Vandalisme dans les écoles : Un fléau préoccupant

Au cours des derniers mois, plusieurs établissements scolaires ont été la cible d’actes de vandalisme. Ces incidents, allant de la destruction de biens matériels à des graffitis insultants, inquiètent les acteurs du secteur éducatif, qui y voient une menace directe pour l’environnement scolaire. Enseignants et syndicalistes tirent la sonnette d’alarme et appellent à une intervention urgente pour juguler ce phénomène.

Pas plus tard que la semaine dernière, au lycée Hamou El Hadj EL Mosatakbel, dans la commune de Bir El-Djir, à Oran, où une grève, initiée par les enseignants en raison de leur conflit avec la directrice, a dégénéré en actes de vandalisme perpétrés par les élèves de l’établissement. Ces derniers ont détruit des tables et jeté des chaises dans la cour.

Un autre cas a été signalé récemment dans la commune de Sidi Lakhdar (Mostaganem), où plusieurs bus de ramassage scolaire ont été ciblés par des actes de vandalisme. Les faits de dégradation incluent des vitres brisées, des sièges lacérés, des accoudoirs détériorés, ainsi que des inscriptions inappropriées à l’intérieur des véhicules, considérées comme des insultes. Ces bus sont utilisés pour transporter les élèves des hameaux ruraux voisins vers les établissements scolaires de la commune. Des photos des dégâts ont circulé, mettant en évidence l’ampleur du problème.

Pour les enseignants, ces actes de vandalisme ont des répercussions directes sur leur travail et leur morale. « C’est décourageant de voir les efforts que nous fournissons pour nos élèves réduits à néant par ces comportements destructeurs », déplore Sarah, enseignante de langue française à Boudouaou. « Ces incidents perturbent le déroulement des cours et attirent les élèves, en particulier les plus jeunes », a-t-elle indiqué, ajoutant que ces faits traduisent un manque de respect pour l’éducation et pour les efforts investis par la communauté et l’État.

L’enseignante souligne également le rôle des familles dans l’éducation à la citoyenneté. « L’école ne peut pas tout faire. C’est aussi aux parents d’inculquer le respect des biens publics », ajoute-t-elle. Les syndicats de l’éducation dénoncent et appellent à des actions concrètes pour lutter contre ce phénomène. « Le vandalisme est le reflet d’un problème plus profond lié à l’absence d’éducation civique et du respect des institutions », a affirmé le syndicaliste et retraité de l’enseignement, Bachir Hakem, qui s’inquiète pour le devenir de l’enseignement en Algérie.

Besoin de mesures radicales et concrètes

 « Que se passe-t-il à l’établissement pour arriver à ce stade ? », s’est-il interrogé, soulignant, cependant, que l’enfant est souvent livré à lui-même. Certains élèves, a-t-il regretté, sont mal encadrés et dotés d’un fort sentiment d’impunité, voire de toute puissance, ils n’hésitent ainsi plus à franchir toutes les barrières.

Contacté par le Jeune Indépendant, M. Hakem, qui a fait plusieurs études sur ce phénomène, souligne que la violence ne naît pas de rien, elle provient des familles et de la société et ne peut que se manifester dans les écoles. Il estime qu’avec l’émergence d’une nouvelle génération d’éducateurs et l’esprit complexe des élèves d’aujourd’hui, il est plus qu’urgent de tout revoir. C’est donc tout un débat qui doit s’ouvrir sur cette question épineuse

La recrudescence de ce phénomène est donc liée, selon lui, à plusieurs facteurs, dont la surcharge des classes ou du nombre trop limité de surveillants qui font que les élèves échappent au contrôle de l’administration. «La transmission du savoir ne peut avoir lieu dans un environnement caractérisé par un climat électrique, où des enseignants mal formés se retrouvent face à des élèves difficiles, et ce, sans aucune assistance administrative ».

Selon M. Hakem, l’école aujourd’hui n’éduque plus, car on a enlevé à l’enseignant l’autorité pédagogique et les parents ont démissionné de leur responsabilité. « Aujourd’hui, au nom de la loi, l’élève ne peut être puni et l’enseignant, pour ne pas avoir de problème avec l’administration ou les parents, ne joue plus son rôle d’éducateur », a-t-il regretté.

Hakem préconise, à cet effet, de redonner l’autorité pédagogique à l’enseignant et de responsabiliser les parents par des lois sévères. « L’élève doit respecter son enseignant, et pour cela, il faut revoir le statut de l’enseignant, notamment le volet financier. Si l’élève est pris en charge dans le primaire, du côté pédagogique et disciplinaire, nous aurons limité au maximum la violence, même en dehors de l’école », a-t-il souligné.

Le syndicaliste ordonne aussi de doter les établissements de caméra de surveillance en dehors des établissements et dans les quartiers là où des gangs commencent à se former. Il appelle à la nécessité d’accorder davantage d’importance aux activités sportives et ludiques au sein des collèges et des lycées et de revenir aux tournois scolaires.

Face à l’ampleur du phénomène, les acteurs de l’éducation appellent à une mobilisation collective. Les écoles, parents, associations, autorités et locaux doivent travailler main dans la main pour créer un environnement où l’éducation est respectée et valorisée. L’urgence est là, chaque acte de vandalisme impuni risque d’influer négativement et d’avoir des conséquences graves sur l’avenir des élèves et de l’éducation.

Toutefois, il ne s’agit pas de prendre des mesures disciplinaires radicales à l’encontre des auteurs de comportements violents, mais aussi de multiplier les actions de sensibilisation visant à nourrir le sentiment d’appartenance à l’établissement chez les élèves.

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