Que feraient les démocrates si malgré tout ils perdaient ?

S’il y a une élection que les démocrates n’ont, pour ainsi dire, absolument pas le droit de perdre, c’est bien la présidentielle qui se tranche demain, étant donné qu’elle a déjà commencé, plus de 70 millions d’électeurs ayant déjà voté, soit en se rendant aux urnes, soit en recourant à la voie postale. De sorte que s’il y avait moyen de sonder seulement, non pas de compter ces voix déjà exprimées, on saurait qui de Kamala Harris et de Donald Trump sera le prochain locataire de la Maison-Blanche. Mais il n’en existe pas, du moins en théorie, car ceux pour qui la pire des catastrophes serait de perdre cette élection, et qui pour ne pas se retrouver dans ce cas seraient prêts à bien des manipulations, pourraient bien quant à eux avoir une idée de ce dont les urnes déjà remplies et scellées sont grosses. On n’entend du côté démocrate nulle crainte s’exprimer sur la régularité du scrutin de demain. En revanche, cela est chose courante chez les républicains, dont une grande majorité pense que l’élection de Joe Biden a été due à la fraude, tout en n’excluant pas que cette dernière sévisse à nouveau lors de l’élection de demain. Cependant, nulle preuve n’a jamais été apportée par aucun d’eux sur cette fraude, bien qu’ils semblent en être certains.

Mieux encore, ils semblent savoir comment elle s’est produite, ou plutôt par quel biais elle a faussé l’élection, celui du vote par correspondance, une pratique légale dans deux tiers des Etats américains. On a estimé qu’un quart des électeurs a voté de cette façon à la présidentielle de 2020, il est vrai tenue dans un contexte marqué par la pandémie de coronavirus. Pour autant, les républicains n’ont jamais été particulièrement explicites à cet égard. Tout s’est passé en fait comme s’ils n’avaient fait en dénonçant la fraude de 2020 que rendre la pareille aux démocrates qui avaient nié la légitimité de l’élection de Trump en 2016, l’imputant à l’immixtion des Russes dans le processus électoral. Les républicains ont déjà fait savoir qu’ils ne reconnaitraient pas le résultat annoncé si une fois de plus il leur était défavorable. Dans tout pays, pareille attitude conduirait à la guerre civile. Peut-être que la chose vaudrait aussi pour les Etats-Unis, mais le fait est qu’on ne peut pas en être sûr par avance. La victoire de Kamala Harris peut être si écrasante et évidente que les républicains n’auraient d’autre choix au bout du compte que de l’admettre. Mais quelle serait leur réaction si elle était courte, et comme telle sujette à caution ? Soit ils font ce qu’ils ont déjà fait par le passé, c’est-à-dire la contester mais sans entrer en rébellion ouverte, soit au contraire ils se rebellent et dans ce cas c’est la guerre civile. Des deux éventualités, c’est la première qui semble la plus probable, car une guerre civile, en particulier pour un Etat qui en a fait l’expérience, n’est pas quelque chose dans laquelle on aimerait retomber. Mais imaginons que l’élection est remportée non pas par les démocrates mais par les républicains, quelle pourrait bien être la réaction des premiers ? Accepteraient-ils leur défaite ? En principe oui, puisqu’ils ne croient même pas que la fraude soit possible aux Etats-Unis. Mais ce serait pour eux pire que perdre une guerre contre la Russie. S’ils ne se posent pas cette question, c’est peut-être parce qu’ils sont certains de ne pas perdre l’élection de demain, alors même que peut-être jamais une élection américaine n’a été aussi incertaine.