Relance de l’industrie automobile: Un conseil des expertises nationales pour structurer un secteur en mutation
Dans un appel diffusé jeudi, le ministère de l’Industrie invite les compétences algériennes, établies aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, à se porter candidates pour la création d’un «conseil national d’expertise dans l’industrie automobile et les pièces de rechange». Par Fatima Arab Les objectifs de ce conseil sont, selon le département de l’industrie, […]

Dans un appel diffusé jeudi, le ministère de l’Industrie invite les compétences algériennes, établies aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, à se porter candidates pour la création d’un «conseil national d’expertise dans l’industrie automobile et les pièces de rechange».
Par Fatima Arab
Les objectifs de ce conseil sont, selon le département de l’industrie, la mobilisation du savoir-faire et les expériences pour accompagner la stratégie nationale de développement de ce secteur stratégique. Ce nouvel organe consultatif, que le ministère souhaite constituer à court terme, devrait rassembler des ingénieurs, techniciens, cadres industriels, chercheurs et consultants algériens ayant une solide expérience dans l’automobile, dans la mécanique de précision, l’électronique, la logistique ou encore la gestion des chaînes d’approvisionnement. Cette initiative intervient dans un contexte de reconfiguration profonde du secteur automobile en Algérie. Depuis l’abandon du système d’assemblage SKD/CKD, largement critiqué pour ses coûts élevés et ses faibles retombées industrielles et les irrégularité enregistrées, les autorités misent désormais sur un modèle plus intégré, centré sur la véritable fabrication locale et le développement de la sous-traitance nationale et des taux d’intégration plus élevés. Ainsi, après plusieurs années de flottement, plusieurs marques ont manifesté leur volonté d’investir avec des projets d’installation ou de production sur le sol algérien. Mais ces initiatives, bien que prometteuses, restent limitées par l’insuffisance du tissu industriel local, le manque de normes homogènes et la faible structuration du réseau des équipementiers. Le secteur de l’automobile reste un domaine sous exploité. Il est pourtant censé être comme un levier majeur de diversification de l’économie algérienne, encore largement tributaire des exportations d’hydrocarbures. Le pays dispose de réserves humaines qualifiées, d’un marché intérieur dynamique, et d’une position géographique favorable aux échanges avec l’Europe et l’Afrique. Mais pour transformer ce potentiel en véritable filière industrielle, l’État mise sur une expertise stratégique et technologique, d’où cet appel à contribution.
L’occasion de cet appel est donc de réunir l’expertise nationale en matière d’implantation, de transfert technologique et de partenariat, et de contribuer à l’élaboration de cahiers des charges réalistes et adaptés, en phase avec les exigences et les normes internationales. L’appel du ministère s’adresse également aux Algériens de la diaspora. De nombreux ingénieurs et techniciens algériens qui exercent dans les grandes entreprises automobiles à l’étranger pourraient mettre leur expérience au service de la relance industrielle du pays. L’ambition est claire : faire du Conseil des expertises nationales un levier de gouvernance technique. Il ne s’agira pas certainement d’un simple organe symbolique, mais bien d’un espace d’échange, de veille technologique et de proposition de solutions concrètes. Ses travaux pourraient servir à élaborer une feuille de route pour les prochaines années, avec des objectifs précis en matière de production locale, de taux d’intégration, de formation professionnelle et d’exportation. Ceci a condition que cet appel à mobilisation saura convaincre les compétences ciblées. Car nombre d’entre elles, en Algérie comme à l’étranger, restent sceptiques sans une réforme réelle pour mettre fin aux blocages bureaucratiques persistants et au manque de continuité dans les politiques publiques. Pour relever ce défi, les pouvoirs publics devraient démontrer leur capacité à instaurer un climat de confiance, de transparence et d’efficacité. La création du conseil national d’expertises pourrait alors marquer un tournant dans le développement de cette filière avec la nouvelle politique industrielle prônée et en valorisant ses propres ressources humaines.
F. A.