Torture durant la guerre de libération  : L’ignoble visage de la France

La torture durant la guerre de libération était une pratique généralisée. L’armée française en a fait un horrible usage systématique et sur tout le territoire algérien, avec des ordres clairs de sa hiérarchie. Il y a eu les témoignages des milliers de victimes, il y a eu également des aveux retardés des bourreaux. Mais cette […] The post Torture durant la guerre de libération  : L’ignoble visage de la France appeared first on Le Jeune Indépendant.

Mars 17, 2025 - 22:52
 0
Torture durant la guerre de libération  : L’ignoble visage de la France

La torture durant la guerre de libération était une pratique généralisée. L’armée française en a fait un horrible usage systématique et sur tout le territoire algérien, avec des ordres clairs de sa hiérarchie. Il y a eu les témoignages des milliers de victimes, il y a eu également des aveux retardés des bourreaux. Mais cette fois, ce sont les archives qui apportent la preuve irréfutable de cette ignoble et barbare pratique que l’Etat français peine à reconnaître encore. 

L’enquête qui vient d’être diffusée a reconnu que la responsabilité française était établie dans la pratique de la torture, et que cette pratique était autorisée par l’autorité politique représentée par le gouvernement socialiste de Guy Mollet, c’est-à-dire par la République française elle-même.

En effet, l’historien français Fabrice Riceputi a partagé un document à la teneur explicite dans un article publié avant-hier sur Mediapart. Il s’agit d’un ordre écrit du général Raoul Salan à ses subalternes, les exhortant à généraliser la torture. La note est datée du 11 mars 1957, soit en pleine bataille d’Alger.

Le criminel général Salan venait d’être nommé commandant interarmées en Algérie. Tous les militaires français présents en Algérie étaient sous ses ordres. C’est lui qui sera l’un des extrémistes du courant de « l’Algérie française », prenant part au putsch contre De Gaulle en 1961. C’est également lui qui va prendre la tête de l’OAS (Organisation de l’armée secrète) qui refusait l’indépendance de l’Algérie. C’est donc lui qui est l’ordonnateur direct de la généralisation de la torture en Algérie en sa qualité de commandant en chef des troupes françaises. La torture infligée au peuple algérien durant la Guerre de libération nationale avait été généralisée sur la base d’une instruction classée «très secrète» émanant de ce sinistre général.

L’enquête intitulée «Guerre d’Algérie : ordres militaires pour généraliser la torture» s’appuie sur un document d’archive daté du 11 mars 1957, et indique que «la torture a été ordonnée par le commandement militaire français en Algérie avec l’accord de l’autorité politique». Le média a ajouté qu’«après l’avoir expérimentée la torture à Alger en 1957, les généraux ont recommandé sa généralisation».

L’auteur de l’enquête, l’historien Fabrice Riceputi, a expliqué que cette note justifiait le recours à la torture par «les expériences récentes menées dans certaines régions, qui ont mis en évidence les bénéfices pouvant être tirés, notamment dans les villes, grâce à des interrogatoires poussés et immédiatement exploités».

Le document indique qu’en vertu de la «note contraignante», les chefs des divisions militaires, des corps et des services des régions du Sud ont exécuté les ordres dans toute l’Algérie et l’ont fait «oralement», avec des instructions pour «ne pas diffuser cet ordre personnel par écrit sous quelque forme que ce soit».

L’auteur de l’enquête a affirmé que «c’est le cas pour de nombreuses instructions du général Salan, mais cette instruction en particulier était difficile à dévoiler». Il a évoqué un «camouflage linguistique minutieux», expliquant que la note incluait, en plus de l’interrogatoire des «suspects», la méthode d’interrogatoire.

L’enquête a également mentionné que les mots «avaient été choisis avec soin pour éviter des accusations infamantes et des poursuites judiciaires si le cadre politique venait à changer». Selon l’auteur des révélations, il fallait mener des interrogatoires «aussi durs et intenses que possible», car il s’agissait de causer une douleur extrême au suspect pour briser sa résistance à parler, rappelant que l’armée française utilisait ces méthodes depuis la guerre d’Indochine, avec des dispositifs de chocs électriques ainsi que la simulation de noyade.

L’enquête a révélé qu’à la veille de la publication de cette instruction par Salan, le général Massu avait émis une autre note sur le même sujet, adressée à la 10e division de parachutistes qu’il commandait en Algérie, suivi quelques jours plus tard par le général Allard, commandant du corps militaire à Alger.

Les opérations de «disparition temporaire et soudaine de certains habitants par sélection aléatoire ou identification comme suspects pour les interroger» ont été documentées, considérant que «tout Algérien pouvait être exploité» pour sa connaissance potentielle des activités des moudjahidines, s’il n’était pas lui-même impliqué.

Dans ce contexte, l’auteur de l’enquête a évoqué la «loi sur les pouvoirs spéciaux» adoptée à une large majorité en mars 1956, qui accordait aux militaires «le pouvoir exorbitant de classer toute personne comme +suspecte+, de la détenir et de l’interroger à leur guise».

 De cette décision politique, les victimes, sans distinction de sexe, d’âge ou d’origine, se comptèrent jusqu’en 1962 par dizaines de milliers. De crainte de poursuites judiciaires, dès le lendemain des accords d’Evian, l’Etat français dirigé par de Gaulle s’autoamnistia de ces crimes par décret.

The post Torture durant la guerre de libération  : L’ignoble visage de la France appeared first on Le Jeune Indépendant.