Soupçons
Régulièrement, les personnalités politiques les plus populaires, plusieurs années avant les échéances électorales, finissent par être incapables, soit de rassembler, soit même de se présenter au suffrage universel. Ce fut souvent le cas ces dernières années en France, où les favoris des sondages pour les élections présidentielles finissent par perdre de leur éclat à l’approche […]

Régulièrement, les personnalités politiques les plus populaires, plusieurs années avant les échéances électorales, finissent par être incapables, soit de rassembler, soit même de se présenter au suffrage universel. Ce fut souvent le cas ces dernières années en France, où les favoris des sondages pour les élections présidentielles finissent par perdre de leur éclat à l’approche du scrutin. Cela pourrait être d’ailleurs le cas d’Edouard Philippe qui se retrouve visé par des accusations sérieuses de détournement de fonds. En effet, une lanceuse d’alerte a déposé une nouvelle plainte à Paris pour qu’un juge d’instruction enquête sur des soupçons de détournement de fonds publics et de favoritisme concernant Edouard Philippe, ancien Premier ministre et maire Horizons du Havre, a annoncé hier l’avocat de la plaignante. Me Jérôme Karsenti a indiqué à la presse avoir déposé vendredi cette plainte avec constitution de partie civile, qui permet d’obtenir quasi systématiquement la saisie d’un juge d’instruction pour harcèlement moral, favoritisme, détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêt et concussion. Avec cette nouvelle plainte «pour les mêmes faits, et en choisissant semble-t-il d’en évoquer d’autres, la plaignante poursuit sa triste vendetta, qui n’a rien à voir avec le cri d’une lanceuse d’alerte mais tout à voir avec l’insatisfaction d’une haute fonctionnaire dont le contrat n’a pas été renouvelé», a réagi Edouard Philippe, qui «réfute toutes les accusations». Après une première plainte en septembre 2023, le parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête et mené des perquisitions au printemps 2024. «Nous ne savons absolument pas dans quelle direction va s’orienter l’enquête», souligne Me Karsenti, redoutant «une tétanie» du PNF face à «un futur probable candidat à la présidentielle». «J’ai l’impression que l’affaire n’avance pas. Je continue à subir les conséquences de mon alerte alors que je n’ai fait que mon devoir», a raconté aux trois médias la plaignante Judith (le prénom a été modifié), qui a obtenu le statut de lanceuse d’alerte, contesté par Edouard Philippe. Les investigations sont «toujours en cours, avec l’exploitation des documents saisis en perquisition», a précisé une source judiciaire. Les soupçons portent sur une convention d’objectifs pluriannuelle pour l’animation de la Cité numérique du Havre signée en juillet 2020 entre Edouard Philippe, président de la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole, et Stéphanie de Bazelaire, en tant cette fois que présidente bénévole de l’association LH French Tech. Le conflit d’intérêt «semble absolument évident», considère Judith, directrice générale adjointe de la communauté urbaine entre septembre 2020 et avril 2023. LH French Tech, créée en juillet 2020 et seule candidate, a été désignée pour cette mission après un appel à manifestation d’intérêt lancé par la communauté urbaine en mars 2020 et dans le cadre d’un service d’intérêt économique général (SIEG) qui prévoyait 2,154 millions d’euros. Après ses alertes, Judith dit avoir été harcelée moralement et son contrat n’a pas été renouvelé. LH French Tech a été placée en liquidation judiciaire en 2023. Reste à voir si cette affaire, qui rappelle vaguement le scandale qui a touché le candidat de droite François Fillion en 2017, va se confirmer et plomber les ambitions présidentielles de l’ex-Chef du gouvernement, ou si ce dernier, qui s’est jusqu’à aujourd’hui montré ingénieux dans sa façon de gagner l’intérêt et l’approbation des Français, réussira à passer outre et à poursuivre sa course vers
l’Élysée.