La jeunesse se soulève, la répression s’intensifie: Le Maroc à feu et à sang

 Une vague de manifestations pacifiques d’une ampleur inédite secoue le Maroc, portée par une jeunesse en colère réclamant la fin de la corruption et une vie digne. Mardi soir, des scènes d’une rare violence ont été filmées dans des villes comme Oujda et Aït Amira, où des véhicules de la Gendarmerie royale marocaine ont percuté […]

Oct 1, 2025 - 20:08
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La jeunesse se soulève, la répression s’intensifie: Le Maroc à feu et à sang

 Une vague de manifestations pacifiques d’une ampleur inédite secoue le Maroc, portée par une jeunesse en colère réclamant la fin de la corruption et une vie digne. Mardi soir, des scènes d’une rare violence ont été filmées dans des villes comme Oujda et Aït Amira, où des véhicules de la Gendarmerie royale marocaine ont percuté des manifestants.

Par Meriem B./APS

Des morts et plusieurs blessés graves sont à déplorer, selon des témoins et des vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux. Malgré la peur et les arrestations, la contestation s’étend à travers plusieurs villes, portée par un profond ras-le-bol social. Depuis plusieurs nuits, des milliers de jeunes descendent dans les rues de plusieurs villes du pays pour dénoncer la corruption endémique, l’oppression policière, l’inflation galopante et la dégradation des conditions de vie. À leur tête : une jeunesse mobilisée, organisée autour du mouvement «Génération Z», qui appelle à une révolution pacifique pour une vie décente. Mais la réponse des autorités a été brutale. Les manifestants scandaient des slogans clairs : «Silmia, Silmia» (pacifique, pacifique), appelant au respect des droits fondamentaux, notamment à l’éducation, à la santé et à l’emploi. Malgré le caractère non-violent des rassemblements, les forces de l’ordre ont répondu par la force, tentant d’écraser un mouvement qui prend chaque jour de l’ampleur. La mobilisation s’étend désormais à plusieurs villes : Agadir, Marrakech, Al Hoceima, Khénifra, et bien d’autres connaissent des sit-in nocturnes de plus en plus massifs. Les réseaux sociaux, seuls canaux d’organisation dans un contexte de censure croissante, jouent un rôle central dans la coordination des actions. Face à cette répression, plusieurs organisations de défense des droits humains montent au créneau. L’Association marocaine des droits humains, la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’homme, ainsi que la Ligue marocaine pour la défense des droits humains, ont condamné fermement l’usage disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques. Dans un communiqué commun, elles déclarent : «Nous tenons le gouvernement pour responsable de la situation catastrophique que traverse le pays, tant sur le plan social qu’en matière de libertés publiques». Ces ONG exigent la libération immédiate des personnes arrêtées lors des manifestations, ainsi qu’une enquête indépendante sur les violations commises. Malgré les arrestations, la peur et la violence, les jeunes continuent de défier le silence. Pour beaucoup, c’est une question de survie. Ils réclament un Maroc plus juste, plus transparent, où les promesses constitutionnelles ne restent pas lettres mortes.

Malgré sa mort clinique, le Makhzen n’oublie pas l’Algérie
Les appels à manifester en Algérie, annoncés pour le vendredi 3 octobre par un collectif se présentant sous l’appellation «GenZ 213», et largement amplifiés par certains médias marocains ainsi que par le collectif «GenZ 212», ne relèvent pas de simples revendications sociales. Ils s’inscrivent dans une stratégie politique visant à projeter vers l’extérieur les tensions marocaines et à affaiblir la cohésion nationale algérienne. Le Maroc traverse une crise sociale profonde. Les manifestations de jeunes, l’aggravation de la pauvreté et la contestation des choix politiques en témoignent chaque semaine. Dans plusieurs villes, les protestataires scandent des slogans qui traduisent un malaise généralisé: «Pas de Coupe du Monde sans hôpitaux !», «Du pain, pas des stades !», «Justice sociale avant le football !», «L’école et la santé pour nos enfants, pas des milliards pour la FIFA !». Ce rejet vise directement la politique de prestige du Makhzen, qui mise sur l’organisation de la Coupe du Monde et de la Coupe d’Afrique comme vitrine internationale, alors que la population réclame avant tout l’accès à des services essentiels. Ces voix expriment une réalité implacable : le contraste saisissant entre des investissements colossaux dans les infrastructures sportives et la précarité qui gangrène le quotidien. Dans les quartiers populaires, de nombreuses familles peinent à assurer un repas complet par jour, tandis que l’école publique souffre d’un manque criant de moyens, avec des classes surchargées et des taux d’abandon scolaire alarmants. Le chômage des jeunes, particulièrement élevé, alimente ce sentiment d’exclusion et d’injustice. La crise touche également le secteur de la Santé, où les inégalités sont flagrantes. Les hôpitaux manquent de lits, de matériel et de personnel qualifié, poussant nombre de Marocains à recourir à des cliniques privées hors de portée de la majorité. La semaine dernière, huit femmes ont perdu la vie dans une maternité en attendant une césarienne, un drame révélateur de l’effondrement du système de santé publique. Ces injustices sociales, cumulées à la flambée des prix et au manque de perspectives pour la jeunesse, alimentent la colère et le désenchantement. A cela s’ajoute le rejet populaire des accords d’Abraham, accentué par les massacres israéliens à Ghaza, qui a creusé davantage les fractures internes de la société marocaine. Plutôt que d’assumer ces difficultés structurelles, certains relais médiatiques du royaume préfèrent détourner l’attention en projetant cette instabilité vers l’Algérie. En amplifiant artificiellement des appels sans enracinement réel, ils veulent faire croire qu’un même scénario pourrait se reproduire à Alger.

M. B./APS