouveau pouvoir à Damas

La première rencontre entre des officiels américains, de haut rang comme disent les médias, et le premier personnage du nouveau pouvoir à Damas, Ahmed Achar, dont l’un des premiers soins avait été de diminuer le volume de sa barbe d’ancien djihadiste, a tout l’air de s’être bien passée, mais sans qu’on puisse affirmer pour autant qu’elle a constitué l’amorce d’une relation renouvelée entre les deux pays. Sans aller plus loin, un bémol s’impose déjà : la conférence de presse que la délégation américaine devait tenir à l’issue des discussions n’a finalement pas eu lieu, soi-disant pour des raisons sécuritaires, mais plus vraisemblablement pour des motifs plus fondamentaux. En effet, s’il y avait le moindre risque au plan sécuritaire, c’est le voyage lui-même qui aurait été annulé ou reporté, pas seulement la conférence de presse terminale. Au fond, l’attitude plutôt favorable des Américains vis-à-vis du nouveau pouvoir en Syrie n’est pas très différente de celle des autres puissances ayant des intérêts à défendre dans ce pays, à l’exception notable de l’Iran, qui lui n’attend rien de bon venant de forces qu’il avait combattues en ennemis et qui du reste n’ont pas attendu longtemps avant d’exprimer dans leur nouvelle position toute leur hostilité à son égard.

Cette attitude est celle de l’Union européenne, en gros celle de la Russie également, qui pourtant n’était pas dans le même camp avant la chute du régime de Bachar el Assad, pour ne parler que des acteurs les plus présents sur la scène syrienne. Il s’agit pour tous, il est vrai à des degrés différents, et surtout pour des raisons différentes, de pouvoir continuer à dialoguer avec le nouveau pouvoir, seul moyen de conserver une certaine influence dans un pays en pleine mue. Preuve que les Américains voient d’un bon œil le nouveau pouvoir syrien, l’annonce faite par eux à l’issue de leur première rencontre avec son homme fort de supprimer la récompense qu’ils comptaient accorder à quiconque pouvait livrer un renseignement sur Ahmed Achar susceptible de conduire jusqu’à lui. Mais preuve aussi que toutes leurs préventions à son égard ne sont pas tombées, leur refus d’effacer le nom de Haïat Tahrir Echam, c’est-à-dire le nouveau pouvoir syrien, de leur liste des organisations terroristes. On ne peut pourtant pas dire que les nouveaux maîtres de Damas ne font pas assez pour entrer dans les bonnes grâces des Etats-Unis, et d’une façon générale de tous les Occidentaux, les ennemis du régime déchu. C’est ainsi qu’ils ont dit et répété qu’ils ne vouaient aucune hostilité particulière pour Israël, laissant clairement entendre par là qu’il le considérait un Etat de la région comme un autre, ce qui à son tour implique qu’ils n’écartent pas la possibilité d’une normalisation avec lui. Si demain il s’avérait que pour eux pas de salut en dehors de cette normalisation, ils s’y résoudraient d’autant plus volontiers qu’ils ont en commun avec Israël le même ennemi principal : l’Iran bien sûr. Les Américains, évidemment, ont relevé cette bonne disposition chez les nouveaux détenteurs du pouvoir à Damas, mais comme ils ne sont pas certains que ces derniers sont en place pour longtemps, dans un pays qu’ils savent parcouru par de profondes fissures, ils préfèrent attendre encore avant de prendre les grandes décisions, ce qui de toute façon reviendra à la prochaine administration.

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