Paralysie
Il se passe rarement plus de quelques mois sans que l’on entende les voix gronder au sein du Congrès américain pour arriver à un accord sur le budget de l’État fédéral. Et si malgré quelques empoignades cela se fait finalement sans trop d’encombre, parfois le risque d’une véritable paralysie causé par la mauvaise volonté d’une […]

Il se passe rarement plus de quelques mois sans que l’on entende les voix gronder au sein du Congrès américain pour arriver à un accord sur le budget de l’État fédéral. Et si malgré quelques empoignades cela se fait finalement sans trop d’encombre, parfois le risque d’une véritable paralysie causé par la mauvaise volonté d’une partie des députés pointe à l’horizon. C’est encore le cas aujourd’hui, a prévenu le vice-président JD Vance, à l’issue d’une rencontre à la Maison-Blanche entre responsables républicains et démocrates, qui n’a fait que confirmer l’impasse des négociations avant la date limite. «Ils viennent ici pour dire ‘’si vous ne nous donnez pas tout ce que nous voulons, nous allons mettre l’État à l’arrêt’’», a affirmé le vice-président républicain à la presse, à propos des deux principaux chefs démocrates au Congrès, Chuck Schumer et Hakeem Jeffries, reçus par le président Donald Trump en ce milieu de semaine. «Nous estimons que c’est grotesque, nous estimons que c’est totalement inacceptable», a martelé JD Vance, ajoutant que les démocrates mettaient «un pistolet sur la tempe des Américains» avec leurs positions. Avant cela, le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, avait déclaré que des «différences considérables et significatives» demeuraient entre les deux camps pour éviter une paralysie de l’État fédéral. Car à minuit, dans la nuit d’hier à ce matin, sans adoption d’un texte budgétaire même temporaire, les États-Unis se trouveront en situation de «shutdown», avec pour conséquence la mise à l’arrêt de la plupart des services fédéraux. Des centaines de milliers de fonctionnaires seront alors au chômage technique, le trafic aérien pourrait être affecté, tandis que le versement de nombreuses aides sociales devrait être fortement perturbé. Une situation très impopulaire donc, que démocrates comme républicains tentent traditionnellement d’éviter tout en rejetant la responsabilité sur le camp rival. D’autant plus dans la perspective des élections législatives de mi-mandat en novembre 2026, lors desquelles la majorité présidentielle au Congrès sera remise en question. Mais les deux camps se montrent aujourd’hui inflexibles. D’un côté, les républicains proposent une extension du budget actuel jusque fin novembre. De l’autre, les démocrates veulent obtenir le rétablissement de centaines de milliards de dollars en dépenses de santé, notamment dans le programme d’assurance santé «Obamacare» pour les ménages des classes populaires, que l’administration Trump a prévu de supprimer avec sa «grande et belle loi budgétaire» adoptée en juillet. Si les républicains disposent de la majorité aux deux chambres du Congrès, le règlement du Sénat fait qu’un texte budgétaire devra être adopté à 60 voix sur 100, nécessitant donc sept voix démocrates. Et si en mars dernier, la dernière crise budgétaire au Congrès avait fini par faire plier les démocrates, sous la menace de vagues de renvois de fonctionnaires, il semblerait que les progressistes soient décidés cette fois-ci à tenir bon coûte que coûte, jusqu’à faire céder à leur tour les républicains. Il n’est pas certain que cette stratégie soit toutefois la meilleure face à Trump, qui plus que tout à horreur des ultimatums et pourrait mettre en application ses menaces et congédier des centaines, voire des milliers de travailleurs administratifs.