Le 5 juillet 1962 à Batna, une journée mémorable et inoubliable

BATNA- La journée du jeudi 5 juillet 1962, gravée pour toujours dans la mémoire collective des Algériens, inscrit en lettres d'or le recouvrement de la souveraineté de l'Algérie après une longue lutte et d’immenses sacrifices, selon des témoignages recueillis par l’APS à la veille de la célébration du 63ème anniversaire de l'indépendance et de la jeunesse. Quelques-uns parmi celles et ceux qui ont vécu cette date, approchés par l’APS à Batna, s’accordent unanimement à affirmer que ce fut "une journée remarquable, définitivement gravée dans la mémoire, dès lors qu’elle avait donné lieu à une joie indescriptible qui avait fait trembler de bonheur villes, villages, mechtas et douars des Aurès", se souvient la Moudjahida Sassia Hallis, membre active de la cellule secrète féminine durant la glorieuse Révolution. "Je suis totalement incapable, encore aujourd'hui, de décrire le sentiment que mes compagnons de lutte et moi-même avions ressenti dans ces moments heureux qui nous avaient vus célébrer de façon complètement débridée la victoire de l’Algérie sur l’occupant", soutient-elle. "Ce jour, pour nous, était différent des autres jours car il a dissipé à jamais les ténèbres du colonialiste et de sa puissance qui nous empêchaient de jouir des conditions les plus élémentaires d'une vie décente", affirme encore Sassia Hallis. Cette moudjahida, encore alerte et à la mémoire infaillible en dépit de ses 85 ans, se rappelle qu’elle-même et son époux s’étaient joints sans réfléchir à l’impressionnante foule qui affluait de toutes parts vers le centre de Batna pour participer aux célébrations de la victoire et du recouvrement de la liberté. "Des drapeaux algériens étaient déployés partout et flottaient majestueusement comme pour répondre aux chants de la multitude qui chantait l’Algérie libre et souveraine", ajoute Sassia Hallis. Naima Maâllem, qui avait pris les armes et rejoint les maquis de la Révolution dans les Aurès puis à Djebel Boutaleb, avant de subir les pires tortures après avoir été emprisonnée, très jeune, souligne, quant à elle, avec une émotion qu’elle ne parvient pas à contenir, que ce qu'elle a vécu au premier jour de l'indépendance reste "définitivement gravé dans (sa) mémoire, même après toutes ces années". Née à Batna en 1939, cette Moudjahida affirme que son bonheur était tel, le 5 juillet 1962, qu’elle en avait oublié toutes les souffrances qu'elle a endurées loin de sa famille, et toutes les tortures inhumaines auxquelles elle avait été soumise dans les prisons les plus dures du colonialisme. "L’euphorie se lisait sur tous les visages des Algériens qui avait spontanément intégré, ce jour-là, les imposants défilés qui avaient réuni, sans distinction, hommes, femmes, vieillards et même des enfants, pour fêter l’éclatante victoire de l’Algérie", se rappelle-t-elle, s’estimant "chanceuse" d'avoir pu vivre ces moments-là. Des moments, dit-elle d’une petite voix en essuyant une larme, durant lesquels "me sont revenus en mémoire les immenses sacrifices consentis par les Chouhada, partis sans avoir pu vivre des moments d’allégresse dont ils avaient rêvé en silence". Abed Rahmani, 83 ans, Moudjahid et secrétaire de wilaya de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), évoque, quant à lui, le 5 juillet 1962 qu’il qualifie de "jour béni". Les Algériens ont payé un "très lourd tribut à la liberté et avaient parfaitement le droit de faire durer les manifestations de joie pendant des jours et des jours et autant de nuits", dit-il. Les célébrations de la victoire de l'Algérie sur le colonialisme français, le 5 juillet 1962, ont été marquées, de plus, par une grande solidarité entre Algériens de toutes conditions, se souvient la Moudjahida Cherifa Zegrar, se remémorant que ce jour-là les portes de toutes les maisons sont demeurées ouvertes pour accueillir des manifestants affamés ou fatigués qui y ont trouvé un refuge pour se reposer et une table pour se sustenter. Des témoignages vivants de beaucoup de ceux qui ont vécu l'événement, qu'ils soient Moudjahidine ou simples citoyens de la ville de Batna, se souviennent aussi des haltes observées par les milliers de manifestants devant les barbelés entourant les casernes militaires françaises du quartier du "Camp", dans le centre de Batna. Les drapeaux algériens brandis par centaines devant ces barrières coupantes et les "Tahya El Djazaïr" lancés à gorge déployée semblaient indiquer aux occupants de ces lieux de sinistre mémoire que l’ère du colonialisme était révolue.

Juil 5, 2025 - 08:32
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Le 5 juillet 1962 à Batna, une journée mémorable et inoubliable

BATNA- La journée du jeudi 5 juillet 1962, gravée pour toujours dans la mémoire collective des Algériens, inscrit en lettres d'or le recouvrement de la souveraineté de l'Algérie après une longue lutte et d’immenses sacrifices, selon des témoignages recueillis par l’APS à la veille de la célébration du 63ème anniversaire de l'indépendance et de la jeunesse.

Quelques-uns parmi celles et ceux qui ont vécu cette date, approchés par l’APS à Batna, s’accordent unanimement à affirmer que ce fut "une journée remarquable, définitivement gravée dans la mémoire, dès lors qu’elle avait donné lieu à une joie indescriptible qui avait fait trembler de bonheur villes, villages, mechtas et douars des Aurès", se souvient la Moudjahida Sassia Hallis, membre active de la cellule secrète féminine durant la glorieuse Révolution.

"Je suis totalement incapable, encore aujourd'hui, de décrire le sentiment que mes compagnons de lutte et moi-même avions ressenti dans ces moments heureux qui nous avaient vus célébrer de façon complètement débridée la victoire de l’Algérie sur l’occupant", soutient-elle.

"Ce jour, pour nous, était différent des autres jours car il a dissipé à jamais les ténèbres du colonialiste et de sa puissance qui nous empêchaient de jouir des conditions les plus élémentaires d'une vie décente", affirme encore Sassia Hallis.

Cette moudjahida, encore alerte et à la mémoire infaillible en dépit de ses 85 ans, se rappelle qu’elle-même et son époux s’étaient joints sans réfléchir à l’impressionnante foule qui affluait de toutes parts vers le centre de Batna pour participer aux célébrations de la victoire et du recouvrement de la liberté.

"Des drapeaux algériens étaient déployés partout et flottaient majestueusement comme pour répondre aux chants de la multitude qui chantait l’Algérie libre et souveraine", ajoute Sassia Hallis.

Naima Maâllem, qui avait pris les armes et rejoint les maquis de la Révolution dans les Aurès puis à Djebel Boutaleb, avant de subir les pires tortures après avoir été emprisonnée, très jeune, souligne, quant à elle, avec une émotion qu’elle ne parvient pas à contenir, que ce qu'elle a vécu au premier jour de l'indépendance reste "définitivement gravé dans (sa) mémoire, même après toutes ces années".

Née à Batna en 1939, cette Moudjahida affirme que son bonheur était tel, le 5 juillet 1962, qu’elle en avait oublié toutes les souffrances qu'elle a endurées loin de sa famille, et toutes les tortures inhumaines auxquelles elle avait été soumise dans les prisons les plus dures du colonialisme.

"L’euphorie se lisait sur tous les visages des Algériens qui avait spontanément intégré, ce jour-là, les imposants défilés qui avaient réuni, sans distinction, hommes, femmes, vieillards et même des enfants, pour fêter l’éclatante victoire de l’Algérie", se rappelle-t-elle, s’estimant "chanceuse" d'avoir pu vivre ces moments-là.

Des moments, dit-elle d’une petite voix en essuyant une larme, durant lesquels "me sont revenus en mémoire les immenses sacrifices consentis par les Chouhada, partis sans avoir pu vivre des moments d’allégresse dont ils avaient rêvé en silence".

Abed Rahmani, 83 ans, Moudjahid et secrétaire de wilaya de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), évoque, quant à lui, le 5 juillet 1962 qu’il qualifie de "jour béni".

Les Algériens ont payé un "très lourd tribut à la liberté et avaient parfaitement le droit de faire durer les manifestations de joie pendant des jours et des jours et autant de nuits", dit-il.

Les célébrations de la victoire de l'Algérie sur le colonialisme français, le 5 juillet 1962, ont été marquées, de plus, par une grande solidarité entre Algériens de toutes conditions, se souvient la Moudjahida Cherifa Zegrar, se remémorant que ce jour-là les portes de toutes les maisons sont demeurées ouvertes pour accueillir des manifestants affamés ou fatigués qui y ont trouvé un refuge pour se reposer et une table pour se sustenter.

Des témoignages vivants de beaucoup de ceux qui ont vécu l'événement, qu'ils soient Moudjahidine ou simples citoyens de la ville de Batna, se souviennent aussi des haltes observées par les milliers de manifestants devant les barbelés entourant les casernes militaires françaises du quartier du "Camp", dans le centre de Batna.

Les drapeaux algériens brandis par centaines devant ces barrières coupantes et les "Tahya El Djazaïr" lancés à gorge déployée semblaient indiquer aux occupants de ces lieux de sinistre mémoire que l’ère du colonialisme était révolue.