La guerre civile en Syrie est-elle en train de reprendre au nord-est ?
Dans la foulée de la chute de l’ancien régime syrien, survenue le 8 décembre dernier, des affrontements ont éclaté au nord-est de la Syrie, dans les territoires dominés par les Forces démocratiques syriennes, qui jouissent du soutien de la coalition internationale, entre celles-ci et les groupes à la dévotion de la Turquie, qui entendent les […]
Dans la foulée de la chute de l’ancien régime syrien, survenue le 8 décembre dernier, des affrontements ont éclaté au nord-est de la Syrie, dans les territoires dominés par les Forces démocratiques syriennes, qui jouissent du soutien de la coalition internationale, entre celles-ci et les groupes à la dévotion de la Turquie, qui entendent les en chasser et vite, comme si une opportunité s’offrait pour ce faire qui pourrait ne pas se renouveler. Aux dernières nouvelles en provenance de cette région, c’est un branle-bas de guerre qui s’observe ces derniers jours, avec des avions de la coalition se reliant sur les pistes d’atterrissage des bases américaines et occidentales, et déposant tout ce qui est nécessaire pour repousser une offensive d’envergure, qu’elle soit le fait des groupes antikurdes, et à ce titre une création de la Turquie, ou de ce qu’il reste de Daech dans cette partie de la Syrie aux mains des Kurdes. En réalité, s’il y a une offensive à repousser, ce n’est pas une qui serait à l’initiative de Daech, mais des groupes pro-turcs, dont la prétendue Armée nationale syrienne. Les Américains ont vraisemblablement renforcé leur présence, accroissant notamment le nombre de leurs soldats, estimés jusqu’au 8 décembre à un millier, mais qui aurait doublé depuis.
Leur intention et celle de leurs alliés occidentaux est-elle seulement de dissuader toute attaque contre les Kurdes par des forces contrôlées par la Turquie, pour qui les Forces démocratiques syriennes sont un groupe terroriste, car contenant en son sein des membres du PKK, le Parti kurde des travailleurs, ou bel et bien de se tenir aux côtés des Kurdes dans le cas où ils sont attaqués à grande échelle ? Les affrontements qui ont eu lieu jusqu’à présent, à l’ouest comme à l’est de l’Euphrate, à Manbij plus particulièrement, n’ont concerné que des forces syriennes ennemies les unes des autres tout au long de la guerre civile, censée quant à elle avoir pris fin avec la chute de Damas le 8 décembre. Les Forces démocratiques syriennes sont à dominance kurde. Elles contrôlent un tiers du territoire syrien, sa partie la plus riche en ressources naturelles, dont les champs pétroliers. Les Kurdes jouissent d’un régime d’autonomie administrative depuis le début de la guerre civile, en plus de l’appui de la Coalition internationale emmenée par les Etats-Unis. On voit mal dans ces conditions pourquoi accepteraient-ils de se dissoudre dans un nouvel ordre dominé par Haïat Tahrir Echam, un groupe qui n’a jamais caché son hostilité à leur égard. Les nouvelles autorités à Damas doivent tout à la Turquie, à l’opposé des Forces démocratiques syriennes, considérées pour leur part comme l’ennemi principal de la Turquie en Syrie. Dernièrement encore, en présence du ministre turc des Affaires étrangères, le nouvel homme fort de Damas, Ahmed al-Sharaa, a clairement fait savoir que tous les groupes armés sont tenus de se désarmer, y compris ceux du nord-est. De fait, si certains de ces groupes se montrent disposés à remettre leurs armes, il n’en est rien des forces qui tiennent le nord-est, et qui sont soutenus par les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux. La Turquie pense que cette situation n’est pas appelée à durer, qu’elle changera avec la venue d’une nouvelle administration américaine. Lors de son premier mandat, Donald Trump était déjà disposé à rappeler les troupes déployées en Syrie. Peut-être ferait-il cette fois-ci ce qu’il a manqué de faire alors. La Turquie en tout cas en est convaincue.
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