Attaques en France contre l’Algérie : Alger ne cherche pas l’escalade
Après une journée de polémiques et de critiques venant de France, l’Algérie a réagi. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères a expliqué pourquoi l’Algérie a refusé de recevoir un influenceur expulsé de France, nié toute volonté des autorités algériennes d’humilier la France et en a également profité pour adresser des piques à l’extrême droite […] The post Attaques en France contre l’Algérie : Alger ne cherche pas l’escalade first appeared on L'Est Républicain.
Après une journée de polémiques et de critiques venant de France, l’Algérie a réagi. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères a expliqué pourquoi l’Algérie a refusé de recevoir un influenceur expulsé de France, nié toute volonté des autorités algériennes d’humilier la France et en a également profité pour adresser des piques à l’extrême droite et à ses relais au sein du gouvernement français. D’abord, les faits : il y a quelques jours, les autorités françaises ont renvoyé un ressortissant algérien, accusé d’avoir diffusé sur les réseaux sociaux des messages violents contre des opposants algériens. Détenteur de la seule nationalité algérienne et résident légal en France, Boualem a été refoulé vers l’Algérie en attendant son jugement, prévu le 24 février. Mais, à la surprise générale, les autorités algériennes ont refusé de le recevoir dès son arrivée à l’aéroport d’Alger. « C’est trop », a réagi Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur français, qui a accusé les autorités algériennes de « chercher à humilier » son pays, arguant que contrairement à d’autres opérations de reconduite aux frontières, l’identité de cet homme ne pouvait pas être mise en cause, puisqu’il disposait d’un « passeport biométrique valide ». Cela a alimenté une vive polémique en France, où des politiques et des journalistes ont crié au scandale, accusant l’Algérie de « défiance » envers leur pays.
La réponse algérienne :
Un communiqué du ministère des Affaires étrangères a indiqué, hier samedi, que « le ressortissant objet de l’expulsion vit en France depuis 36 ans. Il y dispose d’un permis de séjour depuis 15 ans. Il est père de deux enfants nés de son union avec une ressortissante française. Enfin, il est socialement intégré dans la mesure où il exerce un emploi stable depuis 15 ans ». Selon la même source, « l’ensemble de ces données lui confère indubitablement des droits, que son expulsion précipitée et contestable l’a empêché de faire valoir, tant devant les juridictions françaises qu’européennes. En conséquence, ce ressortissant n’a pu bénéficier d’un procès judiciaire en bonne et due forme, qui constitue un rempart contre l’abus de pouvoir, dans la mesure où son ordre d’expulsion, s’il avait été mené à son terme, l’aurait privé de défendre ses droits lors du procès prévu le 24 février de l’année en cours ». De plus, les autorités algériennes reprochent à la partie française de « ne pas croire devoir informer la partie algérienne ni de l’arrestation, ni de la mise en garde à vue, ni de la détention, ni encore de l’expulsion du ressortissant en cause. Bien plus, elle n’a pas donné suite à la demande de la partie algérienne d’exercer sa protection consulaire au profit du ressortissant concerné, à travers le droit de visite », rappelle le ministère. Au-delà des faits, le gouvernement algérien accuse l’extrême droite « revancharde et haineuse, ainsi que ses hérauts patentés au sein du gouvernement français » de mener une campagne de « désinformation, voire de mystification, contre l’Algérie ». Cette affaire du ressortissant algérien est perçue comme « un exutoire » par cette frange de la société « à leurs rancœurs et à leurs frustrations ». En répondant ainsi, le communiqué du gouvernement algérien vise d’abord le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau. « Contrairement à ce que prétendent l’extrême droite française, ses porte-voix et ses relais, l’Algérie n’est, d’aucune façon, engagée dans une logique d’escalade, de surenchère ou d’humiliation. C’est bel et bien l’extrême droite et ses représentants qui veulent imposer à la relation algéro-française leurs vues, faites de velléités d’intimidation, de menace et d’un bras de fer dont ils parlent sans retenue et sans nuance », indique le ministère des Affaires étrangères. Parmi les « menaces » brandies par une partie de la classe politique française, plus particulièrement de l’extrême droite, on trouve celle de réduire le nombre de visas, de supprimer « l’aide au développement », ainsi que la révision des Accords de 1968, qui donnent aux Algériens un statut spécifique. Aucun autre membre du gouvernement français n’a d’ailleurs partagé la position de Retailleau sur la question. Le chef de la diplomatie, Jean-Noël Barrot, a certes indiqué que « la France va devoir répliquer », mais il a en même temps appelé à l’apaisement. Parce que, dans les faits, tout le monde sait qu’aucune de ces mesures brandies ne pourra infléchir la position algérienne. Et de l’aveu de juristes, y compris des Français, les Accords de 1968 ne favorisent pas les Algériens plus que cela. Leur révision n’est pas rejetée par les autorités algériennes, à condition que cela se fasse « en concertation » entre les deux parties, avait assuré le Président Abdelmadjid Tebboune, lors d’une interview accordée à la presse, en octobre dernier. Dans cette tension extrême, il n’est pas exclu que des voix sages essaient de dénouer la situation. C’est le sens de l’offre faite avant-hier vendredi au soir, par le ministre français des Affaires étrangères, qui avait indiqué que si les autorités algériennes l’invitaient, il viendrait à Alger « pour évoquer tous les sujets » qui constituent des points de discorde entre les deux nations.
Akli Ouali
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