Développement de la filière lait : Les recommandations de la Cour des comptes
Qualifiée de filière agricole prioritaire, en raison de son rôle dans l’amélioration de la sécurité alimentaire nationale, la filière lait bénéficie d’un intérêt particulier de la part des autorités en vue d’améliorer la production nationale et ainsi réduire la dépendance du marché international qui coûte cher au Trésor public. Le développement de la filière lait […] The post Développement de la filière lait : Les recommandations de la Cour des comptes appeared first on Le Jeune Indépendant.
Qualifiée de filière agricole prioritaire, en raison de son rôle dans l’amélioration de la sécurité alimentaire nationale, la filière lait bénéficie d’un intérêt particulier de la part des autorités en vue d’améliorer la production nationale et ainsi réduire la dépendance du marché international qui coûte cher au Trésor public. Le développement de la filière lait a fait objet d’une enquête de la part de la Cour des comptes qui vient de publier son rapport annuel 2024.
Un état des lieux, les réalisations et les manquements enregistrés dans le développement de la filière sont présentés dans le rapport de la Cour des comptes qui a émis des recommandations à même de développer cette filière stratégique.
La Cour des comptes, qui a fait état d’une augmentation « significative » de la consommation du lait par habitant, qui est passé de 35 litres /an en 1968 à 140 litres /an en 2023, a mis en avant le « soutien financier significatif et diversifié de l’Etat » dont a bénéficié la filière, dans l’objectif de la rendre plus attractive aux investisseurs privés et ainsi améliorer la production laitière.
Ces interventions « fortes » de l’Etat, qui ont certes permis à la filière lait d’accroître, « de manière notable », la production locale du lait cru collecté, selon le rapport, n’ont pas été suffisantes pour amorcer le développement nécessaire du marché laitier qui reste largement dépendant des importations de la poudre de lait.
Ainsi, « entre 2009 et 2023, la filière lait a coûté plus de 20 Mrds USD à l’importation (poudre de lait + lait infantile) et près de 800 Mrds de DA de soutien financier direct de l’Etat », a-t-on précisé, estimant que les résultats réalisés restent mitigés. « Le marché laitier (matière première) est dépendant du marché international à hauteur de 60%. Sans l’informel, il est dépendant à 80% et si on ajoute les autres intrants importés, ce taux atteindrait 85% », a expliqué la Cour des comptes.
Selon l’institution de contrôle, « les actions entreprises en faveur de la filière lait n’ont pas été accompagnées d’une mise en place des outils de pilotage et de mécanismes de contrôle interne permettant d’assurer un suivi et une évaluation de leur mise en œuvre, d’en mesurer les effets et d’apporter les ajustements nécessaires ». L’absence de contrôle et aussi « le manque d’une veille au niveau de l’administration centrale au sujet des prix du lait aussi bien à la production qu’à la consommation » sont également signalés.
Des contre-performances de la politique publique laitière sont évoquées dans le rapport qui pointe du doigt des « politiques mal orientées, des actions insuffisamment maturées et coûteuses et des dispositifs de contrôle interne inefficaces ».
D’autres causes sont également évoquées, à l’instar de « l’insuffisance de la compétitivité de la filière due à la faiblesse des performances technico-économiques » et « la prédominance du secteur informel ».
La Cour des comptes a cependant mis en avant la capacité du pays pour assurer le développement de cette filière. « L’Algérie dispose de moyens financiers et matériels nécessaires et suffisants pour amorcer un plan de développement de la filière lait à même d’assurer l’autosuffisance dans une perspective quinquennale », a-t-on affirmé. Des défis devront être cependant relevés pour atteindre cet objectif. Ces derniers sont relatifs entre autres à la communication de l’administration publique de ses plans d’action de redressement de la filière, au modèle de consommation et le défi d’articuler la stratégie de développement de la filière bovine.
La nécessité de prendre en compte l’informel, de mettre en place un système d’information de la filière lait, du renforcement des dispositifs de contrôle interne ainsi que l’intégration du lait cru local dans la production du lait pasteurisé conditionné règlementé sont aussi des défis à relever, d’autres relatifs à la production et la distribution du lait sont en outre signalés dans le rapport.
Afin de relever tous ces derniers, la Cour des comptes a émis un nombre de recommandations, il s’agit de la réhabilitation de l’autorité administrative dans l’exercice de ses missions de pilotage et de veille en vue d’un meilleur accompagnement du développement de la filière lait, de la révision du système des prix dans la perspective de garantir des revenus rémunérateurs aux éleveurs et aussi de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs, tout en assurant la soutenabilité budgétaire de l’action publique.
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