Election américaine et guerres en cours
Pour l’heure, la présidentielle américaine ne faisant que commencer, l’indécision quant à son issue évidemment reste la même. Pourtant, on peut d’ores et déjà la considérer comme une page de tournée, quel qu’en soit le vainqueur au bout du compte, Kamala Harris ou Donald Trump. Car que ce soit l’une ou l’autre, ce qui importe […]
Pour l’heure, la présidentielle américaine ne faisant que commencer, l’indécision quant à son issue évidemment reste la même. Pourtant, on peut d’ores et déjà la considérer comme une page de tournée, quel qu’en soit le vainqueur au bout du compte, Kamala Harris ou Donald Trump. Car que ce soit l’une ou l’autre, ce qui importe le plus pour les peuples et les Etats de la région, à savoir la guerre au Moyen-Orient et le génocide perpétré en temps réel par Israël contre les Palestiniens, se poursuivront comme si de rien n’était. Bien que l’une et l’autre aient promis à leurs électeurs de tout faire pour mettre fin à la guerre à Ghaza et à celle du Liban, il saute aux yeux qu’un tel objectif ne dépend pas d’eux. Il dépend d’ailleurs d’autant moins de leur volonté personnelle que leur pays les Etats-Unis sont parties prenantes de cette guerre, qu’ils mènent depuis le premier jour aux côtés d’Israël, qui lui-même la considère comme une guerre existentielle. Les Etats-Unis sont également dans ce sentiment, même s’ils ne le disent pas, ou alors pas dans les mêmes termes qu’Israël.
A la veille de l’élection, les Etats-Unis ont renforcé leur présence militaire dans la région, en prévision de la riposte iranienne à la dernière attaque israélienne, laquelle est certaine. Jusqu’à ce qu’elle arrive, l’idée prévalait que cette élection était capitale, non seulement pour les questions internes aux Etats-Unis, mais pour les conflits les plus acerbes dans le monde, et d’abord pour celle la guerre au Moyen-Orient et pour la guerre en Ukraine. Pour cette dernière en particulier, peut-être qu’en effet son sort pourrait dépendre jusqu’à un certain point de l’issue de l’élection américaine, eu égard aux déclarations réitérées de Trump à son sujet, comme quoi il y mettrait fin en un tournemain s’il était élu. Mais cela n’est pas certain. Entre ce qu’on dit au cours d’une campagne électorale, et ce qu’il est possible de faire une fois qu’on est élu, il y a toujours de la marge. Le rétablissement de la paix en 24 heures, pour reprendre les termes de Trump, n’est évidemment pas possible. Ce n’est là chez lui qu’une façon de parler. Il faudrait pour que cela le soit en avoir déjà fini avec l’Otan, engagée dans cette guerre par procuration contre la Russie. La guerre en Ukraine est une guerre de l’Otan contre la Russie par Ukrainiens interposés. Trump ne peut probablement l’arrêter ni en 24 heures ni même vraisemblablement en quatre ans, le temps d’un nouveau mandat pour lui. Si elle s’arrête malgré tout, ce ne sera pas de son fait mais parce que la Russie l’aura remportée, et qu’en plus l’Otan aura admis sa défaite, un scénario qui a priori pèche par excès d’optimisme. S’agissant de la guerre la plus à même de détenir sur nous, celle du Moyen-Orient, on peut en effet lui donner ce nom même si pour l’heure elle ne se déroule que dans deux pays, Palestine occupée et Liban, ses évolutions immédiates sont tributaires bien plus de la riposte iranienne que du résultat de la présidentielle américaine. L’Iran a décidé de répondre dans l’idée que s’il ne le faisait pas, cela encouragerait l’ennemi à plus d’agressions encore. Une façon comme une autre de reconnaître que la guerre est déjà là, et qu’il est à la fois stupide et dangereux d’agir comme s’il était encore possible de l’éviter.
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