Arrestations

En Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan tente à tout prix de maintenir son pouvoir et sa mainmise sur le pays et n’hésite plus à utiliser tous les moyens à sa disposition pour attaquer ses adversaires. Il y a quelques mois, il mettait purement et simplement son futur opposant à la présidentielle, le très populaire […]

Juin 24, 2025 - 23:30
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Arrestations

En Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan tente à tout prix de maintenir son pouvoir et sa mainmise sur le pays et n’hésite plus à utiliser tous les moyens à sa disposition pour attaquer ses adversaires. Il y a quelques mois, il mettait purement et simplement son futur opposant à la présidentielle, le très populaire maire d’Istanbul, en prison. Aujourd’hui, il multiplie les arrestations. En effet, la police turque a arrêté hier 158 militaires soupçonnés d’être liés à la nébuleuse du défunt prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’avoir ourdi une tentative de coup d’État en 2016, a annoncé le parquet d’Istanbul. Selon l’agence de presse étatique Anadolu, ces arrestations, qui s’ajoutent à une cinquantaine d’autres survenues fin mai, ont eu lieu dans 43 des 81 provinces du pays, dont celles d’Istanbul et d’Izmir. 18 autres militaires restent recherchés, a indiqué le parquet, selon qui ces arrestations visent en premier lieu l’armée de terre. Fethullah Gülen, décédé fin octobre aux États-Unis où il vivait depuis plus 25 ans, fut un proche allié du président turc Recep Tayyip Erdogan avant d’en devenir l’ennemi juré. Ankara accuse les partisans de Fethullah Gülen d’avoir patiemment infiltré les institutions turques, dont la justice, l’armée, la police et l’enseignement, pour mettre en place un «État parallèle». Près de 26 000 personnes accusées d’appartenance à la nébuleuse guléniste, qualifiée de «terroriste» par Ankara, ont été arrêtées depuis le coup d’État raté de 2016. Parmi elles, plus de 9 000 ont été placées en détention, selon la justice turque. Après la mort du prédicateur, qui a toujours nié être lié à ce putsch manqué, le président Erdogan avait juré de poursuivre ses partisans jusque «dans les endroits les plus reculés du monde». Le président turc n’hésite pas également à museler toute voix discordante et pour se faire à viser la presse. Un tribunal d’Istanbul a ainsi ordonné dimanche l’incarcération du journaliste turc Fatih Altayli, l’un des commentateurs politiques les plus populaires du pays. Le journaliste est accusé de «menace» envers le président Recep Tayyip Erdogan. L’opposition y voit un nouveau symbole des tentatives du pouvoir pour intimider les voix critiques, en particulier dans le contexte de l’incarcération, il y a trois mois, d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul. C’est certainement une nouvelle étape dans la répression des médias et des voix critiques en Turquie. Peut-être aussi, selon certains observateurs, le signe avant-coureur d’une nouvelle vague d’arrestations dans les milieux d’opposition. Fatih Altayli, l’un des journalistes les plus populaires du pays, est en prison depuis ce dimanche 22 juin. Il a été arrêté samedi dans la soirée. Son compte YouTube, sur lequel il présente une émission quotidienne, rassemble plus d’1,5 million d’abonnés. Son compte X est suivi par 2,8 millions d’abonnés. Peu avant son arrestation, Fatih Altayli avait commenté un sondage selon lequel 70 % des Turcs s’opposeraient à une présidence à vie de Recep Tayyip Erdogan. Pour illustrer son propos, le journaliste avait rappelé que plusieurs sultans ottomans avaient fini «assassinés» ou «étranglés». Le parquet y a vu une menace contre le président, une accusation que rejette Fatih Altayli, qui affirme que ses mots ont été sortis de leur contexte. Au pouvoir depuis 22 ans, dont onze à la tête de l’État, Erdogan a laissé entendre qu’il pourrait briguer un nouveau mandat, alors que la Constitution ne l’y autorise pas. Il pourrait toutefois se maintenir au pouvoir grâce à l’organisation d’élections anticipées ou une réforme constitutionnelle. Reste à voir quelles autres méthodes le dirigeant turc utilisera dans les semaines et mois à venir pour s’accrocher au pouvoir et surtout combien de temps le peuple turc acceptera de voir son pays se transformer en dictature dirigée par un homme qui semble prêt à tout pour garder son emprise sur un pays qui, il y a quelques décennies, était un exemple pour de nombreuses nations en voix de développement.
F. M.