Batna: Sassia Halis témoin des activités militantes de la cellule féminine secrète du quartier du "Camp"
BATNA - Les 85 ans de Sassia Halis n’ont pas altéré la mémoire de cette femme qui, en dépit de son âge avancé, évoque avec force détails la cellule féminine secrète formée durant la glorieuse Révolution au cœur de la ville de Batna, non loin des casernes de l’armée coloniale. Mme Halis raconte, dans un entretien avec l’APS, les activités de cette cellule constituée exclusivement de femmes, qui se réunissaient généralement dans la demeure de l’octogénaire qui résidait au quartier du "Camp" pour observer discrètement les mouvements des soldats français et en informer les combattants de l’Armée de libération nationale (ALN), le tout en coordination avec les moudjahidine de la région. Cette moudjahida souligne que son engagement, à l’âge de 17 ans, au sein de cette cellule, lui a été inspiré par l’activité militante de sa mère, Rebiha Halis, et de plusieurs de ses voisines du quartier du "Camp" à l’image d’El Atra Filali, Djamaâ Boucif, Fella Djeffal et quelques autres qui, en plus des missions de renseignement, collectaient des vêtements, des provisions et préparaient de la nourriture qu’elles confiaient à la moudjahida Amira Amer, coordinatrice de la cellule et qui servait d'intermédiaire entre celle-ci et les éléments de l'armée de libération dans les montagnes des Aurès. Elle se souvient avoir rejoint, en 1957, le central téléphonique des PTT de Batna où elle avait été recrutée en raison de sa maîtrise de la langue française. Sa mission au service de son pays en lutte consistait, une fois en poste, à informer les moudjahidine, par le biais du coordinateur de la cellule, Amira Ameur, de la teneur des conversations téléphoniques entre les officiers de l’armée coloniale et leurs troupes. Ces conversations, très souvent liées aux sorties des patrouilles militaires ou à des demandes de renfort pour frapper certaines zones, étaient, raconte Sassia, soigneusement notées par écrit et remises secrètement à Amira Ameur qui les remettait ensuite, pour exploitation, aux éléments de l'ALN postés dans les montagnes et les maquis entourant l’agglomération de Batna, leur permettant de tendre des embuscades à l'ennemi tout en évitant d'être pris dans des affrontements inattendus et disproportionnés avec la soldatesque coloniale. Tout au long de la période durant laquelle la cellule féminine activait, Sassia Halis était en contact permanent avec d'autres moudjahidine qui coordonnaient avec Amira Ameur, notamment Hamoudi Bounegab, Hachemi Berghout, Rachid Boucetta, Hamma Abdessamad et Hachemi Benkouda. "Je ne connaissais pas, cependant, à cette époque, les véritables chefs de zones dont l’action nécessitait qu’ils activent dans le plus total secret", affirme-t-elle. Selon cette moudjahida, malgré l'extrême prudence des femmes auxquelles étaient dévolues les tâches de renseignement, "il s’était trouvé, au début de 1958, un traître qui avait dénoncé certains membres de la cellule, entraînant l'arrestation d'un Moudjahid nommé Ahmed Maâllem qui était en contact avec Amira Ameur et activait dans les rangs des fidaïne de la ville de Batna". Malgré les tortures les plus horribles qu’il avait subies, Ahmed Maâllem est "parvenu à garder le secret et n'a fourni aucune information à l'ennemi", se souvient, émue, Sassia Halis. Cette dernière, arrêtée à son tour dans le cadre de l'enquête ouverte par les autorités coloniales, a été gardée au secret pendant 24 heures au cours desquelles elle subit, en dépit de son jeune âge, de terribles tortures psychologiques en étant enfermée pendant la nuit avec un chien féroce dans une pièce verrouillée de la villa de la "Main Rouge". Tout comme Ahmed Maâllem, "j’ai nié en bloc toutes les accusations portées contre moi-même et ma mère, criant que ni moi, ni ma maman, n’avions quoi que ce fût à voir avec les Moudjahidine", renchérit-elle. Après sa libération et son retour à son poste au central téléphonique, Sassia Halis finit par être citée à comparaître devant le tribunal militaire de Constantine, aux côtés d'autres Moudjahidine accusés "d'atteinte à la sécurité de l'Etat français", et a été condamnée à une peine de 3 mois de prison avec sursis. En plus de son activité au sein de la cellule féminine, cette moudjahida garde en mémoire plusieurs événements qui avaient eu pour théâtre la ville de Batna durant la glorieuse Révolution, notamment les manifestations du 11 décembre 1960 et le rôle des moudjahidine Hachemi Abdessamad, Mohamed "El-Fidaï" et Salah Maâtar dans l’organisation de ces manifestations et le parcours qu’elles devaient emprunter. Sassia Halis n’a pas oublié, non plus, que ses amies Doudja Mestak et Djamaâ Boucif, qui résidaient au quartier du "Camp" qui abritait la cellule secrète des femmes, ont cousu les drapeaux portés par les manifestants lors de ces événements du 11 décembre qui avaient ébranlé les forces d'occupation françaises au point où ces dernières la licencièrent du bureau de poste où elle était employée. Très touchée par l’évocation de ces souvenirs de combat pour la lib
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BATNA - Les 85 ans de Sassia Halis n’ont pas altéré la mémoire de cette femme qui, en dépit de son âge avancé, évoque avec force détails la cellule féminine secrète formée durant la glorieuse Révolution au cœur de la ville de Batna, non loin des casernes de l’armée coloniale.
Mme Halis raconte, dans un entretien avec l’APS, les activités de cette cellule constituée exclusivement de femmes, qui se réunissaient généralement dans la demeure de l’octogénaire qui résidait au quartier du "Camp" pour observer discrètement les mouvements des soldats français et en informer les combattants de l’Armée de libération nationale (ALN), le tout en coordination avec les moudjahidine de la région.
Cette moudjahida souligne que son engagement, à l’âge de 17 ans, au sein de cette cellule, lui a été inspiré par l’activité militante de sa mère, Rebiha Halis, et de plusieurs de ses voisines du quartier du "Camp" à l’image d’El Atra Filali, Djamaâ Boucif, Fella Djeffal et quelques autres qui, en plus des missions de renseignement, collectaient des vêtements, des provisions et préparaient de la nourriture qu’elles confiaient à la moudjahida Amira Amer, coordinatrice de la cellule et qui servait d'intermédiaire entre celle-ci et les éléments de l'armée de libération dans les montagnes des Aurès.
Elle se souvient avoir rejoint, en 1957, le central téléphonique des PTT de Batna où elle avait été recrutée en raison de sa maîtrise de la langue française. Sa mission au service de son pays en lutte consistait, une fois en poste, à informer les moudjahidine, par le biais du coordinateur de la cellule, Amira Ameur, de la teneur des conversations téléphoniques entre les officiers de l’armée coloniale et leurs troupes.
Ces conversations, très souvent liées aux sorties des patrouilles militaires ou à des demandes de renfort pour frapper certaines zones, étaient, raconte Sassia, soigneusement notées par écrit et remises secrètement à Amira Ameur qui les remettait ensuite, pour exploitation, aux éléments de l'ALN postés dans les montagnes et les maquis entourant l’agglomération de Batna, leur permettant de tendre des embuscades à l'ennemi tout en évitant d'être pris dans des affrontements inattendus et disproportionnés avec la soldatesque coloniale.
Tout au long de la période durant laquelle la cellule féminine activait, Sassia Halis était en contact permanent avec d'autres moudjahidine qui coordonnaient avec Amira Ameur, notamment Hamoudi Bounegab, Hachemi Berghout, Rachid Boucetta, Hamma Abdessamad et Hachemi Benkouda. "Je ne connaissais pas, cependant, à cette époque, les véritables chefs de zones dont l’action nécessitait qu’ils activent dans le plus total secret", affirme-t-elle.
Selon cette moudjahida, malgré l'extrême prudence des femmes auxquelles étaient dévolues les tâches de renseignement, "il s’était trouvé, au début de 1958, un traître qui avait dénoncé certains membres de la cellule, entraînant l'arrestation d'un Moudjahid nommé Ahmed Maâllem qui était en contact avec Amira Ameur et activait dans les rangs des fidaïne de la ville de Batna".
Malgré les tortures les plus horribles qu’il avait subies, Ahmed Maâllem est "parvenu à garder le secret et n'a fourni aucune information à l'ennemi", se souvient, émue, Sassia Halis. Cette dernière, arrêtée à son tour dans le cadre de l'enquête ouverte par les autorités coloniales, a été gardée au secret pendant 24 heures au cours desquelles elle subit, en dépit de son jeune âge, de terribles tortures psychologiques en étant enfermée pendant la nuit avec un chien féroce dans une pièce verrouillée de la villa de la "Main Rouge".
Tout comme Ahmed Maâllem, "j’ai nié en bloc toutes les accusations portées contre moi-même et ma mère, criant que ni moi, ni ma maman, n’avions quoi que ce fût à voir avec les Moudjahidine", renchérit-elle.
Après sa libération et son retour à son poste au central téléphonique, Sassia Halis finit par être citée à comparaître devant le tribunal militaire de Constantine, aux côtés d'autres Moudjahidine accusés "d'atteinte à la sécurité de l'Etat français", et a été condamnée à une peine de 3 mois de prison avec sursis.
En plus de son activité au sein de la cellule féminine, cette moudjahida garde en mémoire plusieurs événements qui avaient eu pour théâtre la ville de Batna durant la glorieuse Révolution, notamment les manifestations du 11 décembre 1960 et le rôle des moudjahidine Hachemi Abdessamad, Mohamed "El-Fidaï" et Salah Maâtar dans l’organisation de ces manifestations et le parcours qu’elles devaient emprunter. Sassia Halis n’a pas oublié, non plus, que ses amies Doudja Mestak et Djamaâ Boucif, qui résidaient au quartier du "Camp" qui abritait la cellule secrète des femmes, ont cousu les drapeaux portés par les manifestants lors de ces événements du 11 décembre qui avaient ébranlé les forces d'occupation françaises au point où ces dernières la licencièrent du bureau de poste où elle était employée.
Très touchée par l’évocation de ces souvenirs de combat pour la liberté, Sassia Halis atteint le sommet de l’émotion lorsqu’elle se remémore la journée du 5 juillet 1962. "Ma joie, mon bonheur, mon allégresse étaient indescriptibles au moment de réintégrer mon poste aux PTT d’où j’avais été chassée après ma participation aux manifestations du 11 décembre", dit-elle en esquissant un sourire.
Cette femme, aujourd’hui fatiguée mais gardant l’esprit alerte, continua, après l’indépendance, à servir l’Algérie et à lutter pour les droits des femmes en occupant le poste de secrétaire de wilaya de l'Union Nationale des Femmes Algériennes (UNFA), à Batna, puis de secrétaire générale par intérim de cette organisation en 1974.