Tripler

Il y a quelques semaines, les partis politiques allemands participants aux élections locales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie révélaient avoir signé un accord pour ne parler de l’immigration qu’en des termes positifs. Évidemment, cette initiative mettait de côté le parti anti immigration AfD (Alternative pour l’Allemagne, en allemand : Alternative für Deutschland). Une stratégie pour le moins étrange […]

Sep 15, 2025 - 20:50
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Tripler

Il y a quelques semaines, les partis politiques allemands participants aux élections locales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie révélaient avoir signé un accord pour ne parler de l’immigration qu’en des termes positifs. Évidemment, cette initiative mettait de côté le parti anti immigration AfD (Alternative pour l’Allemagne, en allemand : Alternative für Deutschland). Une stratégie pour le moins étrange dénoncée par certains participants à cet accord, à l’instar de la CDU (Union chrétienne-démocrate d’Allemagne) qui estimait que cette contrainte, qu’ils se sont eux-mêmes imposée, était contre-productive et risquait de se retourner contre eux. Malheureusement pour eux, c’est exactement ce qui s’est produit. Car si la CDU est arrivée en tête avec 34,2 % des voix, suivie des socio-démocrates du SPD (22,6 %), l’AfD arrive en troisième position (16,4 %), qui réalise une performance en multipliant son score par trois par rapport à l’année précédente. L’AfD a en effet triplé son score au scrutin des élections locales de la région industrielle de Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest), la plus peuplée d’Allemagne, d’après les premières estimations. Le parti a obtenu un score historique de 16,4 % contre 5 % il y a un an, dans cette région traditionnellement acquise aux conservateurs de la CDU et aux socio-démocrates du SPD, d’après les estimations de la chaîne WDR. La CDU a maintenu son score à 34,2 %, tandis que le score du SPD a légèrement baissé à 22,6 % dimanche (contre
24 % il y a cinq ans). Les Verts ont chuté de 8,5 points, tombant à 11,7 %. Environ 13,7 millions d’habitants étaient appelés à voter avant la fermeture des bureaux de vote à 18 h. Les élections municipales dans le Land le plus peuplé du pays sont considérées comme un premier test important, quelques mois après les élections fédérales dont est issu le gouvernement de Friedrich Merz (CDU), en coalition avec le SPD. Lors de ce scrutin, l’AfD, le mouvement nationaliste d’Alice Weidel, a obtenu un score national historique de 20,8 %, avec l’objectif déclaré de devenir bientôt le premier parti du pays. Créé en 2013, le parti a connu un essor dès 2016, notamment sur le thème de l’immigration, favorisé notamment par les agressions sexuelles dont 1 200 femmes ont été victimes lors de la nuit du Nouvel An, dont la moitié à Cologne (ouest), selon le rapport final de la police criminelle cité par plusieurs médias. Depuis, l’importance du parti n’a cessé de croître, notamment dans les Länder de l’est : il est devenu la première force politique en Thuringe avec 33 % des voix aux élections locales de septembre 2024. Ainsi, cette dernière élection aura non seulement prouvé qu’elle était inefficace mais plus que cela, elle a surtout permis à l’AfD d’être le seul parti à parler d’une des questions qui intéressent désormais le plus les Allemands, permettant au mouvement de droite de tripler ses résultats. Prouvant s’il le fallait encore que les stratégies d’évitement sont non seulement ineffectives, elles poussent les électeurs vers les partis qui eux abordent les sujets sensibles qui les préoccupent. Reste à voir si les adversaires de l’AfD tireront les leçons de cet épisode électoral ou si, comme c’est souvent le cas, ils répéteront encore et toujours les mêmes méthodes, qui finissent par leur être préjudiciables à plusieurs niveaux. D’abord en entamant leur crédibilité auprès des électeurs, puis en leur coûtant des voix dans les élections.