Loyauté

Dès le départ, l’alliance entre le Parti socialiste français et La France Insoumise, d’abord au sein de la Nouvelle Union Populaire et Sociale (NUPES), puis au sein du Nouveau Front Populaire, semblait contre nature et de nombreuses figures historiques du PS s’étaient élevées pour dénoncer ce mariage peu orthodoxe. Mais Olivier Faure, premier secrétaire du […]

Jan 17, 2025 - 19:50
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Loyauté

Dès le départ, l’alliance entre le Parti socialiste français et La France Insoumise, d’abord au sein de la Nouvelle Union Populaire et Sociale (NUPES), puis au sein du Nouveau Front Populaire, semblait contre nature et de nombreuses figures historiques du PS s’étaient élevées pour dénoncer ce mariage peu orthodoxe. Mais Olivier Faure, premier secrétaire du parti depuis 2018, a décidé en 2022 de prêter allégeance à l’extrême-gauche, oubliant toutes les critiques qu’il avait lui-même formulées à l’endroit de LFI et de Jean-Luc Mélenchon, dans l’espoir de grappiller, certainement, quelques sièges à l’Assemblée Nationale. Le PS étant tombé en désuétude depuis 2017, il devait penser que rejoindre les Insoumis était la seule porte de sortie de son mouvement. Aujourd’hui pourtant, après deux ans d’union, le PS a pris une décision qui sans surprise a suscité l’ire de ses alliés. Les Insoumis imputent en effet la fracture du NFP au PS après son refus de voter la motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou ce jeudi, après des semaines de tension au Parlement et en dehors. Le procès en trahison intenté par les Insoumis aux socialistes depuis plusieurs semaines a rendu son verdict jeudi : en ne votant pas la censure présentée à leur initiative, ces derniers sont coupables, selon eux, leur crime étant de «fracturer» le NFP, pour reprendre les mots du chef de file de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Le même soulignant, peu avant le vote, que les trois autres groupes de gauche, le sien ainsi que ceux des écologistes et des communistes, se prononceraient pour la censure. Celle-ci n’a finalement recueilli que 131 voix sur les 288 nécessaires à son adoption. À l’issue de la séance, Mathilde Panot dénonce ses collègues socialistes de l’Assemblée Nationale. «Aujourd’hui, le Parti socialiste a choisi de se ranger du côté du problème, du côté d’Emmanuel Macron», acte la présidente des députés insoumis. L’aboutissement de semaines de tensions. Elles ont vu le jour au moment des consultations avec le nouveau gouvernement puis se sont accentuées à mesure que les socialistes, rejoints à la table des négociations par les communistes et les écologistes, travaillaient à un accord de non-censure. Face à cette perspective, les Insoumis n’ont pas ménagé leur effort pour pousser les socialistes à se ranger derrière la censure. Ceux qui ne voteront pas la motion «auront rompu» avec l’alliance des partis de gauche, mettait en garde Manuel Bompard ce mardi. Le même jour, Jean-Luc Mélenchon menaçait de mettre des «options» sur les circonscriptions des députés récalcitrants. Autrement dit, de présenter des candidats face à eux en cas de législatives anticipées. Une stratégie de la peur qui a lamentablement échoué, seuls 8 des 66 députés socialistes ont voté de concert avec LFI. Ils s’émancipent ainsi de fait des Insoumis, tout en espérant peser davantage lors des discussions budgétaires. A la tribune de l’Assemblée Nationale, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a continué de creuser son sillon jeudi, lui qui distinguait la «gauche qui travaille» de celle «qui braille» au micro de BFMTV mardi avant de s’adresser directement aux Insoumis : «Si vous pensez que ce que je dis là n’a aucun intérêt pour les Français, qui ne sont pas heureux de voir une gauche qui propose, une gauche qui avance, une gauche qui fait céder le gouvernement, alors dîtes-le». Le PS avait retrouvé un peu de sa confiance perdue lorsque son candidat, Raphaël Glucksmann, a réussi à s’imposer face à la candidate LFI lors des dernières élections européennes et à remporter la troisième position, derrière les candidats du Rassemblement National et de la coalition présidentielle. Aujourd’hui, le PS fait un pari qui pourrait lui coûter des sièges au Parlement, mais qui pourrait également lui rapporter un nouvel électorat : celui des sympathisants de gauche qui refusent de voter pour l’extrême-gauche et qui cherchent une alternative viable. Reste à voir si cela sera payant dans les mois et années à venir.
F. M.