Marché parallèle de la devise : Pourquoi l’euro flambe-t-il

Les vacances d’été riment, pour les membres de notre communauté émigrée, avec un retour  en force au pays pour une immersion enjouée et festive   dans l’ambiance familiale. Ce retour au pays est une bénédiction pour la monnaie  algérienne qui retrouve un peu la couleur  grâce à l’apport  massif de l’euro qui est injecté dans le marché parallèle  agissant comme un levier stabilisateur sur l’offre de devises. Juste, à titre de rappel, la banque d’Algérie autorise un algérien résident à l’étranger à faire rentrer  un montant maximum  de 7500 euros, à condition de déclarer au service des douanes toute somme supérieure à 1.000 euros.  A compter  sur la base de 3, 5 millions le nombre d’Algériens qui  rentrent  chaque été au pays, (selon des chiffres publiés dans la presse) avec 7500 euros chacun, cela fait un apport considérable  qui reste néanmoins théorique. Il faut donc attendre début juillet, date d’arrivée de nos  juilletistes, débarquant  avec leurs devises en poche pour vérifier sur le terrain comment le change se fait et surtout son impact sur l’offre. Car, pour le moment, sur le marché parallèle, le dinar n’a jamais été au plus bas, avec un taux de change jamais atteint, soit 100 euros pour 26.200 dinars, à l’achat, bien sûr. Pourquoi un tel emballement ? « Les gens profitent pour acheter maintenant, car les mois de juillet et août avec les départs massifs en vacances, il y aura une forte pression sur la demande qui affectera encore la valeur du dinar », nous expliquait mercredi Salim, un jeune d’une quarantaine d’années, gérant d’une boutique d’articles de sport qui pratique aussi   , l’activité de cambiste. Un autre facteur explique aussi cette nouvelle flambée de l’euro, à savoir l’arrivée sur le marché  des « commerçants  du cabas » dont l’activité est légalisée sur  décision du président de la République. Est-ce que la Banque d’Algérie va financer leurs importations, dès lors qu’ils sont reconnus officiellement comme des acteurs du marché ? Dans le cas contraire, ils n’auront d’autre choix que  de faire appel au square Port Saïd, la place forte du change cambio à Alger. Un autre phénomène nouveau participe à doper la  demande en devises : les mariages. « Beaucoup de famille  se rendent en Turquie, en Indonésie, aux Emirats pour faire les trousseaux  des futures mariées, comme les robes, les maquillages, les parfums et même l’or », nous apprend encore notre interlocuteur, Salim. A l’évidence, il faut ajouter à ce spectre de facteurs, l’indécision du Gouvernement s’agissant de l’allocation touristique. Les 750 euros décidés officiellement par le Gouvernement en Conseil des ministres, mesure devant prendre effet à partir de janvier 2025, semble être une promesse de gascon. La réponse du ministre des Finances au député qui l’interrogeait la semaine dernière  sur « le retard » de la Banque d’Algérie à mettre en œuvre le changement décidé par le président de la République, est on ne peut plus significative. « Adressez-vous au PDG de la banque d’Algérie, la décision relève de son ressort », répliquait au parlementaire  Abdelkrim Bouzerd le ministre des Finances, dans un propos sans conviction qui ressemble à un « botter en touche »  C’est autant de facteurs et probablement d’autres  qui laissent présager que l’été sera très chaud pour le dinar plus que jamais en perte de crédit.

H.Khellifi.

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