A maintenant seulement une semaine de l’intronisation de Trump, il y a en Israël un battage médiatique sur l’imminence d’un accord entre Israël et la résistance palestinienne représentée par le Hamas aux négociations en cours depuis quelque temps à Doha qu’il ne serait pas exagéré de qualifier d’assourdissant. La concurrence à cet égard est à son summum. C’est à qui sera le premier à annoncer que cela est fait, que l’accord vient d’être conclu, et qu’en voilà le détail. Benjamin Netanyahou aurait tenu deux réunions, l’une avec les chefs militaires et les principaux personnages de son gouvernement, et l’autre avec les deux va-t-en guerre devant l’Eternel que sont Smotrich et Ben-Guévir, contre l’avis de qui rien n’est possible. Et miracle, ils n’auraient pas brandi à cette occasion la menace de faire tomber le gouvernement si un accord était conclu. Du côté de l’administration américaine sortante, même son de cloche : l’accord est sur le point d’être conclu, et il est dans l’esprit des propositions de Joe Biden faites vers le milieu de l’année 2024. Pour une fois, l’intérêt du président sortant rejoint celui du président rentrant. Biden et les démocrates sont d’autant plus désireux de quitter la scène sur une réussite qu’ils ont subi une défaite magistrale devant Trump. Et ce dernier ne demanderait pas mieux que de faire coïncider son investiture avec la libération des otages.
Un président dont le retour au pouvoir est salué d’une façon aussi exceptionnelle, à l’évidence n’est pas un président comme un autre. A Doha en ce moment se trouvent les envoyés des deux administrations américaines, occupées à faire pression sur les négociateurs dans la même direction, vers le même but : mettez-vous d’accord quand ce ne serait que sur le minimum vital, faites vite parce que Biden s’en va déjà et que Trump arrive à grands pas. Autrement, disent les trumpistes, ce sera l’enfer… pour le Hamas. Autre point d’entente des deux administrations : si malgré tout il n’y a rien d’ici le 20 janvier, il va de soi qu’Israël n’y sera pour rien, que la faute n’en incombera qu’au Hamas, ce qui tout compte fait serait assez conforme à sa nature d’organisation pour eux terroriste. Mais les mêmes qui nous disent qu’un accord est imminent prennent néanmoins soin de nous signaler que toutes les divergences ne sont pas surmontées pour autant, qu’il en reste quelques-unes de non négligeables, sans jamais du reste spécifier lesquelles précisément, et que la proximité du 20 janvier n’est pas la baguette magique susceptible de faire aplanir tous les obstacles. En fait, on ne peut même pas exclure que cette espèce de veillée qui se prolonge ne soit une campagne de désinformation, dont la finalité est de permettre aux Israéliens et aux Américains de dire ensuite qu’on était à deux doigts d’un accord, mais que les Palestiniens ont à la dernière minute fait capoter. Et que dans leur malignité ils ont attendu pour cela que la cérémonie d’intronisation de Trump devienne une question d’heures sinon de minutes, ou même ait commencé. Cela dit, même arrivé à ce point, rien n’empêcherait le Hamas ou tout autre groupe palestinien, de prendre l’initiative de libérer des otages par pure humanité d’une part, et à titre de cadeau pour Trump d’autre part, qui alors lui en saurait gré. Pas d’accord passé, soit, mais des libérations malgré tout, triées sur le volet certes, ce qui ferait plaisir à la fois à Trump et aux familles des otages. Et qui mieux encore, ennuierait beaucoup Netanyahou et compagnie.