Disneyland politique
Par Mohamed El-Maadi – Le Maroc ne gouverne plus, il masque sa décomposition sous des dorures. Le Makhzen n’administre plus un Etat, il gère une illusion monarchique, un Disneyland politique. L’article Disneyland politique est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Par Mohamed El-Maadi – Le Maroc ne gouverne plus, il masque sa décomposition sous des dorures. Le Makhzen n’administre plus un Etat, il gère une illusion monarchique, une sorte de Disneyland politique où les apparences sont devenues plus importantes que la souveraineté et les alliances plus rentables que la dignité. Au sommet de ce théâtre d’ombres, un roi malade, usé, disparu des radars, et un héritier adolescent, jeune spectre projeté dans un monde où on n’hérite pas du pouvoir, on hérite d’un piège.
Hassan III n’est pas encore roi, mais il est déjà prisonnier du trône. Cloîtré, coupé du monde, n’ayant jamais foulé une université d’élite ni respiré l’air d’un débat libre, ce futur roi n’a rien appris, rien vu, rien construit. Il n’est que l’ombre d’un plan de succession sans amour, sans génie, sans horizon.
Le père, Mohammed VI, sait sa fin proche. Son règne est une agonie maquillée en stabilité. Alors il s’emploie à construire autour de son fils un rempart d’allégeance : hauts gradés, milliardaires, courtisans, prestidigitateurs israéliens, tous au chevet du jeune prince. Non pour l’élever, mais pour le tenir, pour le formater, pour mieux régner par procuration.
C’est le grand secret du palais : Mohammed VI veut que son fils règne, mais qu’il ne gouverne jamais. Il veut que tout soit déjà scellé, verrouillé, plié. Que rien ne lui soit reproché : ni le Sahara, ni la Palestine vendue, ni la prostitution organisée. L’héritier ne devra être qu’un hologramme.
Souvenez-vous : à la mort d’Hassan II, la presse française saluait le «Roi des pauvres». Vingt ans plus tard, il est devenu le roi des poches pleines, celles de ses amis oligarques, de ses complices du Golfe, de ses intermédiaires israéliens et de quelques stars du football invitées pour faire oublier les bidonvilles.
Le peuple, lui, crève dans les marges. Les jeunes s’enfuient, parfois sur des planches, souvent dans des cages. Les filles se vendent à Dubaï ou aux vieux touristes européens. Le Maroc est devenu une fabrique de chair humaine, une vitrine sexuelle pour les pédophiles de luxe et les prédateurs en costard. A Tanger, des adolescents disparaissent. A Marrakech, des clubs ferment les yeux. C’est la prostitution qui paie les dettes de l’Etat. Une économie de l’effondrement maquillée en start-up nation orientale.
On veut faire croire à un Maroc moderne, tolérant, ouvert. En vérité, les Marocains vivent un apartheid social. Les beaux quartiers sont surveillés. Les pauvres doivent porter l’humiliation comme uniforme. Les «liserés», ces signes vestimentaires de classe, indiquent où passe la police, où passe l’impunité. Et pendant ce temps-là, les femmes du peuple sont sommées de se taire. Violées en Espagne, insultées en Libye, vendues au Golfe. Personne ne les défend. Car le régime préfère s’acheter une image que s’attaquer à la traite.
Face à cela, il y a eu une tentative. Celle de faire de l’Algérie un exutoire. D’y exporter la misère marocaine, les trafics, les migrants sans avenir, les rêves sales du Makhzen. Alger devait devenir une décharge géopolitique, un Bangladesh du Maghreb, une Haïti post-francophone sous perfusion migratoire et infiltration sociale.
Mais l’Algérie, grâce à sa mémoire, a résisté. La décennie noire a vacciné le pays contre la décomposition intérieure. La fermeture de la frontière n’a pas été une mesure sécuritaire : ce fut un acte de survie nationale. L’Algérie a échappé à un destin funeste. Elle a évité l’effet miroir. Elle a refusé de devenir ce que le Maroc voulait pour elle : un théâtre de misère secondaire, une doublure sociale de ses propres échecs.
Aujourd’hui, il n’y a plus de monarchie : seulement un acte de théâtre tragique joué par des vieillards malades, des princes absents et des puissances étrangères venues veiller sur leurs parts. Le Maroc n’a pas besoin de plus d’investissements. Il a besoin d’un exorcisme.
Et l’Algérie ? Elle doit se souvenir que la fermeture n’est pas un isolement mais une protection contre le néant.
M. E.-M.
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