Conspiration franco-israélo-marocaine : Adnane et Dounia Filali nous disent tout
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Algeriepatriotique : Vous avez dénoncé, dans un nouveau communiqué, le harcèlement et le déni de droit dont vous êtes victimes en France. De quoi s’agit-il exactement ?
Dounia et Adnane Filali : Depuis notre arrivée en France, nous sommes confrontés à un harcèlement administratif continu de la part des autorités françaises. Une situation qui perdure depuis désormais quatre ans. Dans ce communiqué, nous souhaitons revenir exclusivement sur les faits liés à notre dernière mise à jour.
Après un combat juridique acharné devant les juridictions françaises, visant à faire reconnaître nos droits face à des tentatives illégales d’éloignement initiées par la préfecture de Paris, relevant du ministère de l’Intérieur, nous avons remporté l’ensemble des procédures engagées.
Il est important de rappeler que nous bénéficions de plusieurs formes de protection internationale : l’une octroyée par la Chine à travers le HCR, et l’autre par les autorités françaises elles-mêmes.
Il est donc juridiquement et moralement inacceptable, en totale contradiction avec le droit international, européen et français, de tenter de renvoyer des réfugiés politiques vers un pays contre lequel ils ont obtenu l’asile. Faut-il rappeler que la France est signataire de la Convention de Genève, qui interdit formellement le refoulement des personnes protégées ?
Le problème réside dans le fait que, depuis deux ans, malgré des décisions de justice définitives reconnaissant pleinement notre droit au séjour en France, la préfecture persiste à ne pas les appliquer. En conséquence, nous sommes maintenus dans une situation intenable, privés de tout document d’identité, en violation flagrante de nos droits. Et ce, malgré les multiples relances de nos avocats, nos démarches personnelles, ainsi que les astreintes prononcées par le juge et le tribunal administratif eux-mêmes. Le procureur de Paris, quant à lui, demeure silencieux, refusant de faire exécuter des jugements pourtant clairs et définitifs.
Comment expliquez-vous cette attitude hostile des instances relevant du ministère français de l’Intérieur à votre égard ?
Une fois encore, cet épisode s’inscrit dans la continuité du harcèlement administratif que nous subissons de la part des autorités françaises. Ce harcèlement a débuté avec l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), s’est poursuivi avec l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), suivie d’une décision politique de la CNDA et s’étend aujourd’hui, de manière tout aussi systématique et logique, à la préfecture de Paris. Toutes ces institutions, bien qu’elles revendiquent une certaine indépendance, agissent sous l’autorité directe ou indirecte du ministère de l’Intérieur.
En ce qui nous concerne, notre affaire revêt clairement un caractère d’Etat. Les décisions nous visant sont dictées par des consignes émanant des plus hautes sphères de l’appareil étatique. Le ministère de l’Intérieur ne fait qu’exécuter ces orientations. Nous faisons l’objet d’une véritable persécution politique, motivée par le souci de préserver les relations bilatérales entre la France et le Maroc.
Nous disposons de documents confidentiels étayant cette réalité. Toutefois, il suffit d’observer attentivement notre parcours en France pour en prendre la mesure : nous sommes victimes d’un véritable ostracisme, d’un black-listage manifeste et d’un déni persistant de nos droits par la majorité des institutions de ce pays.
Y a-t-il, selon vous, une collusion entre le gouvernement français et le régime marocain ? Retailleau obéit-t-il à des directives qui lui parviennent de Rabat ?
Etre entre les mains de l’Elysée, c’est comme être entre celles du Makhzen : seules les méthodes de répression diffèrent. Il existe, à l’évidence, une alliance étroite entre la France et le Maroc, une proximité que l’on ne soupçonnait pas d’être aussi fusionnelle. Les accords d’interdépendance de La Celle-Saint-Cloud ne relèvent pas du mythe : nous en sommes la preuve vivante. La France protège le régime marocain, quoi qu’il lui en coûte, au mépris du droit international, de la loi et de toute notion d’humanité. L’essentiel, semble-t-il, est de sauver le «soldat Mohammed VI». Nous pensions qu’après l’affaire Ben Barka, les choses avaient évolué. Il n’en est rien.
M. Retailleau n’est qu’un exécutant. Avant lui, notre dossier était géré par Gérald Darmanin, qui n’a jamais hésité à écraser nos droits sur le sol français. Son successeur poursuit cette logique avec la même brutalité. Rien ne change car notre situation relève d’une affaire d’Etat : peu importe le nom du responsable, les consignes restent inchangées et sont appliquées avec la même rigueur. Il ne s’agit pas simplement de directives isolées en provenance de Rabat, mais bien d’une entente stratégique entre deux Etats visant à réduire au silence deux journalistes reconnus, deux personnalités dont la parole dérange.
Nous disposons de notes confidentielles nous concernant, émanant directement des autorités marocaines et transmises à plusieurs ministères français. Nous n’avons évidemment aucun doute sur l’existence d’une communication étroite entre les deux Etats à notre sujet. Depuis que la main de l’Etat français s’est rendue visible dans notre persécution, plus aucun média français n’ose parler de nous. A chacun d’en tirer ses propres conclusions.
La France ne fait ici qu’exécuter une demande politique du Maroc : celle de briser nos vies, de rendre notre existence impossible, uniquement pour préserver une alliance bilatérale. Ce marché diplomatique, conclu dans l’ombre, ne peut être accompagné que de contreparties pour la France : contrats, concessions et autres faveurs accordées par la monarchie marocaine à son allié historique.
Il ne faut pas oublier la responsabilité de certains lobbys en France, notamment ceux liés au Maroc ou alliés à cette monarchie du Maghreb, dans notre persécution et leur influence non négligeable sur certaines décisions prises à notre encontre.
Que dénoncez-vous au Maroc qui vous vaut autant d’animosité de la part du gouvernement français et, évidemment, du régime monarchique de Mohammed VI ?
J’ai bien peur, sans aucune prétention, que nous soyons victimes de notre professionnalisme et de notre rigueur. En tant que journalistes, quelle que soit la forme utilisée pour transmettre l’information, que ce soit à travers des reportages, des enquêtes, des interviews ou des débats, nous mettons un point d’honneur à être à la hauteur des causes que nous défendons, sans jamais insulter l’intelligence du public qui nous fait l’honneur de consacrer du temps à nos travaux.
C’est précisément cela qui dérange. Si nous étions dépourvus de conscience professionnelle, si nous produisions des contenus vides, médiocres et sans exigence, personne ne prêterait attention à notre existence. Au-delà de notre travail, il est aussi de notre devoir, en tant que Marocains, de dénoncer les injustices que peut subir le petit peuple, qui n’a pas grand monde derrière lui pour faire valoir ses droits.
Les différentes campagnes internationales de dénigrement dont nous faisons l’objet visent clairement à nous discréditer. Nous sommes les premiers Marocains de l’histoire à avoir été attaqués par une certaine presse israélienne, uniquement pour satisfaire la monarchie marocaine dans son entreprise de diabolisation à notre encontre. Concernant la presse du Makhzen, il serait inutile de vous rappeler le volume industriel d’articles calomnieux publiés contre nous. Nous ne sommes pas à vendre et c’est précisément cela qui gêne : une monarchie habituée à acheter les silences ou, pire, à soumettre journalistes et professionnels des médias à sa cause.
Le gouvernement français, de son côté, ne fait que protéger son allié privilégié. La République a vu passer de nombreux journalistes et artistes aux prises de position critiques envers la doxa dominante, sans pour autant être soumis à de telles formes de persécution étatique. Mon père dirigeait un journal satirique à Paris dans les années 1980, Le Caïman, et je ne l’ai jamais entendu se plaindre de censure ou de pressions. Il est vrai que les sujets traités à l’époque concernaient exclusivement l’actualité française et internationale. Le fait que nous abordions fréquemment la question marocaine semble irriter les autorités françaises, qui, encore une fois, se sentent obligées de défendre l’indéfendable.
Sincèrement, je ne pense pas qu’elles agissent par conviction personnelle ou animosité spécifique à notre égard. Ce sont, selon toute vraisemblance, des accords de protection bilatéraux qu’elles appliquent. Le royaume se sent menacé par notre travail et fait pression sur son allié pour nous faire taire. Peut-être craignent-ils l’éveil des consciences que notre travail pourrait susciter. Je ne vois pas d’autre explication.
Quelles démarches comptez-vous entreprendre pour faire valoir vos droits en tant que réfugiés protégés par le HCR dans le cadre du droit international ?
Nous ne pouvons, pour des raisons évidentes de confidentialité, révéler ici le détail de nos démarches. Ce que nous pouvons affirmer en revanche, c’est que notre engagement pour la défense et l’application du droit ne faiblira pas, en dépit des nombreuses difficultés liées à la situation inédite que nous traversons et à la complexité d’obtenir justice dans un contexte de persécution.
Comptez-vous quitter la France pour un pays plus sûr et plus respectueux des droits que le gouvernement de ce pays bafoue dès qu’il s’agit du Maroc ?
A l’évidence, il est très compliqué pour nous, dans cette situation, de voyager sans papiers d’identité. Essayez de voyager sans passeport et sans carte d’identité et vous verrez. Ce qui est sûr, c’est que nous regrettons profondément d’avoir quitté la Chine pour la France, un pays où nous avions nos droits, respectueux du droit international et appliquant la protection au sens de la Convention de Genève de manière stricte, sans faire interférer ses intérêts politiques avant l’application du droit.
Que cache cette complicité à la limite de l’indécence entre les régimes marocain et français ?
Une fois encore, cela s’explique d’abord par les accords historiques de protection dont bénéficie le royaume. Au-delà de ces considérations diplomatiques, la réalité est plus préoccupante : la corruption exercée par le Maroc en France atteint un niveau tout simplement sidérant. Elle s’infiltre à tous les échelons de la société et de la sphère politique. Des responsables politiques, des médias, des associations, nombreux sont ceux qui, directement ou indirectement, sont abreuvés en continu par les financements marocains. Il s’agit d’une corruption systémique, massive, difficile à dénoncer tant elle semble banalisée, voire intériorisée, par ceux qui en bénéficient. L’affaire «MarocGate», révélée au sein des institutions européennes, n’est qu’un pâle reflet de ce qui se joue, de manière plus insidieuse encore, sur le territoire français.
Pensez-vous le pouvoir français actuel, incarné par Bruno Retailleau, capable de vous livrer aux autorités marocaines malgré votre statut de réfugiés ?
En tout cas, son prédécesseur, Gérald Darmanin, a tenté à plusieurs reprises de nous faire expulser et a échoué. Nous avons mené une bataille juridique acharnée devant les tribunaux et nous avons fini par le faire plier. Si son successeur venait à relancer les mêmes procédures, il connaîtrait sans doute le même échec. Car, en réalité, leur objectif n’est pas tant de nous renvoyer au Maroc – une mesure juridiquement impossible, sauf à sortir de la Convention de Genève ou à commettre une illégalité si flagrante qu’elle les discréditerait irrémédiablement aux yeux de l’histoire.
Leur véritable but est ailleurs : nous maintenir dans un état d’instabilité permanente, nous empêcher de reconstruire nos vies dans un cadre serein et nous briser lentement, moralement et physiquement. Ce sont là des méthodes de harcèlement psychologique, sinon de torture, qui nous sont infligées depuis maintenant quatre ans, au vu et au su de tous, sans que cela ne suscite la moindre réaction.
Ni la presse, ni les responsables politiques, pourtant prompts à dénoncer les injustices internationales, notamment en Palestine, une cause que nous défendons nous-mêmes, ne trouvent le courage d’évoquer une situation aussi grave, ici même, sur le sol français. La dignité et le courage semblent faire défaut à beaucoup, dès lors qu’il s’agit du Maroc et des affaires touchant à l’Etat profond français.
Seriez-vous prêts à demander le refuge à l’Algérie, une de vos compatriotes influenceuse qui se trouve dans la même situation que vous en France, menacée et harcelée, ayant formulé le vœu de demander la protection algérienne ?
Tout d’abord, je ne connais pas d’exemple historique similaire à notre situation et je doute qu’un précédent équivalent existe. Je n’ai jamais entendu parler de réfugiés politiques que la France aurait tenté à plusieurs reprises d’extrader vers le pays contre lequel ils ont obtenu l’asile. Sous d’autres aspects, seule l’histoire de Mehdi Ben Barka me semble présenter des similitudes notables avec la nôtre, notamment dans sa dimension de persécution internationale. Nous sommes, comme lui, victimes d’une coopération à trois niveaux entre la France, Israël et le Maroc.
Ben Barka a été éliminé physiquement. Dans notre cas, il s’agit d’une mort symbolique et administrative, causée par un harcèlement coordonné – médiatique, administratif, sécuritaire – et par la collaboration active de plusieurs services sur le terrain, entraînant des dommages considérables, dont certains n’ont été qu’évoqués et d’autres, beaucoup plus graves, que nous n’avons pas encore eu le temps d’aborder.
Encore une fois, privés de papiers d’identité et de documents de voyage, il nous est techniquement impossible de quitter la France pour un autre pays, que ce soit l’Algérie ou ailleurs. Et si des plans d’exfiltration vers l’Algérie existent, il va sans dire que ce n’est pas ici que nous en détaillerons les modalités.
Un dernier mot ?
Nous avons la chance de vivre une période où l’espoir redevient possible : l’espoir d’un monde dans lequel les rapports de force mondiaux tendent à s’équilibrer, où les perdants d’hier deviennent les gagnants d’aujourd’hui. La propagande et les mensonges dirigés contre des nations ayant su progresser, malgré les contraintes, les guerres et les conflits imposés par ceux qui cherchaient à les soumettre, sont désormais caducs.
Je pense ici à l’immense nation chinoise qui, en l’espace de trente ans, est sur le point de devenir la première puissance mondiale, alors qu’elle était, il n’y a pas si longtemps, considérée comme un pays du tiers-monde. Grâce à sa persévérance, à son sens de l’honneur et à sa fierté, elle a su se redresser face à l’adversité. Par le travail et le sacrifice, elle est devenue un modèle, un véritable phare pour l’humanité. Nous ne souhaitons rien d’autre que de nous inspirer de l’exemple de cette nation remarquable et de transformer notre persécution en une force qui nous mènera vers la victoire contre ces forces obscures qui souhaitent notre disparition.
Merci à vous pour cet entretien et pour le temps que vous nous avez consacré. Merci également à toute la presse algérienne, qui nous a toujours soutenus, y compris dans les moments les plus difficiles, et qui a su faire preuve de courage en dénonçant notre persécution et en abordant des sujets que la pseudo-presse libre française n’ose même pas effleurer.
Comment se fait-il que onze parlementaires européens et une partie de la presse internationale nous soutiennent publiquement, alors qu’aucun média français n’ose jamais évoquer notre situation ?
Notre cas s’explique par la géopolitique contemporaine. Certains pays se réfèrent aux droits de l’Homme, manipulent les médias et les associations pour promouvoir uniquement leurs intérêts.
Seuls les pays du Sud sont condamnés par la presse occidentale et leurs associations. Quand un pays européen, notamment la France, viole le droit international, c’est le silence total.
Mais, encore une fois, tout cela est en train de changer, comme nous le constatons avec le génocide à Gaza : les cartes sont désormais tombées, les Etats sont mis à nu.
Interview réalisée par Karim B.
L’article Conspiration franco-israélo-marocaine : Adnane et Dounia Filali nous disent tout est apparu en premier sur Algérie Patriotique.