Il sort son deuxième album: Tatiche, un folk algérien aux sonorités poétiques
Tatiche, de son vrai nom Adel Sadoudi, est notre coup de cœur depuis quelques années déjà. Originaire de Tizi N Berber dans la wilaya de Béjaïa, ce jeune artiste, aujourd’hui installé en France, poursuit son chemin musical avec un deuxième album intitulé «Sahit a dunith» (Merci à la vie), récemment mis sur le marché hexagonal. […]

Tatiche, de son vrai nom Adel Sadoudi, est notre coup de cœur depuis quelques années déjà. Originaire de Tizi N Berber dans la wilaya de Béjaïa, ce jeune artiste, aujourd’hui installé en France, poursuit son chemin musical avec un deuxième album intitulé «Sahit a dunith» (Merci à la vie), récemment mis sur le marché hexagonal. Un opus riche de 14 titres, où se mêlent poésie, folk et un profond attachement aux racines.
Par Hafit Zaouche
À travers ses chansons, Tatiche porte la voix d’une génération qui aspire à s’exprimer, à dire ses craintes, ses espoirs et ses blessures. «Il faut tout faire pour permettre à la jeunesse algérienne de s’exprimer», confie-t-il, conscient que la musique peut devenir un espace de libération intérieure. Ses deux albums en sont la preuve : une parole simple, mais universelle, où beaucoup de jeunes se reconnaissent. Parmi les morceaux phares de ce deuxième album, «Lukan» (Si seulement), illustre parfaitement la poésie de son univers. Le texte, imprégné d’images maritimes et montagnardes, convoque à la fois la nostalgie, le rêve d’évasion et l’ancrage dans la terre natale : «Si seulement j’étais un poisson, je nagerais jusqu’au tunnel d’Aokas d’où je sortirais…» Une métaphore saisissante qui traduit le tiraillement entre le désir de liberté et l’attachement au pays.
Tatiche puise son inspiration dans la culture algérienne, en particulier celle du Sahel de Béjaïa. Il compose en tassahlit, ce kabyle maritime du massif des Babors, tout en s’autorisant à chanter en français, comme lors du concours de la chanson française de Guémené, dans l’Ouest de la France, où il remporta en 2017 le prix du public. Ce jeu de passerelles linguistiques, loin d’être anodin, lui permet d’élargir son auditoire tout en portant haut sa culture d’origine. Son premier album, «Abassan n Tizi N Berber» (La fontaine de Tizi N Berber), était déjà empreint d’une forte charge nostalgique. Adel y évoquait ses souvenirs d’école, les hivers glacés au niveau de la région d’Aokas, la chaleur d’un bout de pain trempé dans l’huile d’olive, et surtout la fontaine du village, témoin de son enfance. Un récit qui, au-delà de l’intime, devient collectif : celui de tous ceux qui ont dû quitter leur terre natale. Pour la musicologue française Mélanie S., «les chansons de Tatiche possèdent leur identité propre. Elles prennent racine dans le terreau de Tizi N Berber et sont façonnées à la lumière de son parcours de vie. L’originalité de ses chansons émane des sentiments qu’elles évoquent : par leur texte, elles convoquent nos souvenirs communs, par leur rythme, elles font vibrer nos âmes». Installé depuis 2003 à Rennes, Adel Sadoudi explique : «Au son de mes instruments acoustiques, sobres et mélodiques, je raconte mon enfance en Algérie, mais aussi mon combat pour la liberté des femmes et des hommes dans les contrées à fortes traditions».
Avec ce deuxième album, Tatiche confirme qu’il est bien plus qu’un simple chanteur : il est un passeur de mémoire, un conteur d’émotions et un ambassadeur discret d’une Algérie qui continue de chanter au-delà des mers. Un album à écouter assurément…
H. Z.