Virée: Marcher en Akfadou, respirer l’âme de l’Algérie
Dans la fraîcheur des vents, au milieu des cèdres centenaires et des sentiers qui s’ouvrent sur l’infini, l’Akfadou ne se livre pas seulement comme un massif forestier. Il se révèle comme une mémoire, un souffle et une promesse. Marcher en Akfadou, c’est entrer dans un monde où la nature, l’histoire et l’âme algérienne se rencontrent […]

Dans la fraîcheur des vents, au milieu des cèdres centenaires et des sentiers qui s’ouvrent sur l’infini, l’Akfadou ne se livre pas seulement comme un massif forestier. Il se révèle comme une mémoire, un souffle et une promesse. Marcher en Akfadou, c’est entrer dans un monde où la nature, l’histoire et l’âme algérienne se rencontrent pour raconter une Algérie profonde, authentique et intemporelle.
Par Hafit Zaouche
L’Akfadou, cet immense massif de cèdres et de chênes verts, garde encore aujourd’hui une part de mystère qui fascine autant qu’elle rassure. Quand on y pénètre, on a l’impression d’entrer dans une autre Algérie, plus silencieuse, plus sauvage, mais aussi plus vraie. Le vent qui s’y engouffre, chargé de senteurs de mousse et de bois humide, semble porter en lui les chuchotements d’un passé qui refuse de s’éteindre. Chaque arbre, chaque lac, chaque brume au matin raconte une histoire, comme si la nature avait décidé de conserver pour elle seule les secrets des hommes qui ont traversé ces lieux.
Les voyageurs qui s’y aventurent découvrent un univers d’une beauté brute : des sentiers qui se perdent dans la densité des forêts, des clairières baignées de lumière où les vaches paissent tranquillement, et, plus haut, des points de vue qui s’ouvrent sur un horizon déchiré entre mer et montagnes. Marcher en Akfadou, c’est apprendre à ralentir, à écouter le souffle de la nature, à sentir battre le cœur de l’Algérie au rythme des pas.
Mais l’Akfadou n’est pas
qu’une splendeur naturelle. Il est aussi un territoire de mémoire. Ici, durant les heures sombres de la guerre de Libération, des maquisards ont trouvé refuge, laissant à la forêt le soin de dissimuler leurs espoirs et leurs combats. Chaque pierre et chaque recoin portent encore l’empreinte de cette époque où la liberté s’écrivait dans le froid des hivers et le feu des batailles. On comprend alors que marcher en Akfadou, c’est aussi marcher dans les pas des martyrs, respirer l’air qu’ils ont respiré, et sentir que l’histoire n’est jamais loin.
Aujourd’hui, l’Akfadou attire de plus en plus de randonneurs, d’amoureux de la nature et de voyageurs en quête d’authenticité. On y vient pour ses paysages, pour ses lacs suspendus qui reflètent le ciel comme des miroirs, pour ses forêts qui changent de couleurs au fil des saisons, mais on y revient toujours pour une raison plus profonde : ce sentiment rare de se
retrouver face à une Algérie essentielle, débarrassée du bruit et des artifices.
Il y a dans l’Akfadou une force qui dépasse l’émerveillement. C’est un lieu qui apaise, qui oblige à la contemplation, qui pousse chacun à chercher au-delà du décor une vérité plus intime. En marchant sur ses sentiers, on se rend compte que ce massif n’est pas seulement une destination touristique : il est un pont entre la nature et l’homme, entre le passé et le présent, entre l’Algérie que l’on rêve et celle que l’on vit.
Et lorsque le soleil décline derrière les crêtes, que les nuages se teintent de pourpre et que le silence se fait plus dense, on comprend alors pourquoi l’Akfadou ne laisse jamais personne indifférent. Respirer son air, c’est respirer l’âme même de l’Algérie.
H. Z.