A l’ombre d’une mesure controversée : Chetaïbi s’offre une publicité inédite

Qui se rappelle de la montée fulgurante de l’ex-FIS, lorsque les gourous de cette nébuleuse aux visées hégémoniques, se sont auto-mandatés pour changer les mœurs d’une société algérienne dissolue à leur goût, et qui avait besoin, selon eux, d’une rééducation morale conformément à une conception rigoriste d’un islam sous influence wahabite ? Même les équipe de football n’y ont pas échappé. Souvenez-vous du RC Kouba, qui avait abandonné les shorts classiques pour des bermudas au-dessous des genoux !  Aujourd’hui, et malgré la disparition de l’ex-FIS, cette manière de vouloir culpabiliser les Algériens n’a pas cessé pour autant. Bien au contraire, elle continue à se manifester par intermittence, en prenant plusieurs formes. La décision prise par les autorités locales de la commune de Chetaïbi d’interdire aux citoyens de circuler en short en ville, et qui avait provoqué une vive controverse, découle de cette pensée rétrograde, qui n’a rien à voir, mais absolument rien à voir avec la préservation de la morale et de la décence dans les espaces publics. « Cette décision répondait à un grand nombre de plaintes exprimées par les gérants d’institutions publiques et par des familles », ont justifié les autorités locales, qui sont revenus cependant sur leur décision, apparemment suite à un rappel à l’ordre provenant des autorités de la wilaya de Annaba. Pourquoi s’étaient-elles donc retractées si la mesure qu’elles avaient prise était réellement motivée par « plusieurs plaintes déposées par des responsables d’établissements publics et de citoyens, dénonçant la gêne occasionnée par certaines tenues jugées inappropriées » ? Qu’en serait-il si demain, cette localité paradisiaque au sens propre du terme était submergée par des centaines de touristes européens ?  Rarement citée dans les médias nationaux, la commune de Chetaïbi a, cette fois-ci, réussi à faire l’actualité à l’ombre d’une mesure largement critiquée sur les réseaux sociaux. Elle s’est offert une large publicité incitant les estivants à s’orienter vers d’autres localités côtières plus accueillantes. En quoi le port d’un short pourrait-il incommoder ? N’y a-t-il pas d’autres priorités que les membres de la commune auraient été très inspirés en les prenant en charge, telles que la sécurité et la salubrité des lieux, la prise de mesures adéquates pour accueillir le maximum d’estivants et renflouer les caisses de la commune ? Cette affaire de « tenues jugées inappropriées » va à contre-courant de la politique en matière de tourisme que l’Etat s’attèle à mettre en place. Elle est carrément fausse, et ne reflète en aucune manière le conservatisme authentique et originel que la population de Chetaïbi veut sauvegarder, car elle n’est pas dénuée d’arrière-pensées. De mémoire d’Algérien, a-t-on déjà vu des estivants se promener en ville en « maillot de bain » ?

Mohamed Mebarki

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