La condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d’inéligibilité

La condamnation à cinq ans d’inéligibilité de Marine Le Pen, avec exécution immédiate de cette peine précise, car il y en a deux autres, dont une de deux ans de prison ferme, dans l’affaire des assistants des parlementaires européens de son parti, ne faisant que commencer, il serait présomptueux d’essayer d’en prédire dès à présent […]

Avr 2, 2025 - 19:43
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La condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d’inéligibilité

La condamnation à cinq ans d’inéligibilité de Marine Le Pen, avec exécution immédiate de cette peine précise, car il y en a deux autres, dont une de deux ans de prison ferme, dans l’affaire des assistants des parlementaires européens de son parti, ne faisant que commencer, il serait présomptueux d’essayer d’en prédire dès à présent toutes les conséquences sur la situation politique en France. On peut du moins en soulever les plus plausibles, en tout cas celles dont les chances de se produire paraissent de prime abord les plus grandes. La première concerne la participation de Le Pen à la prochaine élection présidentielle, qui en principe aura lieu dans deux ans. Le Pen ayant fait appel du jugement du 31 mars, et compte tenu de ce que la procédure dans ce genre d’affaire prenne en général entre 18 et 24 mois, mais étant donné par ailleurs que la Cour d’appel a indiqué qu’elle ferait plus vite eu égard aux conséquences sur le plan politique, on peut penser que tout n’est pas encore perdu pour la concernée, que sa participation en 2027 relève encore du possible. Toutefois, ce n’est pas là l’issue la plus probable. Le procès pour détournement de fonds européens, conclu le 31 mars de la façon que l’on sait, du moins ceux qui l’ont suivi en salle d’audience le disent, a été accablant pour les accusés.

De là d’ailleurs la lourdeur de la sentence prononcée contre Le Pen en particulier. On voit mal comment une relaxe serait malgré tout possible. Or Le Pen ne peut prendre part à la présidentielle de 2027 que si elle gagne son procès en appel. Ce qui semble peu probable. Si la concussion a été établie en première instance, elle le serait en deuxième. Il ne faut pas croire cependant que le cours des événements va se figer jusqu’à ce deuxième procès, dont les péripéties s’étaleront sur une bonne partie de 2026. Toutes les répercussions du jugement d’inéligibilité rendu contre Marine Le Pen ne vont pas se situer au niveau judiciaire. Les plus importantes se produiront sur le plan politique. La première d’ailleurs ne tarderait pas à se faire jour. Le gouvernement Bayrou n’était déjà pas assuré de tenir jusqu’à ce que le président Macron puisse recourir de nouveau à l’arme de la dissolution, ce qu’en théorie il pourra faire dès l’été prochain, mais dans la situation créée par la condamnation à l’inéligibilité de la candidate caracolant à la tête des sondages, son avenir est encore plus incertain. Le RN selon toute vraisemblance votera la première motion de censure que voudra déposer La France Insoumise, pour autant d’ailleurs qu’il n’en soit pas l’initiateur. Le Pen certes ne pourra pas se représenter aux législatives suivant la censure, mais ce n’est pas ce qui la retiendrait de renverser le gouvernement Bayrou, a fortiori si cela avait pour effet de mettre en grande difficulté Emmanuel Macron. Nous allons nous défendre, a dit Le Pen, s’adressant à ses troupes. Elle voulait dire son camp rendrait coup pour coup, à moins que le «système» ne recule, et lui permette ce faisant de se présenter à la présidentielle à venir. Les chances que la seule menace de renversement du gouvernement Bayrou produise cet effet précis sont faibles, le «système» ne pouvant en effet ne pas avoir prévu cette contre-attaque.