Délocalisation
Alors que Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez se lancent dans la bataille pour la présidence de leur parti, dont le vote aura lieu les 17 et 18 mai prochain, l’adversaire du ministre de l’Intérieur doit faire face à la force médiatique de son rival, dont la position l’a rendu ces derniers mois, éminemment populaire. Wauquiez […]

Alors que Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez se lancent dans la bataille pour la présidence de leur parti, dont le vote aura lieu les 17 et 18 mai prochain, l’adversaire du ministre de l’Intérieur doit faire face à la force médiatique de son rival, dont la position l’a rendu ces derniers mois, éminemment populaire. Wauquiez qui a déjà occupé le siège de président des Républicains durant un mois et demi après la présidentielle de 2017, n’avait pas réussi à bâtir une équipe autour de lui et avait même au contraire causé le départ de plusieurs cadres, en désaccords avec ses positions, très à droite. Aujourd’hui toutefois tout cela a bien changé et les positions autrefois jugé droitières de Wauquiez sont la norme à LR. Surtout alors que son Retailleau est connu pour ses positions de droite dure, qui non seulement font aujourd’hui sa popularité, mais qui pourrait lui permettre de remporter la présidence de son mouvement. Peut-être se sentant obligé de renchérir sur les positions de son concurrent, Wauquiez vient de faire une proposition qui n’a pas été accueilli aussi bien qu’il l’aurait voulu. Dans un entretien au » JDNews » il y a quelques jours, ce dernier annonce en effet souhaiter que les personnes sous obligation de quitter le territoire, considérées comme dangereuses, soient expulsées vers le territoire ultramarin, situé au large du Canada. Une proposition dénoncée, notamment, par le ministre des outre-mer. La proposition choc rivalise avec le » Guantanomo à la française » d’Éric Ciotti en 2021. Laurent Wauquiez a avancé l’idée » d’enfermer » à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). Et d’avancer un argument météorologique dans son entretien accordé au JDNews. » Il fait 5 °C de moyenne pendant l’année, avec 146 jours de pluie et de neige. Je pense qu’assez rapidement, ça va amener tout le monde à réfléchir, a détaillé le président des députés Les Républicains (LR). Vous refusez de retourner dans votre pays ? Très bien, vous prenez un aller simple pour Saint-Pierre-et-Miquelon, sans vol retour pour l’Europe. » Situé au large du Canada, l’archipel français présente l’avantage, aux yeux du candidat à la présidence de LR, de ne pas être situé dans l’espace Schengen. De quoi bloquer » tout retour dans l’Hexagone « . Si dans l’après-midi, certains députés de son groupe ont pensé à un photomontage en voyant circuler la une du magazine, l’intéressé a assumé de cogner très fort sur le sujet et de s’attaquer » au politiquement correct « . Encore plus quand il s’est agi de pointer l’impuissance de son adversaire pour la présidence du parti, Bruno Retailleau, sur le sujet des OQTF. Toutefois, cette proposition n’est pas si originale, se claquant plus ou moins sur celles du Danemark, puis du Royaume-Uni qui a suivi, d’envoyer les demandeurs d’asile dans des centres délocalisés, notamment au Rwanda. Toutefois, si la proposition de Wauquiez a choqué certains responsables politiques, les électeurs eux pourraient ne pas y être opposés, les dossiers de l’immigration et de l’insécurité étant depuis quelques années en tête des préoccupations des Français. S’il reste ferme sur ses positions, une telle proposition pourrait même lui valoir de repasser en tête des sondages de LR et de ravir la présidence à Bruno Retailleau, qui fait la course en tête avec plus de 65% d’avis favorables. Surtout qu’une victoire à la tête du parti pourrait signifier une investiture pour les prochaines élections présidentielles, les Républicains ayant constaté que les » primaires » importées du système électorales américain avaient fait plus de mal que de bien à leur parti. Reste à voir si Wauquiez restera ferme sur ses positions et maintiendra ses propositions ou s’il finira par céder sous le poids de la pression médiatique.
F. M.