Israël dans la peau du paria

Dernièrement Benjamin Netanyahou était dans Ghaza flanqué de son nouveau ministre de la Défense, pour en substance tenir ce discours aux Ghazaouis : ceux d’entre vous qui nous aiderez à récupérer nos otages auront la vie sauve pour eux et pour leurs enfants, mais ceux qui n’en feront rien seront voués à la mort eux […]

Nov 25, 2024 - 21:58
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Israël dans la peau du paria

Dernièrement Benjamin Netanyahou était dans Ghaza flanqué de son nouveau ministre de la Défense, pour en substance tenir ce discours aux Ghazaouis : ceux d’entre vous qui nous aiderez à récupérer nos otages auront la vie sauve pour eux et pour leurs enfants, mais ceux qui n’en feront rien seront voués à la mort eux et leurs enfants. Paroles de génocidaire s’il en est. Comme de juste, la Cour Pénale Internationale émettait peu de temps après à son encontre, et à celle de l’ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant, des mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, une décision dont il n’est déjà plus question dans les grand médias occidentaux, et qui pourtant constitue un tournant dans le conflit. Les conséquences, à vrai dire, n’en sont pas encore mesurables. Tant que ces mandats, bien qu’attendus et prévisibles, n’étaient pas encore émis, les alliés occidentaux d’Israël, les Etats-Unis en tête, faisaient bloc derrière lui, même s’il y en avait parmi eux pour qui cela n’allait pas sans quelques états d’âme. Ainsi de la France par exemple, mais aussi d’un certain nombre d’Etats européens, qui sans parler de génocide, ni même de crimes de guerre, auraient quand même voulu que le droit qu’ils reconnaissent à Israël de se défendre soit exercé par lui dans les limites des lois de la guerre.

Les Américains eux-mêmes d’ailleurs ont pensé, et parfois même l’ont assez clairement laissé entendre, qu’Israël tuait et détruisait au-delà de ce qu’il n’était nécessaire pour sa défense. La décision de la CPI a divisé les alliés traditionnels d’Israël, entre ceux qui la récusent, et ceux qui entendent s’y conformer, c’est-à-dire arrêter à l’occasion les deux mis en cause israéliens. Pour le nombre, celui des seconds est bien plus élevé, les premiers se réduisant en fait à deux : les Etats-Unis et la Hongrie. Cette fissure est probablement destinée à s’élargir, compte tenu du fait qu’Israël massacre et affame bien plus aujourd’hui qu’il ne le faisait par le passé. Si les mandats de la CPI ont tardé, il n’en reste pas moins qu’ils sont tombés à un moment où le crime est à son comble. Les Occidentaux ne présentaient déjà pas un front uni contre la Russie, même s’ils sont nombreux à apporter leur soutien à l’Ukraine, les voilà maintenant divisés sur l’autre guerre du moment, celle du Moyen-Orient. Ceux d’entre eux qui comme la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne ont déclaré leur intention de respecter la décision de la CPI de poursuivre les deux responsables israéliens, ne pourront plus fournir des armes à Israël sans violer leur propre engagement et même leurs propres lois. C’est la première fois dans son histoire qu’Israël est dans une situation de paria telle que son Premier ministre est menacé d’arrestation non seulement pour se trouver sur le sol de l’Europe mais de passage dans son espace aérien. Pour autant, les pays européens ne disent pas que les deux responsables israéliens sont effectivement coupables des crimes pour lesquels ils sont poursuivis, ni même qu’ils les soupçonnent de les avoir commis, mais qu’eux-mêmes ne font en l’espèce que se comporter en tant que parties à l’accord de Rome instituant la CPI. Ce n’est pas du tout ainsi que l’entendent Israël et les Etats-Unis, pour lesquels ce positionnement est si peu anodin qu’il augure d’une rupture qui elle serait sans remède.

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