Tizi-Ouzou La mûre blanche, la friandise des citadins

Chaque printemps, les trottoirs de Tizi-Ouzou se transforment en une scène pittoresque où les mûriers sont les décors et les habitants les acteurs d’un rituel annuel : la cueillette des mûres blanches qui sont une véritable gourmandise pour les citadins. C’est la pleine saison de ces fruits, appelés communément « Ettout ». Les mûriers ornementaux, plantés le […]

Mai 17, 2025 - 20:50
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Tizi-Ouzou La mûre blanche, la friandise des citadins

Chaque printemps, les trottoirs de Tizi-Ouzou se transforment en une scène pittoresque où les mûriers sont les décors et les habitants les acteurs d’un rituel annuel : la cueillette des mûres blanches qui sont une véritable gourmandise pour les citadins.
C’est la pleine saison de ces fruits, appelés communément « Ettout ». Les mûriers ornementaux, plantés le long des trottoirs pour adoucir le paysage urbain en offrant verdure et ombre aux passants, sont particulièrement convoités à cette période de l’année. L’intérêt ne réside pas tant dans leur ombre rafraîchissante que dans leurs petits fruits blancs roses, à maturité, sucrés, parfumés et juteux.
Alors que dans le monde rural, les villageois n’ont qu’à sortir pour cueillir une variété de fruits et de baies sauvages comme les mûres noires (issues du roncier, localement appelé Thizwal ou Thijelt), les cenelles d’aubépine (Zaârour), les azeroles (Tuvrest) ou les arbouses (Sisnou), les citadins doivent attendre le printemps pour savourer les mûres blanches.
Il faut reconnaître qu’à l’ère des smartphones omniprésents, le mûrier est le seul arbre capable de captiver l’attention, le temps d’un passage sous ses branches. Les regards se lèvent, les cous se redressent, et l’on se mettrait presque sur la pointe des pieds, les yeux scrutant les branches à la recherche des fruits mûrs pour les attraper et les déguster sur-le-champ.
Hommes, femmes, enfants, jeunes et moins jeunes, tous succombent à la tentation des fruits que les mûriers offrent généreusement.
« A chaque saison des mûres blanches, je ne peux m’empêcher de m’arrêter sous un arbre pour cueillir les plus accessibles », témoigne Souad, une quinquagénaire de la cité les Genêts, rencontrée justement en pleine récolte sous un mûrier de la rue Lamali Ahmed.
Au lotissement Tala Allam, dans la banlieue ouest de Tizi-Ouzou, Mohamed, dont la maison donne sur un trottoir planté de mûriers, s’affaire à la cueillette, muni d’un petit seau et d’une échelle. Il confie que chaque année, il fait profiter sa famille de ces délicieux fruits, après les avoir soigneusement lavés.
Dans la commune de Tadmait, un habitant se souvient d’une anecdote amusante qu’il a vécu dans la station de transport : « Le fourgon était plein, mais le chauffeur était absent. Des voyageurs ont commencé à l’appeler pour qu’il démarre, et surprise, il était sur un mûrier en train de cueillir des fruits pendant que son véhicule se remplissait de passagers », raconte-t-il en riant de ce souvenir.

Un fruit nutritif à laver avant consommation
Outre son goût agréable, la mûre blanche est un fruit nutritif et riche, selon la nutritionniste et spécialiste en médecine anti-âge, Dr. Nadia Serbiss, avec une dizaine d’années d’expérience.
Elle a observé que ces dernières années, les mûres blanches ont pris « une place importante » dans les habitudes alimentaires des citadins, soulignant qu’il s’agit d' »une excellente tendance d’un point de vue nutritionnel ».
Selon elle, la mûre blanche est « un fruit remarquable, peu calorique, riche en fibres, en vitamine C et en antioxydants », et de ce fait, il contribue à renforcer l’immunité, à améliorer la digestion, à prévenir les maladies chroniques, à réguler la glycémie et à gérer le poids.
Dr. Serbiss encourage les citoyens à intégrer ce fruit dans leur alimentation, le considérant comme une alternative saine aux desserts transformés et une collation équilibrée. Elle confie en consommer elle-même, mais met en garde contre une « habitude préoccupante » observée chez de nombreux habitants, à savoir la consommation directe des mûres blanches sans les laver.
« Les fruits qui poussent en ville sont contaminés par la poussière, la fumée des véhicules et peuvent également contenir des œufs de parasites et être touchés par des insectes, sans oublier les oiseaux qui en raffolent, peuvent aussi déposer des polluants lorsqu’ils se posent sur l’arbre », explique-t-elle.
Enfin, il est à noter qu’une étude sur « La diversité des arbres d’alignement de la ville de Tizi-Ouzou », réalisée par Zakia Mahmoudia et Yamina Hammadi de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, a révélé que le mûrier blanc représente 7% des arbres d’alignement et fait partie des sept espèces les mieux représentées recensées au centre-ville (zone de l’étude).
Tarek B/APS