Un coup de trop ?
Par A. Boumezrag – Faut-il encore des figures comme Bayrou pour apaiser ou est-ce simplement la dernière tentative d’un pouvoir en fin de parcours ? Le pari de Macron est risqué. L’article Un coup de trop ? est apparu en premier sur Algérie Patriotique.
Par A. Boumezrag – La nomination de François Bayrou à Matignon, un Premier ministre au profil de conciliateur et stratégique, s’inscrit dans une période de tension politique extrême, à la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron. Alors que le pays semble aux abois, avec un Parlement fragmenté et une gauche en déroute, le centriste Bayrou est-il l’homme qu’il faut pour jouer les modérateurs ou bien ce «coup de maître» s’avérera-t-il un coup d’épée dans l’eau ?
Les partisans de Bayrou n’hésitent pas à présenter l’ancien maire de Pau comme un génie de la négociation, un homme capable de rallier les franges les plus divergentes du spectre politique. En tant que figure du centre, il incarne le compromis, la stabilité dans un contexte où la politique française semble s’enliser dans un tourbillon de divisions idéologiques. Mais à l’heure où les extrêmes gagnent du terrain et où chaque projet gouvernemental se heurte à une opposition acharnée, ce retour de Bayrou est-il véritablement une réponse aux défis du moment ?
Le pari de Macron est risqué. En nommant Bayrou à la tête du gouvernement, le Président semble parier sur la capacité du centriste à désarmer une opposition qui se radicalise. Cependant, cette nomination pourrait aussi être perçue comme un aveu de faiblesse. Au lieu de choisir un leader capable de dynamiser le pays, Macron préfère opter pour un homme dont la réputation de repos sur la gestion des crises est sans grand éclat. Le centriste, avec son habitude de l’équilibre et du compromis, pourra-t-il réellement imposer des réformes audacieuses ? Ou s’éteindra-t-il dans une médiocrité bienveillante, garantissant une stabilité sans avenir ?
A Matignon, François Bayrou risque de devoir jongler avec une Assemblée plus éclatée que jamais. Dans un contexte où même les partis traditionnels se divisent, il serait illusoire de croire qu’un «gouvernement d’unité» suffira à faire avancer les réformes nécessaires. Le temps des grands compromis est-il révolu ? Faut-il encore des figures comme Bayrou pour apaiser ou est-ce simplement la dernière tentative d’un pouvoir en fin de parcours ? Un gouvernement où chacun fait des concessions mène-t-il à des décisions ou simplement à des paroles vaines ?
L’ironie réside aussi dans le parcours de Bayrou. Après avoir maintes fois évoqué l’oligarchie politique, il se retrouve à la tête d’un gouvernement sans véritable pouvoir législatif, dépendant d’un Parlement qui n’a rien d’une majorité stable. Si la politique de l’entre-deux est une discipline fine, Bayrou en a fait sa spécialité, mais peut-il encore faire le poids face à un paysage politique où la radicalisation semble la seule alternative ?
Il est possible que l’homme de consensus se trouve prisonnier d’un système qu’il a lui-même contribué à façonner. Après tout, Bayrou n’a pas toujours fait dans la rupture : ses alliances, ses compromis et ses pactes sont autant de témoins d’une politique plus soucieuse d’éviter le conflit qui de générer un véritable changement.
Peut-être qu’Emmanuel Macron, en nommant Bayrou, cherche à garantir une fin de mandat sans vagues. Peut-être qu’il considère que la stabilité, même au prix de l’immobilisme, vaut mieux que l’inaction totale d’un Parlement dans l’impasse. Si tel est le cas, il est à se demander si la politique de «l’entre-deux» ne finirait pas par devenir l’option par défaut, une sorte de non-déclenchement perpétuel, où l’essentiel consiste à faire circuler le ballon sans jamais marquer de buts.
Mais après cinq ans de turbulences, un tel compromis peut-il suffire à garder la machine politique en mouvement ? Ou bien Bayrou finira-t-il, une fois de plus, par démontrer que l’art de la négociation ne mène pas toujours à l’action, mais souvent à la déception ?
François Bayrou, nommé à Matignon, est un homme des équilibres et des compromis. Mais l’ère des compromis n’est-elle pas révolue ? En désignant ce «joker» de fin de quinquennat, Emmanuel Macron mise sur la stabilité, mais à quel prix ? Le risque est grand : celui d’une gestion sans ambition, d’un Premier ministre dont la grande qualité sera de ne pas déranger, mais qui, dans ce contexte, pourrait bien apparaître comme un coup de trop.
Ce gouvernement sera-t-il l’ultime réajustement nécessaire avant 2027, ou la mise en scène d’une politique finissante qui préfère le calme à l’action ? Seul le temps le dira, mais une chose est sûre : l’heure des grands bouleversements politiques n’est pas encore venue.
A. B.
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