Contorsions morales

Par Mohamed El-Maadi – La République française, ce faux havre des droits de l’Homme, expose sa gangrène morale dans un spectacle d’une ironie macabre : des militants rifains, pourchassés et harcelés sur le sol français, se voient contraints de demander l’asile à l’Algérie. Quel camouflet pour cette France qui se gargarise de ses valeurs universelles ! Ces défenseurs des droits humains, abandonnés aux chiens de garde du Makhzen en plein Paris, trouvent plus de sécurité chez ce voisin que la France accuse régulièrement d’autoritarisme.

Pendant ce temps, Rachad, cette officine de la terreur dirigée par Larbi Zitout, mercenaire idéologique grassement rémunéré par le Maroc et le Mossad, peut tranquillement menacer de mort ses dissidents. Le contraste est saisissant : d’un côté, des militants rifains contraints à l’exil vers l’Algérie faute de protection française, de l’autre, une organisation violente qui terrorise impunément ses transfuges sur le sol français.

Les services français, ces vigiles sélectifs, excellent dans l’art du deux poids, deux mesures. Ils restent sourds aux cris d’alarme des militants rifains tabassés en plein Paris, pendant que Zitout, ce spécialiste patenté de la haine monnayée, orchestre sa symphonie de la terreur contre ceux qui osent dénoncer ses accointances étrangères.

L’absurdité atteint son paroxysme quand des défenseurs des droits humains du Rif, persécutés par les services marocains en plein cœur de l’Hexagone, doivent chercher refuge en Algérie. Cette même Algérie que la France prétend régulièrement sermonner sur les droits de l’Homme devient paradoxalement le havre de paix que la «patrie des droits de l’Homme» n’a pas su être.

La Place Beauvau, ce temple de l’hypocrisie sécuritaire, regarde ailleurs, pendant que les militants rifains subissent la terreur d’Etat marocaine sur le sol français. Ces mêmes autorités, si promptes à donner des leçons de démocratie, abandonnent à leur sort ceux qui incarnent véritablement la lutte pour les libertés.

Cette République putréfiée par ses contradictions offre le spectacle pathétique d’un Etat qui force ses réfugiés à se réfugier ailleurs. L’exode des militants rifains vers l’Algérie est le plus cinglant des désaveux pour cette France qui confond désormais protection des droits et prostitution des principes.

Le système sécuritaire français n’est plus qu’une passoire sélective où les barbouzes marocaines peuvent traquer leurs opposants pendant que les autorités contemplent leur nombril bureaucratique. L’ironie est mordante : l’Algérie devient le sanctuaire que la France prétendait être.

Plus troublante encore est cette complicité passive avec les services marocains, transformant Paris en terrain de chasse aux dissidents rifains. Pendant ce temps, les plaintes s’empilent dans les commissariats, vouées à l’oubli administratif, pendant que les victimes cherchent refuge là où la France leur avait promis protection.

Cette mascarade sécuritaire atteint son apogée dans ce ballet macabre où les défenseurs des droits humains du Rif doivent fuir la «terre d’asile» pour trouver asile ailleurs. Une faillite morale qui transforme la France en zone de transit pour militants en danger, contraints de chercher ailleurs la protection que la République leur refuse.

La justice française, ce moulin à classer les plaintes qui dérangent, continue sa routine, pendant que les militants rifains font leurs valises pour Alger. Une humiliation cinglante pour cette France qui voit ses réfugiés chercher refuge chez son prétendu «mauvais» élève en matière de droits de l’Homme.

Cette France officielle, experte en contorsions morales, réussit l’exploit de transformer ses réfugiés en réfugiés au carré, les forçant à fuir leur terre d’asile pour en trouver une autre. Une République en état de décomposition morale avancée, où les principes fondamentaux se dissolvent dans l’acide des compromissions diplomatiques, jusqu’à pousser ses protégés dans les bras de ceux qu’elle prétend donner en exemple.

M. E.-M.

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