Services saturés, patients à bout de souffle : Crise inédite à l’hôpital Mohamed Seddik Benyahia de Jijel

L’Etablissement Public Hospitalier (EPH) Mohamed Seddik Benyahia traverse une crise sans précédent, laissant de nombreux patients dans une situation critique face à l’impossibilité d’obtenir une prise en charge chirurgicale urgente. Une visite récente dans cet établissement, autrefois pilier de la santé publique dans la région, révèle une situation alarmante où les malades s’entassent dans des conditions précaires aux urgences. Le cas d’un homme victime d’une chute depuis un pont à Ziama Mansouriah illustre la gravité de la situation. Souffrant de multiples fractures du bassin et nécessitant une intervention chirurgicale immédiate, il s’est vu refuser toute prise en charge faute de moyens et de spécialistes. Les tentatives de transfert vers les hôpitaux d’Alger, Constantine ou Béjaïa se sont toutes soldées par des échecs, le laissant dans un état critique. Un autre exemple poignant est celui d’un patient atteint d’une thrombose au pied, contraint de passer une nuit entière sur une chaise aux urgences. Face à l’impossibilité d’intervenir, le personnel médical n’a pu que lui conseiller de se tourner vers une clinique privée ou un autre établissement, une option souvent inaccessible financièrement pour de nombreux citoyens. La saturation des services met en lumière des carences structurelles majeures : manque de ressources humaines qualifiées, insuffisance d’équipements médicaux et gestion inadaptée aux besoins locaux. Les salles d’opération, souvent inutilisables faute de matériel adéquat, symbolisent le délabrement d’un système de santé local en détresse. Face à cette situation critique, trois axes d’intervention prioritaires se dégagent. Premièrement, la modernisation urgente des infrastructures, notamment des blocs opératoires et des urgences, pour assurer un accueil digne et sécurisé des patients. Deuxièmement, l’acquisition d’équipements de diagnostic avancés et d’outils spécialisés, particulièrement en orthopédie et traumatologie, pour éviter les transferts coûteux vers d’autres wilayas. Enfin, le recrutement massif de personnel médical et paramédical qualifié, notamment des chirurgiens et des spécialistes, accompagné d’une amélioration significative des conditions de travail. Pour garantir une gouvernance efficace et transparente, la mise en place de comités de gestion incluant professionnels de santé, gestionnaires et représentants des citoyens apparaît comme une nécessité. Ces instances permettraient d’assurer une meilleure adéquation entre les ressources disponibles et les besoins réels de la population. La situation actuelle de cet hôpital exige une mobilisation immédiate des autorités sanitaires. Sans une intervention rapide et coordonnée, cet établissement, jadis source d’espoir pour les habitants de Jijel, risque de continuer sa descente vers un point de non-retour, mettant en péril la santé et la vie de milliers de citoyens.

M. Bouchama

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