Victoire
Après son départ de la Maison-Blanche en janvier 2021, la veille de la prise de fonction de Joe Biden, les opposants de Donald Trump sabraient le champagne, sûrs de s’être débarrassés de lui et exultaient à l’idée de le faire comparaître devant la justice. Toutefois, le président républicain semblait bien décidé à retrouver sa place […]
Après son départ de la Maison-Blanche en janvier 2021, la veille de la prise de fonction de Joe Biden, les opposants de Donald Trump sabraient le champagne, sûrs de s’être débarrassés de lui et exultaient à l’idée de le faire comparaître devant la justice. Toutefois, le président républicain semblait bien décidé à retrouver sa place dans le bureau ovale, certain que ses partisans le soutiendraient jusqu’au bout. Ainsi, quatre ans après sa défaite, qu’il a d’ailleurs toujours contestée, le candidat conservateur est élu largement devant sa rivale démocrate, Kamala Harris. Remportant non seulement le vote collégial, qui lui assure la victoire constitutionnelle mais également, et pour la première fois, le vote populaire avec plus de cinq millions de voix d’avance. Le retour au sommet de Trump est d’autant plus prodigieux que sa troisième campagne a été marquée par deux tentatives d’assassinat, quatre inculpations et une condamnation au pénal. Comme en 2016, sa victoire a été nette et rapide, l’ancien président raflant les deux États disputés de Caroline du Nord et de Géorgie en une poignée d’heures, avant que la Pennsylvanie ne lui serve de tremplin, et que le Wisconsin ne vienne enterrer les derniers espoirs de la vice-présidente Harris. L’ancien homme d’affaires devient le deuxième président américain de l’histoire à remporter deux mandats non-consécutifs, après Grover Cleveland, qui a dirigé le pays entre 1885 et 1889, puis entre 1893 et 1897. Les marchés financiers ont accueilli favorablement la nouvelle, avec des gains très prononcés du dollar et une ouverture nettement dans le vert prévue à Wall Street. Après avoir quitté la Maison-Blanche dans le chaos, le tribun républicain est parvenu, comme en 2016, à convaincre les Américains qu’il comprenait leurs difficultés du quotidien mieux que personne. Ou mieux, en tout cas, que Kamala Harris qui a mené une campagne éclair après le retrait en catastrophe de Joe Biden. Dans son discours de victoire, Donald Trump, qui prêtera serment le 20 janvier, a lancé un appel à l’«unité», exhortant les Américains à mettre «les divisions des quatre dernières années derrière nous». Le milliardaire a proposé la «plus grande opération» jamais vue d’expulsion de migrants, dès le premier jour. Très critique des milliards de dollars débloqués pour la guerre en Ukraine, il a promis de régler ce conflit avant même de prêter serment, une perspective qui inquiète à Kiev. La guerre au Proche-Orient sera elle aussi résolue, assure le magnat de l’immobilier, sans, là non plus, expliquer comment. Climatosceptique notoire, le républicain s’est engagé à claquer de nouveau la porte de l’Accord de Paris et à forer du pétrole là où cela est nécessaire. Sur l’économie, Donald Trump veut «voler les emplois d’autres pays» à coups de baisses d’impôts et de taxes douanières. Les démocrates s’inquiètent de ses menaces grandissantes à l’encontre d’un «ennemi de l’intérieur» et de sa soif de revanche. Le nouveau président pourra s’appuyer sur le Sénat, que les républicains ont repris dans la nuit aux démocrates. Et son triomphe sera complet si son parti conserve la Chambre des représentants. Peu de détails ont filtré sur la future administration Trump. A une exception notable : l’ancien président a déclaré qu’il confierait la responsabilité d’un large audit de l’État américain au milliardaire Elon Musk, qui a dépensé plus de 110 millions de dollars de sa fortune pour la campagne du républicain. Reste à voir la réaction de la gauche américaine, qui avait dénoncé les manifestations de soutien à Trump en 2020 après sa défaite contestée, car en 2016 des rassemblements, parfois très violents, avaient essaimés dans les grandes villes démocrates du pays pour «protester» contre l’élection de Trump. Toutefois, cette fois-ci c’est plus la sidération que la stupéfaction qui frappe les partisans de Harris à qui les médias ont une fois encore, comme en 2016, promis une facile victoire de la candidate démocrate.
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