Un Algérien devenu une référence dans le traitement du cancer: Pr Said Dermime, des découvertes majeures et une renommée mondiale
Par Ahmed Mokhtar Aujourd’hui directeur du Centre de recherche translationnelle du Qatar qu’il a lui-même fondé en 2015, ce biologiste est à l’origine de nombreuses découvertes liées au cancer. A travers ses recherches, il a grandement contribué au développement d’un certain nombre de traitements dont un vaccin contre la leucémie. Il est également connu pour […]

Par Ahmed Mokhtar
Aujourd’hui directeur du Centre de recherche translationnelle du Qatar qu’il a lui-même fondé en 2015, ce biologiste est à l’origine de nombreuses découvertes liées au cancer. A travers ses recherches, il a grandement contribué au développement d’un certain nombre de traitements dont un vaccin contre la leucémie.
Il est également connu pour avoir publié plus d’une centaine d’articles scientifiques dans des revues spécialisées à travers le monde.
Lorsqu’il obtient son diplôme en biologie à l’université de Constantine dans les années 1980, Said Dermime était loin de se douter qu’il allait embrasser une carrière scientifique internationale très prolifique et surtout qu’il allait faire de grandes découvertes.
Après l’université de Constantine, il se rend au Royaume-Uni pour poursuivre ses études. A l’université de Salford, à Manchester, il obtient une maîtrise, en 1987, et un doctorat en immunologie, en 1992.
Ses diplômes dans la poche, il commence à chercher un emploi. Une opportunité se présente pour lui en Italie où il est recruté quelques mois après la fin de ses études par l’Institut National du cancer de Milan. Dans cet institut, il travaille sur le clonage des cellules cancéreuses et les cellules du système immunitaire.
Il réussit avec d’autres chercheurs à cloner des cellules immunitaires capables de reconnaître et de détruire les cellules cancéreuses ayant développé une immunité contre les traitements.
Les travaux du Pr Dermime sur le clonage des cellules lui ont valu d’être recruté, deux ans plus tard, par l’Institut national américain du cœur, du poumon et du sang (NHLBI) où il a travaillé en binôme avec un médecin américain sur le clonage des cellules. Cette technique a été à l’origine de la création, aux Etats-Unis, d’un vaccin contre la leucémie.
Ses compétences en tant que chercheur postdoctoral au niveau de cet institut lui ont ouvert d’autres perspectives. En 1997, il est nommé chef de
l’équipe de vaccination contre le lymphome et le cancer au Paterson Institute for Cancer Research, Christie Hospital, Manchester (Royaume-Uni) pour une période de cinq ans.
C’est à cette époque qu’un certain nombre d’organismes et d’hôpitaux des pays du Golfe commencent à s’intéresser à lui.
L’hôpital spécialisé et centre de recherche King Faisal à Riyad en Arabie saoudite, lui fait une offre intéressante. Il y est recruté en tant que scientifique principal, chargé de créer et de diriger la section d’immunologie tumorale de l’hôpital.
Six ans plus tard, en 2008, une mission similaire lui est confiée au Koweït voisin. Dans ce pays, il est chargé de créer le département de recherche biomédicale du Dasman Diabetes Institute en tant que directeur du département.
A côté de ses qualités de chercheur, il acquiert également la réputation d’excellent gestionnaire et de créateur de centres de recherche. C’est ainsi qu’il passera les années suivantes à lancer laboratoires, départements et centres de recherches dans les pays du Golfe.
Après son expérience au Koweït, il est à nouveau «repris» par l’Arabie saoudite où il rejoint, en 2012, l’hôpital spécialisé King Fahad de Dammam, avec pour mission de créer et de diriger le département de recherche biomédicale au sein de cet hôpital.
Trois ans plus tard, il rejoint le Centre national de soins et de recherche sur le cancer (NCCCR) de Hamad Medical Corporation, à Doha (Qatar), pour créer et diriger le centre de recherche translationnelle où il est actuellement. Parallèlement, il obtient le titre de professeur clinicien en sciences biomédicales au niveau du département des sciences de la santé de l’université du Qatar, à Doha.
De grandes découvertes scientifiques
Le professeur Dermime a été à l’origine de découvertes majeures dans son domaine. Il a fait la démonstration, pour la première fois, de l’expression de la molécule inhibitrice de PD-L1 chez des patientes atteintes d’un cancer du sein. La molécule PD-L1, pour information, permet aux cellules cancéreuses d’échapper aux défenses immunitaires du corps en prenant, en quelque sorte, l’apparence d’une cellule saine du corps.
«J’ai réussi à démontrer, pour la première fois, l’expression de la molécule inhibitrice de PD-L1 chez des patientes atteintes d’un cancer du sein, et l’implication des cellules PD-L1 et T régulatrices dans l’évasion immunitaire du cancer du sein», nous explique-t-il.
Le Pr Dermime a également découvert des «lymphocytes T régulateurs spécifiques de l’antigène (molécule qui provoque une réaction de défense au niveau du système immunitaire NDLR) chez les patients atteints de leucémie».
Plus récemment, il est parvenu à démontrer pour la première que certaines protéines (dans le corps humains) pouvaient être utilisées pour surveiller la réponse au traitement par un médicament d’immunothérapie chez les patients atteints de cancer bronchique non à petite cellule (CPNPC).
Plus généralement, les travaux du Pr Dermime ont ouvert la voie vers une meilleure compréhension des cellules cancéreuses et le développement de traitement et de vaccins.
Le Pr Said Dermime garde le contact avec les scientifiques algériens avec lesquels il travaille aussi sur un certain nombre de projets de recherche liés au cancer. Il participe aussi à des ateliers, des séminaires et autres activités liées à la recherche dans son domaine.
Le Pr Dermime estime que l’intensification des contacts entre des universités algériennes et étrangères pourrait être particulièrement bénéfique pour le pays, puisqu’elle permet aux scientifiques algériens de prendre connaissances des dernières nouveautés dans leurs spécialités.
Les scientifiques algériens vivant à l’étranger peuvent eux aussi contribuer au développement de la recherche scientifique dans le pays, en faisant bénéficier des organismes algériens de leur expertise, assure le chercheur.
Consultant auprès de Saidal pour les questions liées au cancer
Le Pr Dermime joint l’acte à la parole en multipliant les initiatives pour faire profiter les chercheurs et les organismes algériens de son expérience dans le domaine du cancer. Outre ses échanges avec les professionnels du secteur de la Santé en Algérie, et en plus des conférences qu’il anime localement, il est depuis quelque temps consultant auprès du Groupe Saidal concernant les traitements liés au cancer.
Il y a lieu de noter que les autorités algériennes ont affiché la ferme volonté de développer davantage les traitements liés au cancer, dont notamment les traitements entrant dans le cadre de l’immunothérapie. L’immunothérapie, contrairement à la chimiothérapie, n’attaque pas les cellules cancéreuses, mais renforce plutôt les défenses du corps contre la maladie.
L’immunothérapie est précisément la discipline dans laquelle le Pr Dermime s’est illustré au cours de ces dernières années au niveau international.
A. M.